Automatisme

Les affaires reprennent dans les automatismes !

Cet été, ont été annoncées plusieurs
acquisitions dans l’univers des automatismes. Certains y voient le signe de la
reprise enfin arrivée, d’autres non. C’est en tout cas le signe d’une volonté
des ténors du secteur de se mettre en ordre de marche pour répondre aux
nouvelles attentes des industriels.

 

Il n’y a pas
que Verizon ou Microsoft qui font des acquisitions gigantesques. Certes, cet
été, le géant du mobile a annoncé débourser 130 milliards de dollars – cela ne
fait que 98 milliards d’euros mais avouez que cela donne le tournis… –  pour racheter à Vodafone sa participation de
45 % dans leur filiale américaine commune Verizon Wireless et l’éditeur de
Windows a déclaré mettre la main sur l’activité « téléphones
portables » de Nokia pour 5,4 milliards de dollars. Dans les automatismes
aussi, les géants du secteur ont profité de l’été pour faire leurs courses. Et
quelles courses ! A l’image de la proposition de rachat amicale d’Invensys
par Schneider Electric, qui valorise le britannique à 3,9 milliards de dollars
(2,9 milliards payés en cash et 1 milliard en actions nouvelles). Une
acquisition surprise car si Invensys est un habitué des OPA depuis plusieurs
années, l’offre de Schneider Electric a pris tout le monde de court.

 

Gros complément pour Schneider

L’opération
est importante. Mais elle s’annonce très bénéfique pour le Français. Dans une
interview accordée au Figaro au lendemain de son offre, Jean-Pascal Tricoire, son
PDG, déclarait : « Invensys fait sensiblement le même métier [que
Schneider], mais exclusivement centré sur l’automation et plutôt sur d’autres
branches de l’industrie, avec une spécialité forte dans les secteurs de la
production de pétrole et de gaz, de la production électrique, de
l’agroalimentaire et de la pharmacie. La combinaison de nos deux groupes est
donc optimale et couvre l’ensemble du marché. …/… Les synergies sont
nombreuses. La fusion doit à la fois provoquer une réelle accélération de nos
ventes en direction des clients électro-intensifs et permettre des économies de
coûts évaluées à 140 millions d’euros au bout de trois ans. »

Dans les
Echos, le patron de Schneider Electric ajoute : « dans l’industrie,
Schneider Electric est bien présent dans l’« automatisation discrète »,
c’est-à-dire pour la fabrication de produits. La force d’Invensys réside dans
l’automatisation des « process », c’est-à-dire dans la production de flux,
comme par exemple dans le pétrole, la chimie ou l’électricité. Schneider
Electric fournit dans tous ces segments des solutions de distribution
d’énergie. Ce sont deux technologies différentes et complémentaires. Après
cette acquisition, nous serons capables de proposer des solutions complètes
dans les industries de process, combinant distribution de l’énergie et
technologies de l’automatisation. »

Invensys, ce
sont quatre branches principales : les logiciels avec Wonderware
(supervision), SimSci-Esscor (simulation et optimisation) et Avantis (gestion
d’actifs), l’automatisation industrielle avec les automates Foxboro,
l’instrumentation de Foxboro Eckardt et les systèmes de sécurité tripliqués de
Triconex, le pilotage de l’énergie (Energy Controls) avec Eurotherm, Eliwell et
Ranco, Drayton, Eberle et Robertshaw, IMServ et Centeron, et, enfin, la fourniture
de composants pour les systèmes de chaud et de froid, au sein de la division
Appliance. De quoi, effectivement, bien compléter l’offre de Schneider
Electric, aussi bien dans la partie industrielle que dans le tertiaire.
« Dans l’automatisation industrielle, Invensys a su conserver de très
grands clients et maintenir d’importantes parts de marché. Trois de ses quatre
activités font partie de notre cœur de métier. Seule la division Appliance fera
l’objet d’une étude approfondie de notre part. Nous allons beaucoup apporter à
Invensys avec notre couverture géographique et nos solutions de distribution
d’énergie, qui complèteront ses solutions auprès de ses clients, gros
consommateurs en énergie. De plus, un certain nombre de clients hésitaient à se
lancer dans un projet avec Invensys en raison de l’incertitude sur son avenir.
En lui apportant des perspectives de long terme, nous réparons ce point de
faiblesse », déclarait Jean-Pascal Tricoire aux Echos. Tout est dit. Ne
reste plus aux autorités compétentes qu’à valider l’opération…

