L’édition 2015 de la version lyonnaise du
salon Industrie, qui s’est tenue du 7 au 10 avril derniers, a battu un record
de fréquentation. Les exposants avaient anticipé ce succès en lui réservant de
nombreuses nouveautés.
L’organisateur
du salon Industrie Lyon ont le sourire. Après avoir enregistré une hausse de
10% de la surface commercialisée pour l’édition 2015, c’est au tour du nombre
de visiteurs de battre un record, à « près de 20 500 » selon GL
Events, en progression de 17% par rapport à l’édition précédente. Répartis au
sein de 9 secteurs complémentaires et d’un secteur sous-traitance, les 859
exposants peuvent donc être satisfaits. Selon l’organisateur, les visiteurs
étaient « porteurs de projets et à la recherche de nouveautés et de
solutions industrielles pour relancer l’industrie française ». Et de ce
côté, ils ont été comblés, avec plusieurs entreprises qui ont profité de
l’événement pour présenter des nouveautés inédites. Une gageure dans le monde
de la mécanique et des automatismes, alors que le salon français se déroulait
seulement deux semaines avant la Foire de Hanovre.
Des exclusivités mondiales
Ifm
Electronic, régional de l’étape, n’a ainsi pas hésité à présenter, deux semaine
avant la grand’messe allemande et sur un stand placé dans la zone
« robotique » du salon, l’O3D303, dernière version de caméra 3D
« temps de vol ». Son principe reste le même que sur le modèle
précédent : l’appareil émet une lumière rouge et son capteur, sorte de
matrice composée de 23000 capteurs de distance par temps de vol (selon la
technologie PMD d’ifm) construit une image à partir des obstacles rencontrées
au niveau de chacun de ses pixels. Le résultat : un nuage de points
directement visible sur un PC et que l’utilisateur peut traiter pour
reconstruire une image 3D plus fine. A noter, chacun des 23000 points mesurés
est associé à des coordonnées dans trois dimensions, mais également à
l’intensité du rayon réfléchi, donnant une information supplémentaire sur la
couleur ou la matière rencontrée en ce point. Ifm electronic parle ainsi de
caméra « 3D ready », puisque contrairement aux autres technologies,
elle propose une image en trois dimensions sans calcul mathématique
supplémentaire. Autre avantage de ce composant face aux autres caméras 3D, une
relative insensibilité aux lumières parasites, une portée qui peut atteindre 5
mètres – la caméra voit alors une surface d’environ 5 x 4 m, avec des pixels de
31 mm de côté –, une certification IP 67 et son prix, de l’ordre d’un millier
d’euros. Cette caméra se destine notamment à des applications de dévracage
robotisé, de contrôle d’accès ou de mesure de colis en logistique. Sur le
salon, ARDPI, un autre régional de l’étape, avait développé une démonstration
filmant un robot articulé portant un plateau et utilisant l’image 3D de la
caméra pour reconstruire un modèle 3D de la scène, affiché en direct sur un
écran. La prochaine étape pour ifm : proposer une version
« capteur » enrichie de fonctions de base prédéfinies, afin de
faciliter l’implémentation.
Même
démarche chez Universal Robot. Le Danois a choisi Industrie Lyon pour dévoiler
le dernier-né de sa famille de robots 6 axes collaboratifs. Outre les UR5 et
UR10, de respectivement 5 et 10 kg de capacité, il lance un plus petit modèle « de
table » baptisé UR3, présentant une capacité de 3 kg (poids total de 11
kg), pour un rayon d’action de 500 mm. Facile à déplacer grâce à un poids de 11
kg seulement et bénéficiant d’une rotation infinie sur le dernier axe, celui-ci
reprend les atouts de ses grands frères, dont la facilité d’installation, de
paramétrage et de programmation, et le caractère collaboratif de ce robot qui s’immobilise
en cas de contact avec un humain (déclenchement à 50 N). Les travaux répétitifs
en compagnie des humains constituent d’ailleurs son champ d’application
privilégié, selon le constructeur, où il offrira une « troisième
main » à l’opérateur, pour des travaux comme l’assemblage, le collage, le
vissage, la peinture, les petites manutentions et le pick & place, ou
encore des travaux en laboratoire. Sa précision : 0,1 mm.
Du nouveau dans les robots
Toujours
dans la robotique, ABB a réservé la première sortie de son robot collaboratif à
deux bras Yumi à la Foire de Hanovre. Par contre, l’Helvético-suédois s’est
rendu à Lyon avec d’autres nouveautés inédites. A commencer par l’armoire IRC
5, rackable dans un rack 19 pouces. 9% plus compacte que la précédente, elle
intègre la nouvelle CPU 1000 et peut gérer les systèmes de vision intégrés de
la marque. Pour plus de facilité d’utilisation, elle dispose d’une connectique
sur bornier et dispose de quatre ports réseau, « utiles par exemple pour
scinder les réseaux robots des autres », explique Guillaume Pradels,
chargé d’affaires Robotique chez ABB. Autre nouveauté du constructeur : un
IRB 1200 piloté avec une mini-manette baptisée T10. Branchée à la place du
traditionnel pupitre (et beaucoup moins chère que ce dernier), ce petit
appareil qui ressemble à une manette de jeu permet de commander très simplement
les mouvements de la machine : la position dans l’espace de la manette
définit un axe de déplacement ; ensuite, il suffit de pousser le joystick
pour avancer dans cette direction et en arrière pour reculer, à gauche et à
droite pour tourner autour de l’axe. Il est également possible de commander
chaque axe de rotation du robot indépendamment, dans un mode plus
« classique ». Enfin, ABB ouvre son armoire de commande aux
technologies de l’usine connectée avec des applis gratuites sur le Windows Store
permettant de prendre le contrôle d’un robot avec une tablette fonctionnant
sous Windows. Trois applis sont disponibles : une pour piloter le robot
(avec une validation par système homme mort, pour assurer la sécurité) axe par
axe ou en commandant des mouvements linéaires ou de rotation, une permettant de
récupérer des informations sur les baies de commande pour faciliter la
maintenance, et une dernière offrant des outils de service et de mise en route,
par exemple pour faire le « tuning » du robot.
