Les jeux de stratégie comme les échecs
et le jeu de Go comportent un si grand nombre de possibilités quant au déplacement
des pièces ou au placement des pions que les joueurs cybernétiques ont
longtemps fait pâle figure face aux champions humains de ces disciplines.
S’agissant du jeu d’échec, l’ordinateur Deep Blue a donné l’avantage
à la machine sur les humains voici déjà vingt ans. Le jeu de Go recelant un
nombre considérablement plus élevé de combinaisons, était encore considéré
il y a peu, comme le dernier bastion résistant à la logique programmée. Le 9
mars 2016 restera donc une date historique puisque, environ six mois après la
défaite du champion européen, c’est désormais le champion mondial de la
discipline qui a dû s’incliner contre le programme d’intelligence artificielle AlphaGo
s’exécutant sur le superordinateur DeepMind, au terme d’un projet largement
financé par Google.
Relayée à la vitesse de l’éclair, la nouvelle a fait le tour
du monde, déclenchant des commentaires qui vont de l’enthousiasme béat à la
sourde inquiétude sur fond de superlatifs immodérés. D’abord, il est un peu tôt
pour tirer des conclusions puisque l’épreuve se déroule en cinq manches et qu’il
reste donc encore quatre matchs avant que soit connu le vainqueur de l’épreuve.
Ensuite, il sera tout aussi instructif de mesurer le résultat définitif et d’analyser
le déroulement des parties. Un score de 5 à 0 en faveur de la machine n’aurait
pas les mêmes répercussions qu’un résultat plus équilibré… 4 à 1, 3 à 2 ou même,
une inversion en faveur du champion mondial.
Enfin, rappelons à ceux qui annoncent déjà la fin de la suprématie
de l’intelligence humaine que ce sont bien des ingénieurs en chair et en os qui
ont conçu et programmé DeepMind. Alors, que le meilleur gagne !