Le carrefour des fournisseurs de l’industrie
agroalimentaire, dont la dernière édition s’est tenue du 12 au 14 mars à
Rennes, prend de plus en plus d’importance aux yeux des fabricants de matériel.
Au point qu’ils lui réservent leurs dernières nouveautés, parfois en
exclusivité française, voir mondiale.
Cela aurait
pu être une catastrophe. Le déluge de neige tombé dans toute la partie nord du
pays, le jour même de l’ouverture de l’édition 2013 du Carrefour des
fournisseurs de l’industrie agroalimentaire (Cfia), aurait pu décourager les
visiteurs. Mais c’était sans compter la curiosité et la détermination des
industriels bretons (et pas seulement, d’ailleurs), trop curieux de découvrir les
derniers développements techniques dans leur domaine pour rater ce salon devenu
incontournable. Cette année, après un début un peu difficile – et froid -, ils
se sont pressés dans les allées du salon.
Tout inox !
Ces nombreux
visiteurs ont été bien récompensés. Car les exposants leurs ont réservé cette
année une véritable avalanche de présentations en avant-première française,
voire mondiale. A l’image d’ABB, qui a choisi le salon breton pour présenter,
en exclusivité mondiale, sa dernière série de moteurs « tout inox ». Disponibles
en version NEMA jusqu’à 25 HP et en version IEC de 0,75 à 750 kW, ces modèles
sont dédiés à l’agroalimentaire et à la chimie. Pour cela, ils adoptent un
corps sans ailette entièrement en inox et des joints d’étanchéité spécifiques,
qui leur confèrent un indice de protection IP 67. En option, « le bobinage
peut aussi être noyé dans la résine », note Régis Buchmann, responsable
moteurs pour le marché français chez ABB. Ces moteurs asynchrones tournant de
1500 à 3000 tours par minute en 50 Hz et de 1800 à 3600 t/min en 60 Hz (ils
sont aussi pilotables en variation de vitesse) seront disponibles dès le
premier trimestre 2013 en version 2 et 4 pôles. Et ABB aurait déjà lancé des
études sur des modèles jusqu’à 15 kW…
Ces moteurs
inox sont très importants dans le monde de l’agroalimentaire. Pour preuve,
B&R Automation dévoilait lui aussi de nouveaux modèles sur le salon.
Disponibles en quatre gabarits (avec des couples de 1 à 17 Nm), ces moteurs
mono ou multitour certifiés IP 67 et IP 69K sont disponibles en version
« monocâble », ou avec deux câbles en option. Leur pré carré :
l’emballage, mais aussi la boulangerie, la pâtisserie, la viande,
l’embouteillage… Sur Cfia, l’Autrichien présentait également cette année de nouveaux
modules de commandes à touches IP 65, ses servovariateurs avec fonctions de
sécurité intégrées AcoposMotor et ses écrans multitouchs.
Tout inox,
toujours, chez Schneider Electric, qui présentait cette année, également en
exclusivité mondiale, des versions de ses IHM Magelis dédiées à
l’agroalimentaire. Issus de la gamme GTO, ces modèles disposent d’une face
avant en inox avec des bords biseautés et des joints adaptés, mais aussi de cartes
électroniques tropicalisées, c’est-à-dire recouvertes d’un vernis spécifique pour
supporter l’humidité et atteindre un indice de protection IP 66K. Schneider
Electric a opté pour des écrans de 5,7 à 12 pouces résistifs. « Cela
permet de les utiliser avec des gants, ce qui est impossible avec des modèles
multipoints », note Franck Laudy responsable marketing de l’offre IHM chez
Schneider Electric. Mais surtout, « ces IHM constituent des briques de
bases qui communiquent avec nos
automates et avec des périphériques qui s’y raccordent directement »,
commente le responsable marketing. Parmi ces accessoires, on retrouvera les
bornes lumineuses XVGU qui se connectent via un port USB pour un paramétrage et
une commande simplifiés, mais aussi un capteur de vision Télémécanique inédit
chez le Français, baptisé OsiSense XUW.