 

ABB mise sur le renouvelable

Cet été, ABB
a également finalisé un gros achat annoncé en avril : celui de Power-One,
fournisseur de solutions d’énergie renouvelable, de conversion de puissance à
haute efficacité énergétique et de gestion d’énergie, pour un milliard de
dollars. « Grâce à cette transaction, ABB devient l’un des principaux
fournisseurs au monde d’onduleurs solaires, qui jouent un rôle crucial dans la
conversion de l’énergie solaire en courant électrique et dans le contrôle de
son flux dans le système électrique. Power-One dispose non seulement de l’une
des gammes d’onduleurs solaires les plus complètes du marché, couvrant aussi
bien les applications résidentielles que les applications des services publics,
mais aussi de vastes installations de production à l’échelle internationale. La
société possède également un portefeuille de solutions énergétiques qui vient
compléter l’activité d’ABB », annonce le groupe. Power-One emploie près de
3 500 personnes, principalement en Chine, en Italie, aux États-Unis et en
Slovaquie et a généré, avec ses panneaux solaires et ses onduleurs solaires, un
chiffre d’affaires d’environ 1 milliard de dollars en 2012.

Autre
acquisition d’ABB, nettement plus modeste, dans l’automatisation des bâtiments
cette fois : en août, le géant a ainsi racheté le Français Newron System.
Sa spécialité : « des produits logiciels pour les solutions
d’automatisation des bâtiments destinées aux distributeurs et aux
installateurs. Les logiciels permettent aux dispositifs comme les commandes de
stores ou d’éclairage dans les bâtiments de communiquer entre eux et d’être
gérés de façon centralisée », détaille le groupe. La société toulousaine,
qui « affiche un montant annuel en commandes enregistrées de près de 10
millions de dollars », sera intégrée dans la division Produits Basse
Tension d’ABB. C’est cependant sans doute elle le grand gagnant de l’opération
puisqu’en intégrant le géant helvético-suédois, elle élargit considérablement
son terrain de jeu commercial…

 

Siemens en embuscade

Et Siemens
dans tout cela ? L’allemand n’est pas en reste. En juillet, il a en effet
annoncé le rachat de l’éditeur britannique de logiciels de planification et
d’ordonnancement Preactor. « Les solutions logicielles APS de Preactor
constituent un élément clé dans le portefeuille des logiciels de gestion des
opérations de production (Manufacturing Operations Management – MOM) »,
annonce le groupe allemand. Lorsque l’opération d’acquisition sera entièrement
finalisée, l’entreprise sera intégrée dans la Division Industry Automation de
Siemens. Preactor emploie 70 personnes au Royaume-Uni, en Amérique du Nord, en
Inde, en France, en Espagne et en Chine.

Si l’on en
croit le nouveau patron de Siemens, Joe Kaeser, qui vient de remplacer Peter
Löscher à la présidence du directoire, les changements ne sont pas terminés au
sein du conglomérat allemand. « Notre entreprise n’est pas en crise et ne
requiert pas non plus de restructuration majeure. Toutefois, nous nous sommes
un peu trop préoccupés de nous-mêmes et nous avons quelque peu perdu de la
vitesse en termes de résultats par rapport à nos concurrents. Mon objectif
affiché est de remettre Siemens d’aplomb et de former une équipe hautement
performante. Car c’est en équipe que nous serons difficiles à battre. Dès
l’automne prochain, nous présenterons la « Team Siemens » qui viendra préciser
le programme d’entreprise et annoncerons à cette occasion les perspectives à
moyen terme et notre vision pour l’entreprise. Vous verrez : il y aura un après-2014
pour Siemens », prévenait-il à sa prise de fonction. Une chose est sûre, les
vacances sont bel et bien terminées…

j90_pp8-9

Ces articles peuvent vous intéresser :