Robotique

Comau Reloaded

La firme italienne vient de montrer que techniquement elle était capable de rebondir. Voici en exclusivité mondiale les tous nouveaux robots commercialisés par Comau.
On croyait Comau bel et bien reclus dans ses alpes turinoises, coincé entre une maison mère (Fiat) recherchant un éventuel repreneur et une gamme de robots finissante. Et bien la firme italienne vient de montrer que techniquement elle était capable de rebondir. Il ne lui suffit plus maintenant qu’à transformer en ventes sonnantes et trébuchantes, les millions d’Euros investis.
Car Comau a investi beaucoup d’argent dans le développement d’une nouvelle gamme de robots. Un chiffre que Eugenio Spinolo, nouveau directeur de la division robotique se refuse à donner tout en précisant que les développements liés au logiciel ont été aussi importants que ceux du matériel.
Pour en arriver là, Comau a avalé pas mal de couleuvres ; l’une des plus grosses ayant été l’aventure Nobot. Un accord Comau/Fanuc qui n’a jamais vu le jour et a au contraire donné à Comau l’image d’un fournisseur ayant vendu son âme.
A la sortie de cet accord raté, il restait un contrôleur à développer et une mécanique à redessiner. C’est aujourd’hui chose faite, avec cette fois-ci un cadrage des développements.
Tout d’abord comme le rappelle Eugenio Spinolo «notre métier de base c’est l’automobile. Les robots que nous développons pour le métier de l’automobile, nous les mettons à disposition des autres métiers ». Le nouveau patron est clair, Comau n’a pas l’intention, pour l’instant, de développer un robot spécifique au secteur de l’électronique ou de l’agroalimentaire. Si ceux mis au point pour l’automobile conviennent à ces derniers marchés tant mieux, sinon tant pis.
Ensuite, les acquis des gammes précédentes doivent être pérennisés et amplifiés. C’est le cas du poignet creux comme nous le verrons avec la gamme actuelle, mais aussi de l’interpresse spécialitée de Comau qui voit ces temps derniers ses parts de marché attaquées par Kuka, Abb ou Fanuc. La nouvelle version, annoncée l’année prochaine, devrait remettre les pendules à l’heure.
Enfin, le prix. Comme le précise Eugenio Spinolo, «la compétition en terme de prix est devenue, si c’est possible, encore plus serrée. Pour rentabiliser les investissements il faut faire grossir le marché ». Dans le cas présent, s’attaquer au porte-monnaie. «La baisse des prix de la nouvelle gamme par rapport à l’ancienne est à deux digits », on n’en saura pas plus, mais c’est déjà pas mal.
Du plus gros….
Comau a revu complètement sa gamme, du plus petit au plus gros. Démarrons par le plus gros, la série X. On trouve tout en haut de la pyramide un robot qui est pour l’instant le plus performant en terme de charges transportées dans le milieu de la robotique industrielle.
On avait déjà des 500 kilos chez Abb et Kuka, et bien voici le premier 700 kilos. On ne peut pas parler d’un robot pour transporter les pralines de chocolat mais plutôt pour manipuler les outillages sur une ligne de production automobile. Sur le plan mécanique il s’agit d’un robot quatre axes capable de déplacer les charges dans un plan horizontal, le poignet ne pouvant permettre qu’une rotation de la pièce dans le plan horizontal.
Avec le 500 kilos, on retrouve les six axes du robot. Pour le développement de cette gamme X ce sont les rayons d’action qui ont également été privilégiés, ils sont de 3000 et 3800 mm.
….au plus petit….
Tout en bas de la gamme, Comau a revu entièrement sa série S. Elle comprend un 8 et un 16 kilos avec une architecture sphérique classique avec l’axe deux déporté.
Le volume de travail a été augmenté avec un rayon d’action de 1650 (1458 mm auparavant) pour la version 8 kilos et de 1900 (1455 mm antérieurement) pour le 16 kilos, les précisions de répétabilité étant pour les deux mécaniques de +/- 0,10 mm.
La mécanique quatre axes cylindrique qui autorise la manutention de pièces de 10 kilos, et même de 20 kilos mais avec des caractéristiques dégradées n’a pas été revue.
Après la version S se trouve la gamme des robots M. Cette dernière n’est pas encore finalisée, aussi le client devra se contenter pendant encore un an des versions précédentes. Ce que l’on connaît de cette gamme intermédiaire ce sont les informations préliminaires : il y aurait deux grandes tailles de robots de 25 et 45 kilos. Chacun pouvant être équipé d’un poignet en ligne ou non.
…en passant par l’intermédiaire
Entre ces robots 45 kilos et la gamme précédente, le cœur de métier du constructeur italien c’est la gamme H. Les nouvelles mécaniques comprennent une version 130 kilos, une 165 kilos et une 220 kilos. Cette gamme comprend également le robot spécifique soudage par points, le NH4.
La grande différence sur le plan mécanique c’est la possibilité pour cette gamme de robots de pouvoir se renverser, et donc faire passer une charge de l’avant du robot à l’arrière sans devoir pivoter de 180 degrés. De même le parallélogramme a été remplacé par une mécanique sérielle classique. C’est également la fin des ressorts sur le côté, seule la version 500 kilos que nous avons détaillé auparavant en possède encore. Enfin finis les transformateurs dans la baie de commande du robot, maintenant ce sont des moteurs 600 Volts qui pilotent la mécanique.
Le NH1, avec sa capacité de manipuler 130 kilos est décliné en deux versions, l’une pour un rayon d’action de 2620 mm et l’autre pouvant atteindre les 3 mètres de rayon.
Le NH2 pour sa part a un rayon d’action de 2650 mm. La version NH3 est commercialisée sous trois formes : 165 kilos avec un rayon de 3000 mm, 210 kilos et un rayon de 3150 mm et 220 kilos pouvant atteindre les 2700 mm.
Le poignet creux
Le NH4 est proposé en version 165 et 200 kilos avec des rayons d’action de 2700 mm à 3150 mm. Mais la grande particularité de ce robot c’est son poignet creux.
Déjà avec la version précédente qui date de 1997, Comau avait mis en place cette technologie qui permet de faire passer l’ensemble des câbles à l’intérieur du corps du robot, plus rien n’apparaît à l’extérieur. Un choix délibéré qui a porté ses fruits chez Volvo, Ford ou Fiat, et la meilleure preuve c’est la réutilisation de cette technologie pour la nouvelle version.
Ce choix, Comau le garantie au client final pendant trois ans avec trois équipes travaillant en continu. D’après les calculs du fournisseur, le gain estimé est de près de 12.000 euros en 5 ans, uniquement par l’économie en câblage de remplacement, la structure creuse permettant de mettre les câbles à l’abri des agressions extérieures.
Deux arguments viennent plaider pour Comau : la réalité du volume de travail et la programmation hors ligne.
Dans le premier cas, il est indéniable que des câbles extérieurs au robot limitent le volume de travail réel qui est toujours donné sans câble. Lors de ses mouvements le robot a des points limites et des endroits inatteignables en raison des mouvements du câblage.
Il en va de même pour la programmation hors-ligne. Comau annonce des possibilités de programmation hors-ligne à 100%, car le câblage ne vient pas gêner lorsque la pince doit venir à l’intérieur d’un véhicule pour effectuer des soudures. La firme italienne a beau jeu de préciser que les logiciels comme Robcad de Tecnomatix ne savent pas prendre en compte les mouvements du câble et donc la position de ce dernier lors de la programmation hors-ligne.