Autre roboticien,
Yaskawa fête cette année son centenaire. Et le Japonais a décidé de marquer le
coup à Lyon en proposant plusieurs nouveautés, dont son Motoweld RC350, un ensemble
complet robot et générateur de soudage prêt à l’emploi, et ses derniers robots
parallèles MPP3 H et S. Au programme de ces modèles, 3 kg de capacité pour des
rayons d’action de 850 et 1200 mm, le tout certifié IPA et Clean room. La
famille des bras articulés accueille également un nouveau venu : le MH24,
présentant une capacité de charge de 24 kg, pour un rayon d’action de 1730 mm,
appelé à devenir le bestseller de Yaskawa en France, dans des applications de
manutention, de service machines, de palettisation, d’usinage… Parmi ses
atouts, on retiendra son important couple au poignet et sa technologie à arbre
creux (diamètre 50 mm), qui caractérise les MH.
Côté drives,
le Japonais lance le Sigma 7, doté d’un cœur trois fois plus rapide que son
prédécesseur et offrant une définition de 16 millions de points par tour.
Il embarque Ethernet IP et Ethercat en natif, se paramètre automatiquement
lorsqu’il est connecté à un moteur de Yaskawa et intègre des fonctions de
compensation des vibrations et plusieurs fonctions de sécurité comme le SLS
(Safe Limited Speed) en standard, le tout dans un boîtier de 40 mm de large
pour la version monoaxe et 70 mm pour la version à deux axes. Il sera
disponible en juin.
Les composants progressent
Toujours
dans le chapitre des premières sorties officielles, le Français Visionerf a
profité du salon pour exposer l’intégralité de son offre de capteurs 3D Cirrus
3D, déclinée en trois tailles : un boîtier de 270x95x203 pour les Cirrus
150 et 300, pour des volumes de travail de respectivement 150x150x50 mm et
300x300x120 mm, un boîtier de 400x95x203 pour les Cirrus 600 (600x400x300 mm)
et Cirrus 800 (800x600x500 mm), et un boîtier de 600x95x203 mm pour les Cirrus
1200 et 1200s, pour des volumes de travail de 1200x1000x1000 mm). Présentés
comme « Plug & Work » par le fabricant, ces capteurs très rapides
(0,2 seconde pour un million de points) employant une lumière bleue ont été
conçus pour être utilisés sans développement spécifique dans des applications
fixes ou mobiles, en milieu industriel. Pour le prouver, le spécialiste de la
vision exposait un modèle en fonctionnement, démontrant l’emploi de ses
composants dans une application de dévracage de vilebrequins.
Dans les
pinces, cette fois, Zimmer cherche aussi à faciliter l’emploi de ses composants
et, surtout, à améliorer leur durée de vie. Mission accomplie avec les derniers
modèles de la série 5000. Grâce à un système de guidage acier sur acier, le
fabricant de ces pinces pneumatiques ou électriques annonce plus de 30% de
force de préhension en plus, des forces et couples statiques en hausse de 10%
et des mors de préhension 10% plus longs que sur des modèles plus classiques
équivalents et, surtout, une durée de vie de 30 millions de cycles. En y
adjoignant un joint double de protection, ces pinces passent en niveau IP 67 et
peuvent en outre fonctionner totalement immergées. A noter, sur les modèles électriques, un module
de contrôle baptisé ACM (advanced control modul) permet de tout gérer sans
commande ou capteur supplémentaire
Toujours
dans les composants, parmi les nouveautés du spécialiste allemand de câbles et
connecteurs Hummel, le connecteur M23 hybride fait passer par le même câble (3
à 17 mm) et le même connecteur de la puissance (jusqu’à 28A sous 600 V), des
signaux et l’Ethernet industriel, jusqu’à 500 Mbit/s. Destinée notamment à des
fournisseurs de servomoteurs, cette connectique alloue quatre contacts pour
chaque fonction. La partie « Ethernet » est clippée dans le
connecteur. L’ensemble est certifié IP67 et IP 69K et peut supporter des
températures de -40 à 125 degrés C. Ces connecteurs sont également disponibles
en inox et avec le système de fixation rapide Twilock. Une innovation qui colle
parfaitement avec les besoins de l’industrie 4.0…
Prochaine étape en 2016
Si
l’édition lyonnaise du salon a rempli sa mission, pas question de se relâcher
pour l’organisateur d’Industrie. Déjà, le rendez-vous est pris pour la
prochaine édition parisienne de l’événement, du 4 au 8 avril 2016, avec de
nouvelles initiatives : l’extension de l’opération Inside Industrie (qui
met à l’honneur un grand industriel et ses savoir-faire) à trois grands
donneurs d’ordre de l’industrie française et l’invitation des 100 principaux
directeurs d’usines françaises sur le salon.