Du jamais vu
Phoenix
contact innove pour sa part dans les PC industriels avec un modèle, encore une
fois présenté en première mondiale sur Cfia, baptisé DesignLine. Ce PC
industriel IP 65 est intégré dans un boîtier en aluminium à monter directement
sur les équipements, par exemple via une potence. Il a été conçu pour résister
aux vibrations, aux chocs et aux interférences électromagnétiques. Pour cela,
il intègre une connectique étanche et trois trappes donnant accès au disque
dur, à la mémoire et à un port USB étanche. A noter, les fils pourront être
intégrés au bras qui supporte le PC. A noter également, le carter en fonte
d’aluminium de ce PC Fanless ne comporte pas d’ailette, pour assurer une
hygiène optimale. Un premier modèle est disponible, embarquant un microprocesseur
Intel Atom cadencé à 1,6 GHz et doté d’un écran 15 pouces multitouch.
« D’autres modèles avec des écrans allant du 7 pouces au 24 pouces en 4/3
ou 16/9 et d’autres processeurs viendront bientôt compléter la gamme »,
annonce Pierre-Yves Morin, responsable des solutions d’automatismes industriels.
Depuis plusieurs
années, l’agroalimentaire intéresse au plus au point les roboticiens, qui
développent des produits spécifiques à ce domaine. A l’image de Fanuc, venu
cette année avec deux modèles totalement inédits : le petit LRmate 200ic et le
plus gros M710ic en variante « Food ». Tous deux bénéficient d’un
traitement spécial (blanc pour le gros modèle, noir pour le petit) dont le
Japonais garde jalousement le secret, qui leur permet de résister aux
détergents les plus agressifs. Grâce à différents composants en inox, l’usage
de graisse alimentaire, un boîtier de connexion étanche et des joints renforcés, ces machines supportent
l’eau, jusqu’à l’immersion. Pour preuve, sur le salon, le LRmate passait la
plupart de son temps le poignet dans un aquarium ! « Ils sont destinés
au monde de la viande et du poisson où l’on ne nettoie pas les robots à la
lance haute pression mais où l’on utilise des mousses détergentes très
puissantes », annonce Nicolas Couche, responsable produits robots chez
Fanuc. « Nous proposons ces deux modèles pour l’instant. D’autres
pourraient subir les mêmes modifications à l’avenir », poursuit-il.
Adept
modifie lui aussi ses machines pour séduire les acteurs de l’agroalimentaire.
Cette année, il dévoilait ainsi une nouvelle version tout en inox 316 de la
plateforme (la pièce qui porte l’outillage) de son robot Delta. Certifiée IP67,
elle supporte ainsi les produits détergents. En revanche, si son poids deux
fois plus important que celui du modèle classique en aluminium ne porte pas
préjudice à la dynamique du robot, il oblige le roboticien à réduire sa capacité
de charge de 6 à 3 kg. Cette année, Adept dévoilait également, en
avant-première en France, une prochaine gamme de préhenseurs en silicone très
particuliers. « Ils utilisent le vide pour prendre les objets, mais sans
que ce vide soit en contact avec », explique Bruno Adam, directeur d’Adept
France. Le vide sert à déformer la pince flexible qui, grâce à cette
déformation, attrape l’objet. Une technologie intéressante sur les produits
trop poreux comme les fromages bleus ou les tranches de poisson pané, ou encore
percés, comme les donuts, avec lesquels les techniques classiques de préhension
par dépression ne fonctionnent pas.
Plus de sécurité
Pas d’exclusivité
mondiale chez Pilz, mais l’Allemand a tout de même réservé au Cfia 2013 la
présentation de la seconde génération de son système de commande configurable PNOZ
Multi pour la première fois en France. Système multifonctions, celui-ci est facilement
configurable par logiciel pour assurer la commande des fonctions de sécurité,
telles que les arrêts d’urgence, les protecteurs mobiles, les barrières
immatérielles…
Toujours
dans le domaine de la sécurité, Schmersal présentait entre autres au public
français cette année son interverrouillage de sécurité e AZM 300. Découvert à
SPS IPC Drives, ce composant est particulièrement adapté à l’agroalimentaire
avec sa certification IP69K et son étanchéité totale. Bosch Rexroth, pour sa
part, propose une solution baptisée Safelogic pour traiter la sécurité d’une
installation à partir d’une architecture existante. Pour cela, il utilise un
module renfermant un deuxième processeur sur l’automate, dédié à la sécurité
distribuée Profisafe ou Sercos. Intérêt majeur de cette solution :
l’automate de sécurité est remplacé par un module supplémentaire sur
l’automate. De la même façon, les modules de sécurité s’insèrent dans le
système comme les modules d’i/o classiques. A noter, Bosch Rexroth vient de
sortir une nouvelle gamme de variateurs de fréquence d’entrée de gamme,
également présentés sur Cfia 2013.
