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AUGMENTED WORKFORCE, FAIRE MONTER LA PRODUCTIVITÉ DES COLS BLEUS

Les technologies de
l’information et la digitalisation
ne servent pas seulement à
accroître la cadence des
machines, elles peuvent aussi
contribuer à rendre l’humain
plus efficace, réduire la
pénibilité des tâches et élargir
son domaine de compétences.
Eric Dosquet, expert de
l’innovation chez Avanade
France détaille les pistes les
plus prometteuses pour
l’industrie.

Les nouvelles technologies ne cessent de prendre de l’importance dans l’efficience de nos métiers et de nos
expériences de travail. La robotique, l’IA, les
réalités virtuelle, augmentée et mixte,
l’impression 3D apportent ce que la
technologie fait de mieux pour aider les
hommes et les femmes à rationaliser leur
temps et mieux accomplir leur travail.
Les cols bleus, mais aussi les cols blancs
deviennent « connectés », « augmentés »,
voire même « amplifiés », faisant évoluer
leur métier d’une façon inédite.

En 2017, Accenture a réalisé en Amérique
du Nord, en Europe et en Asie une étude
auprès des dirigeants dans l’industrie
manufacturière. Ses résultats ne laissent
aucun doute : 85 % de dirigeants pensent
que déjà en 2020 les « travailleurs
connectés » seront omniprésents dans les
usines et plus de la moitié voit venir avec
cette connexion, des gains importants de
productivité. Ils perçoivent également des
bénéfices directs dans l’alliance de
l’homme et de la technologie : une baisse
des coûts opérationnels (34 %), des frais
généraux (31 %), ou une augmentation des
revenus (30 %).

LES TECHNOLOGIES
POUR UNE MEILLEURE
GESTION DES
RESSOURCES

Quels sont les leviers de productivité
actionnés par les technologies chez les
cols bleus ? On peut espérer à court
terme, une meilleure gestion des
ressources, du temps et de l’énergie. Les
technologies sont mises à la disposition
des techniciens et des opérateurs pour
faciliter leurs efforts à l’image de ce que
font les exosquelettes, améliorer la
précision des gestes par les réalités
augmentées et mixtes, et mieux organiser
leur travail grâce à des outils prédictifs.

Dans le milieu industriel, les prises de
conscience sur les risques qui pèsent sur la
santé des salariés sont réelles. La demande
de solutions pour la prévention des
accidents du travail, et plus globalement
l’amélioration de l’expérience métier, est
donc forte. Afin de limiter la pénibilité et de réduire les risques de blessures et d’accidents sans perdre
en productivité, les industriels testent de nouveaux dispositifs,
tels que les exosquelettes qui confèrent à leurs porteurs des
capacités physiques qu’ils n’ont pas ou plus : porter de lourdes
charges à bout de bras sans effort ou améliorer le confort en
station debout. Toutes les entreprises dont les employés sont
régulièrement exposés à des séquences de travail physiques,
pénibles et répétitives sont concernées : construction,
industrie automobile, chantiers navals, logistique, grande
distribution.

S’agissant de l’amélioration de la précision des gestes, la
réalité augmentée ajoute à la réalité une couche d’information
ou de contenus numériques tandis que la réalité mixte intègre
dans l’environnement réel de l’utilisateur des éléments
artificiels avec lesquels il peut interagir. Parmi les outils
permettant de garder les mains libres, le casque HoloLens est
le plus abouti et permet d’interagir avec les objets en utilisant
ses mains, comme si les objets étaient réels. Porsche l’a adopté
pour le contrôle qualité sur les lignes de production du modèle
Panamera. La superposition des plans CAD (Computing-Aided
Design) et des pièces physiques à contrôler permet de
visualiser immédiatement les différences entre les deux et de
les annoter au travers de l’interface de réalité mixte. Avec une
sorte de représentation graphique de données statistiques,
l’opérateur peut identifier les pièces correctement montées et
celles où la marge d’erreur maximale (0,5 mm) a été dépassée.
Dans la même situation, une application sur tablette peut être
utilisée mais sans offrir le même niveau de liberté dans les
gestes.

Les entreprises cherchent aussi à améliorer la planification des
interventions et la mobilisation des compétences. La
maintenance prédictive est une approche analytique basée sur
les données, rendue possible par l’arrivée à maturité de
l’Internet des objets (IoT) et l’intelligence artificielle (IA). Les
modèles d’interprétation et de prédiction permettent de
suivre la dégradation de l’équipement en temps réel, de
détecter les signes avant-coureurs d’une possible défaillance
et d’émettre des recommandations sur les actions à mener.
Aujourd’hui, grâce aux capteurs équipant deux cents rames de
la SNCF sur les réseaux Transiliens et TER, la surveillance de la
climatisation et du chauffage dans les trains s’effectue en
temps réel, ce qui minimise les pannes, réduit les coûts
d’inspection et facilite la planification des interventions et des
compétences.

QUI PEUT LE PLUS…

Les technologies dites d’augmentation, améliorent les
capacités physiques et cognitives des individus. Mais plus que
le développement de produits ou de services, elles visent à
développer des solutions systémiques à des problématiques
plus larges qui concernent toutes les industries. Elles poussent
les entreprises à faire évoluer leur organisation, à repenser leur
processus et leurs méthodes de travail.

Il est aujourd’hui vital de comprendre l’ensemble des
changements enclenchés par ces technologies pour faire enfin
converger l’innovation, l’amélioration des conditions de travail
et les gains de productivité.

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