Emballage, jumelé cette année à Manutention,
est traditionnellement le rendez-vous des amateurs de machines d’embouteillage,
d’ensachage, d’emboxage… C’est également désormais un haut lieu des
automatismes et de la robotique, avec des levers de voiles sur des nouveautés
aussi nombreuses que variées.
Bilan mitigé
pour la cuvée 2014 d’Emballage. Organisé conjointement au salon de la
manutention, le rendez-vous semble avoir déplacé moins de foule qu’à la
précédente édition. Pour autant, de l’avis de plusieurs exposants, les
professionnels qui avaient fait le déplacement n’étaient pas venus pour faire
du tourisme et avaient des questions concrètes à poser aux constructeurs de
machines et aux fournisseurs de composants industriels. La grande tendance
cette année ? La robotique ! Bras articulés, robots parallèles à
deux, trois ou quatre axes, robots mobiles, impossible de les compter cette
année tant ils étaient nombreux. Et plus question de se limiter à du picking de
petits objets sur des lignes de convoyeurs. Désormais, les applications
robotiques touchent tous les aspects de l’emballage comme de la manutention. A
l’image du Kamido de Siléane. Construite autour d’un petit LRMate de Fanuc, la
cellule développée par cette petite entreprise stéphanoise est capable de faire
du tri d’objets en vrac dans une caisse à raison de 1000 objets par heure. Pour
cela, Siléane a mis au point le système de vision Reflex 3D, qui permet au
robot de trouver un objet et de choisir immédiatement quel préhenseur (il est
doté d’une pince et d’une ventouse) utiliser pour l’attraper et le déposer
ailleurs. Tout cela sans faire d’apprentissage des formes des objets et encore
moins de travailler par comparaison avec un fichier de référence. Cette cellule
initialement développée pour réaliser du tri de déchet pourra également
effectuer du picking ciblé de différents objets, voire de la préparation de
commande en logistique.
Des premières en France…
Certains composants
faisaient leur première sortie publique lors de cet opus 2014 du salon. A
l’image des petits IRB 1200 d’ABB. Des machines caractérisées par leur base
sans porte-à-faux qui leur permet de travailler devant eux, mais aussi derrière,
sans avoir à se retourner.
Le Japonais
Omron avait également choisi Emballage pour dévoiler aux industriels français
sa dernière génération d’IHM. Baptisée NA, cette série dotée d’écrans tactiles
est configurable et programmable depuis l’atelier de programmation nique Sysmac
Studio. A noter également, Omron faisait la démonstration de sa capacité à
apporter des solutions complètes aux constructeurs de machines sur un autre
stand que le sien : celui de Spie, qui exposait une ligne composée de deux
modules, l’un équipé entièrement en Siemens, et l’autres, en tête de ligne,
dédié au transfert de produits d’un convoyeur à un autre, entièrement composée
de matériel siglé Omron, depuis l’IHM jusqu’au robot delta.
Dans la
vision, l’Américain Cognex dévoilait cette année son tout nouveau système de
vision 3D multicaméras VC 5. Ce contrôleur n’est autre qu’un PC à processeur
double cœur capable de gérer pas moins de 4 capteurs de déplacement laser 3D
DS1000, ou caméras 2D et 3D de Cognex. Il intègre en outre le logiciel Cognex
Designer qui « gère la configuration des tâches de vision, les
communications industrielles et l’interface utilisateur ». En particulier,
il permet à l’utilisateur de construire relativement simplement une application personnalisée.
Chez Yaskawa,
les visiteurs pouvaient découvrir un ensemble dévoilé pour la première fois à
Automatica : le nouveau bras MH 12 à 6 axes et 12 kg de capacité de charge
et 1440 mm de rayon d’action, et sa nouvelle baie de commande DX 200 dotée de
fonctions de sécurité, dans son application de prédilection : la palettisation
de cartons. Une demi nouveauté puisque les Français l’avaient découvert sur
Industrie Paris, mais en version statique…
Un robot au bout d’une tablette
Nouveauté aussi
chez Bosch Rexroth, avec le robot Veloce de Penta Robotics. Cette entreprise
hollandaise propose une architecture parallèle à quatre bras qui évolue dans un
cercle de diamètre 1400 à 2200 mm, selon les modèles, capable de porter 10 kg
et atteignant une précision de 0,1 mm et une vitesse de 10 m/s sous des
accélérations de 20 g. Au cœur de la machine, un contrôleur Indramotion MLC, des
moteurs et des variateurs de Bosch Rexroth pour la partie mécanique, et la
technologie Opencore engineering pour l’accès au robot et à son pilotage depuis
une simple tablette.
Un robot qui
rappelle furieusement celui développé en 2007 par Adept, lui aussi doté de
quatre axes pilotés par un seul bloc variateurs et capable d’assurer des
accélérations de 20 g avec un rayon d’action de 800 ou 1600 mm selon le modèle,
et une capacité de charge de 6 à 15 kg, lui aussi présent sur le salon.
