Instrumentation

Endress+Hauser dépasse la mesure

Fort d’une croissance insolente ces deux dernières années, et même d’un record historique de ses ventes l’an dernier, le spécialiste suisse de l’instrumentation poursuit, tranquillement, sa stratégie d’extension sur tous les fronts… et se lance dans les services.

C’est reparti ! « L’année dernière a été la meilleure de l’histoire du groupe », détaille Urs Endress, président de la filiale française du groupe suisse. Et après un chiffre d’affaires de 1,525 milliard d’euros (pour un effectif de près de 9500 personnes) en 2011, en hausse de 16,1%, le spécialiste des instruments de mesure Endress+Hauser (E+H) voit l’avenir toujours à la hausse. « Nous prévoyons une progression de 11% de notre chiffre d’affaires et 700 nouvelles embauches en 2012 », déclare Urs Endress.

Indépendant, avant tout

Sa progression, le Suisse la puise surtout dans son esprit d’indépendance. Vis-à-vis des banques d’abord, avec des capitaux propres de l’entreprise s’élevant à 69,5% du bilan ; vis-à-vis des aléas géographiques et des variations des monnaies ensuite, avec des sites de productions localisés sur chaque marché (19 sites de production dans le monde), mais aussi vis-à-vis de ses clients. « Aucun ne représente plus de 10 % du chiffre d’affaires », note Urs Endress. En 2011, le groupe a également investi 85 millions d’euros. Au menu, la reconstruction quasi complète de son site de Gerlingen – centre de compétence du groupe pour les analyses physico-chimiques – en Allemagne, mais aussi des investissements à Waldheim (près de Dresde), sur le site français de Cernay (voir encadré), aux Etats-Unis, au Brésil… Ces dépenses incluent également les acquisitions partielles de Finesse Solutions (biotechnologie) aux USA et de Systemplan (conseil en efficacité énergétique), en Allemagne. Et ce n’est pas fini puisque, cette année, ce sont pas moins de 140 millions d’euros que le groupe compte dépenser, « principalement dans des installations de production ». Le groupe ne s’interdit cependant pas quelques acquisitions opportunes. « Nous n’achetons que des petits acteurs mais nous allons sans doute réaliser d’autres acquisitions dans les biotechs et les services », prédit Urs Endress.

De nouvelles activités

Les marchés porteurs pour E+H ? D’abord le monde parapétrolier – le groupe vient d’ailleurs de conclure un contrat de fourniture exclusive pendant trois ans de certains matériels pour Shell au Qatar, qui devrait représenter près de 20 millions d’euros par an -, mais aussi la Chimie (verte), l’eau et les énergies alternatives (la production de biogaz, notamment). Dans chacun des secteurs, le Suisse développe des produits nouveaux : des débitmètres à ultrason inédits pour équiper les stations de méthanisation, une gamme de débitmètres renouvelée pour le monde de l’eau… Mais la grande nouveauté pour le groupe est ailleurs. En 2012, Endress+Hauser met en effet un pied dans les services. En particulier, fort de 60% des parts de l’Allemand Systemplan, le groupe a construit en France une offre de services visant l’efficacité énergétique, qui se fondera sur l’élaboration avec les industriels d’un plan de mesurage qui permettra ensuite de mettre en évidence les sources de gain à exploiter. Pas question pour le spécialiste de la mesure et de l’instrumentation d’aller se frotter à des géants comme Siemens, Schneider, atlas Copco… « Nous ciblons en priorité nos clients, à qui nous voulons apporter de nouveaux services », note Raphael Brie, responsable marketing Environnement et Energie en France. E+H France a d’ores et déjà embauché un consultant expérimenté ; « l’offre aboutie sera prête au mois de septembre », poursuit le responsable marketing.
Dans le même esprit, le groupe développe, avec certains de ses grands comptes, des solutions informatiques visant à lier les données liées aux capteurs au système d’information globale de l’entreprise. « le groupe ne va pas se transformer en consultant informatique, mais ces développements correspondent à des demandes des clients, qui s’adressent à nous car nous sommes leur interlocuteur privilégié pour l’instrumentation », assure Urs Endress. Mais le groupe tient là un potentiel de croissance particulièrement prometteur. « Les services représentent 10% du chiffre d’affaires en France et moins de 10% dans le groupe », note le dirigeant. Autrement, dit, il y a de quoi faire… Et pourquoi pas atteindre les deux milliards de chiffre d’affaires avant 2020 ?

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