Comme chaque
année, Weidmüller ne manquait pas de nouveautés à dévoiler aux visiteurs du
salon. Au programme, des batteries secourues pour les armoires de process
complétées d’un module buffer (sans batterie) pour les microcoupures et une
gamme de parafoudre entièrement renouvelée. Et pour faciliter les câblages dans
les armoires électriques, en particulier pour câbler les communs, l’Allemand
propose désormais des blocs de jonction de distribution de potentiels baptisés
PPV. Ces blocs disposent de 4 ou 8 étages doubles permettant de totaliser
jusqu’à 32 points de connexion équipotentiels. La connexion proprement dite est
assurée par insertion directe (pushing), pour une section maximale de fil de 1,5
mm².
Capteurs plus pratiques
Chez ifm
Electronics, la nouveauté du Cfia 2013 se nomme OG Cube. Ce détecteur reprend
la technologie du modèle précédent, dans un boîtier coudé, afin de réduire
l’encombrement du dispositif, par exemple en bord de convoyeur. Composé d’inox
et de plastique PEI, il est certifié IP67 68 et 69K et doté d’une lentille
plastique pour éviter les éclats de verre en cas de détérioration. Il trouvera
sa place dans les fromageries, les brasseries, l’industrie de la viande, l’emballage,
le convoyage…
Toujours
dans la détection, Sick commercialise pour sa part la dernière génération de sa
gamme de cellules tout en inox W4. Disponibles sur réflecteur, en barrage et en
détection directe, cette série détecte des objets transparents ou opaques avec
des temps de réponse et une répétabilité élevés. Parmi ces composants de très
petite taille (15 x 22 x 48 mm), les détecteurs WL4 H on suivi les préceptes de
« l’hygienic design » de Sick, avec un corps sans aspérité, un bouton
de réglage en inox, des leds intégrées et une connectique complètement protégée.
Le capteur (et son réflecteur) est ainsi monté sans outil sur un tube et
verrouillé dessus, un peu comme sur des connecteurs à baïonnette BNC. Une fois
en place, l’ensemble est totalement étanche. Un réglage en hauteur est
également possible sur 100 mm, avec une clé. « Ces composants sont IP69K
et supportent les zones lavées et des variations de température de 0 à
70°C », assure Stéphane Leblanc, responsable des marchés agroalimentaires
chez Sick.
C’est le
même type d’astuce que l’on retrouve sur les nouvelles sondes de température
modulaires hygiéniques iTHERM d’Endress+Hauser, présentées cette année. Grâc
à
un dispositif de verrouillage baptisé Quickneck, l’élément sensible peut en
effet être démonté facilement sans outil. Une fois monté, l’ensemble est
certifié IP69K. En outre, « cela simplifie les procédures d’étalonnage, avec
un gain de temps et la suppression des erreurs de câblage, puisque le capteur
est toujours replacé exactement à la même place », explique Christian
Knecht, responsable marketing industries agroalimentaires. E+H innove également
cette année dans les détecteurs de niveau avec le Liquipoint FTW 33, un modèle
arasant qui reprend les technologies conductive et capacitives pour les
liquides conducteurs et les liquides colmatants, avec lesquels les systèmes à
lames vibrantes classiques touchent à leurs limites. En particulier, ce
détecteur trouvera sa place dans les installations à racleurs puisqu’en montage
affleurant, il n’implique une intrusion que de 1 à 2 mm dans la canalisation.
Vivement la suite
A la vue de
cette avalanche de nouveautés exclusives, il est clair que le Cfia devient
chaque année un peu plus un rendez-vous incontournable dans l’Hexagone. Il ne
reste plus qu’à attendre février prochain, puisqu’en 2014, exceptionnellement,
le salon sera avancé d’une quinzaine de jours, pour le vérifier. Et pour les
acteurs de la région Rhône-Alpes pour qui Rennes est un peu trop éloigné de leur
lieu de travail, GL Events proposera une version lyonnaise du salon, en
parallèle à Europack-Euromanut, à l’automne.