Sur le stand
de Rockwell Automation, les visiteurs pouvaient également être gagnés par une
sensation de « déjà vu » en découvrant la « solution de
mouvement intelligent » iTrak. Ce dispositif mettant en œuvre des navettes
circulant jusqu’à 7 m/s sur un circuit modulaire composant une sorte de moteur
linéaire en boucle, rappelle le Xts de l’Allemand Beckhoff. A tort, puisque selon
Rockwell Automation, le iTrak développé par la société Jacobs (qu’il a racheté
l’an dernier) jouirait de l’antériorité sur ce principe. En outre, ses
capacités sont plus larges avec, notamment, une répétabilité de 35 µm et deux
modèles de navettes (Rockwell parle de movers), l’un privilégiant la dynamique,
l’autre la capacité de charge : 100 kg ! Bien sûr, ce système est
piloté par un Compactlogix et programmé via RSlogix.
Des araignées et des PC
Les amateurs
du jeu des sept erreurs se seront encore plus régalés en passant du hall 5 au
hall 4. Dans le premier, ils pouvaient découvrir un immense robot Delta portant
15 kg développé par Autonox24, entièrement équipé par Siemens. Dans le second,
ils pouvaient retrouver exactement le même robot, du même constructeur, mais
doté de moteurs variateurs et contrôleur de BR Automation. La preuve qu’il est
désormais possible de faire de la robotique parallèle sans se voir imposer la
solution de motion par le constructeur…
Outre ce
robot, BR Automation exposait également cette année ses derniers PowerPanel séries
C et T et une nouvelle génération de panel et panel PC 2100. La différence
entre les deux ? Elle se concentre au dos de l’écran. Grâce à une
conception modulaire, l’utilisateur peut en effet choisir une version panel
déporté en fixant à l’arrière le module approprié autorisant au passage une
distance de 100 mètres entre le PC et l’écran via un cordon Ethernet standard,
ou une version Panel PC en le remplaçant par un module PC. Là encore,
l’utilisateur pourra choisir son processeur parmi les Intel Atom disponibles.
IHM encore
sur le stand de Lenze, avec le terminal V800, présenté en avant-première cette
année. Cet unité de visualisation à écran tactile multipoint intégrée à un
pupitre ou montée sur une potence s’utilise presque comme une tablette, ouvrant
la voie, selon le fabricant, «à « des concepts de commande ergonomiques,
qui permettent de représenter les données de process de façon beaucoup plus
claire », avec une navigation simplifiée par rapport à un système
classique à menus. Doté de processeurs Intel, le terminal peut être doté en
option d’un boîtier avec des boutons et est disponible en 13,3, 15,4 et 21,5
pouces. Le modèle présenté était associé à une « easy machine »
mettant en œuvre des modules standards proposés aux EOM pour leur éviter des développements
inutiles en piochant dans une bibliothèque de fonctions préconstruites par une
équipe de 25 ingénieurs chez Lenze.
De l’emballage à la manut’
Pas de
nouveauté inédite non plus chez Fanuc cette année, mais une démonstration de ce
qu’un robot est capable de faire dans la logistique, avec un M20iA installé sur
une cellule de préparation de commande. Le robot récupère ainsi différents
objets dans des bacs pour les réunir dans un bac unique. Même démarche pour
SEW, qui présentait cette année sa solution de transmission d’énergie par
induction sur un exemple de navette alimentée et guidée par des câbles noyés
dans le sol. Une solution élégante pour assurer le transfert de charges en
automatique, en intérieur comme en extérieur, en évitant les problèmes de
recharge de batterie.
Adept, pour
sa part, avait choisi de présenter une fois de plus ses petits robots mobiles Lynx,
« qui ne sont pas des AGV », précise Jean-Michel Bombar, responsable
commercial. Ces petits robots sont programmés simplement en leur apprenant leur
environnement puis en leur définissant des points de référence. En
fonctionnement, il suffira de leur indiquer le point à rejoindre et le Lynx
trouvera sa trajectoire idéale tout seul, en contournant les éventuels obstacles
qu’il trouvera sur sa route. A noter, une version dotée d’une portion de
convoyeur à rouleau en fait un convoyeur virtuel qui peut porter un colis, un
panier, ou une pièce d’un point à un autre, d’une machine à un convoyeur, d’un
tapis à un autre, etc. Elle a d’ailleurs été retenue pour les trophées de
l’innovation d’Emballage 2014.
Enfin,
si certains se demandent encore pourquoi les salons Emballage et Manutention se
tenaient cette année conjointement, quelques produits exposés suffisaient à le
justifier. A l’image du module à bande de BOA Concept, qui élargit ainsi sa
gamme de convoyeurs à rouleaux modulaires avec un modèle qui lui permettra
d’attaquer, outre le marché de la logistique, celui de l’industrie, ou encore
les robots de palettisation hétérogènes de Synapse (pour les produits de la
grande distribution) et de Fimec Technologies (pour les cartons). Présent sur
le stand de Kuka, celui-ci avait monté une version « mini » de son
système empilant en direct des minicolis de différentes tailles sur une minipalette,
à l’aide d’un robot Agilus. Enfin, on retiendra de cette édition la
présentation par le spécialiste français des AGV Balyo, un chariot inédit remplaçant
le traditionnel scrutateur laser par une caméra 3D développée par ifm
electronic employant la technologie PMD, pour la fonction de détection
d’obstacle. Une configuration inédite qui permet notamment d’éliminer
l’opération d’acquittement manuel en cas d’arrêt de sécurité, nécessaire avec
un système classique.