Le contrôleur
Si la mécanique a représenté la moitié des investissements, le solde a été mis dans le développement d’une nouvelle commande.
Sous le nom de C4G, on retrouve un contrôleur allégé avec les transformateurs en moins. Au niveau du contrôleur on trouve une base de type PC industriel avec deux CPU Intel qui permettent à ce contrôleur de multiplier par cinquante les capacités de sa grande sœur la C3G Plus.
De base elle est prévue pour piloter six axes + 4, soit dix axes interpolés. Il est possible d’aller plus loin en mettant trois ou quatre mécaniques avec un seul contrôleur pour gérer l’ensemble, tout cela faisant partie des options.
Elle comprend un millier d’entrées-sorties supplémentaires ce qui autorise le client final a développer une cellule complète avec uniquement le contrôleur, sans devoir faire appel à un automate programmable extérieur.
Autre évolution que Comau a pris en compte, c’est la communication avec des interfaces disponibles pour DeviceNet, Profibus, Interbus mais aussi Ethernet et USB. Bien entendu les programmes développés avec la baie C3G restent récupérables.
Pour la programmation l’utilisateur a droit à un boîtier qui ressemble à un Windows classique, en fait c’est du Java dans un boîtier qui pèse moins d’un kilo.
Reste à vendre
Plusieurs éléments du puzzle sont en place avec cette gamme reloaded. Il reste la dernière étape, celle de la commercialisation. Car Comau a tardé dans la présentation de cette nouvelle offre, mais surtout a subit de plein fouet les tergiversations de la maison Fiat. La grande question depuis des mois, voire des années était Fiat va t-il vendre la Comau?
Evidemment nous n’avons de réponse à apporter, si ce n’est qu’il n’y a pas eu de vente. Et que la seule chose qui semble sure c’est que Fiat n’a aucune envie de vendre la filiale robotique de Comau, si quelque chose doit être vendu c’est l’ensemble de Comau, et pour l’instant ce ne serait pas à l’ordre du jour.
Il ne reste à Eugenio Spinolo qu’à convaincre les acheteurs potentiels surtout que ces objectifs de vente sont de 3000 robots en 2006, soit un doublement en 3 ans.
Le challenge semble difficile. Parmi les pistes, le nouveau patron a bien voulu nous indiquer quelques lieux géographiques comme la Chine et les Etats-Unis. En ce qui concerne l’Europe il n’a pas souhaité s’exprimer sur les moyens mis en œuvre car face à Abb, Kuka et Fanuc qui restent les trois grands implantés dans le monde automobile en France, il va falloir batailler dur.
Le seul atout de Comau reste sa dernière restructuration à savoir Comau Système France, qui regroupe Comau et la partie rachetée à Renault Automation. Le groupe Comau détient aujourd’hui 100% du capital de la société Renault Automation Comau qui prend la dénomination Comau Systèmes France. Intégré au sein du groupe, Comau Systèmes France conforte se positionne dans les métiers de l’automobile : systèmes d’usinage et d’assemblage mécanique, ingénierie véhicules, montage final, robotique et systèmes de peinture. De son côté Comau Sciaky, société filiale de Comau Systèmes France constitue le pôle français de l’activité carrosserie du groupe. Ce rachat total de Renault Automation Comau voit le départ à la retraite de Michel Revellin-Falcoz qui est remplacé dans cette fonction par M. Alain Huet. Cet ensemble va permettre de réaliser des cellules, voire des lignes, et donc d’intégrer des robots Comau si Comau Système est choisi comme intégrateur.
Comme le précise E. Spinolo « Rien n’est figé ». Ensuite, il faudra montrer à l’ensemble des utilisateurs, et surtout aux mécaniciens et au monde automobile cette nouvelle gamme. Pour cela la présence de Comau à Industrie 2004 et à l’ISR sera l’un des passages obligés en attendant la présentation des robots interpresses.

J29p1618

Ces articles peuvent vous intéresser :