Avec ses Moverio BT 200, le Japonais compte
séduire le monde de l’industrie pour des applications de maintenance et de
logistique, entre autres. Ses atouts : un affichage en relief et un
système d’exploitation particulièrement accessible.
Qui a dit
que les lunettes de réalité augmentée n’avaient aucun avenir ?
Certainement pas Epson ! Alors que certains géants qui avaient fait grand
bruit de leurs premiers développements reviennent en arrière, le Japonais, lui,
avance, doucement, mais sûrement. Avec la deuxième version de ses lunettes
connectées, les Moverio BT 200, il s’était fixé un objectif de vente modeste de
50 000 unités sur l’exercice 2014/2015 ; à quelques mois de
l’échéance, il semble avoir gagné son pari. Avec une particularité :
« nous visons plutôt le monde industriel », note Marc-Antoine
Godfroid, chef de produit Europe en charge des Moverio.
Du vrai 3D
Pour séduire
le monde industriel, Epson a fait des choix originaux. D’abord, ses lunettes
sont des binoculaires. Chaque verre intègre en effet un système d’affichage LCD
issu des développements réalisés pour ses vidéoprojecteurs. Avantage : «
nous pouvons afficher des contenus en 3D, en particulier pour réaliser de la
véritable réalité augmentée », note Lucie Baron, chef de produit en France.
Le fait de proposer des lunettes aux verres transparents représente également
un atout. Inutile d’afficher l’intégralité de l’environnement, des ajouts
d’informations écrites ou dessinées, mêmes simples, sur l’image réelle, suffit.
Et en cas de panne, l’opérateur continue de voir devant lui, contrairement à ce
qui se passe avec un dispositif de type Oculus. A noter, toujours pour
s’adapter au mieux à un usage industriel, la forme des lunettes autorise le
port de lunettes de vue en plus des BT 200 sans réduire le confort. Mieux,
Epson propose des montures sans branches pouvant accueillir des verres
correcteurs, qui se placent directement sur les Moverio.
Qui dit
lunettes connectées, dit aussi capteurs. Les BT 200 et leur contrôleur
embarquent ainsi gyroscopes, accéléromètres et boussole, ainsi qu’un module
GPS. Elles communiquent via Wifi et Bluetooth et intègrent un système de
contrôle vocal. A noter, afin de rassurer les utilisateurs effrayés par le fait
de porter un module wifi au niveau de leur tête, « il n’est pas logé dans
les lunettes mais dans le contrôleur », précise Lucie Baron. Mieux, ces
lunettes embarquent également la technologie Miracast d’Epson, qui permet de
projeter sur un appareil extérieur (et plus particulièrement un
vidéoprojecteur) les images affichées dans les lunettes. Les utilisateurs
disposent de 8Go de mémoire interne (plus 32 Go via un port SD card) pour
héberger leurs programmes. Autonomie de l’ensemble : jusqu’à 6 heures en
utilisation normale.
Enfin, Epson
a opté pour le même processeur (une puce Texas Instruments Omap) que la plupart
de ses confrères, mais pour un système d’exploitation inattendu : Android.
Les lunettes sont ainsi reliées par un fil à un contrôleur de la taille d’un
téléphone portable, qui abrite le cerveau du dispositif et sert également
d’accessoire de pointage. Intérêts majeurs de ce choix : la mise en place
d’un « Moverio application Market » au sein duquel les utilisateurs
pourront piocher les applications qui les intéressent (on en compte déjà près
de 100. Et il est aussi possible d’installer une appli sans passer par le
market) et l’utilisation d‘une technologie connue des développeurs. A noter, le
Japonais a mis en place un portail dédié aux développeurs, qui bénéficient en
outre d’un support direct au Japon.
Maintenance et logistique
Pour
l’heure, la plupart des applications disponibles sont au stade du test. Mais certaines
sont particulièrement tournées vers l’industrie. Le spécialiste israélien de
l’alimentation en eau potable Mekorot a ainsi testé les BT 200 dans le cadre
d’une maintenance assistée : sur le terrain, les opérateurs étaient guidés
par un technicien à distance, qui affichait des informations dans leur champ de
vision pour les aider. Chez Easyjet, on les retrouve aussi sur le nez des
techniciens de maintenance. Le Français Energiency a quant à lui développé une
solution qui affiche sur une machine sa consommation d’énergie (voir encadré).
« Le concept du produit va définir l’usage. Beaucoup d’industriels
ont déjà des applications sur Smartphones et veulent passer aux lunettes »,
commente Marc-Antoine Godfroid. Ce sont cependant les applications en
logistique et dans le monde de la formation qui semblent les plus prometteuses.
En France, Generix Groupe mène actuellement des tests et pourrait proposer un
produit concret très bientôt.
Le
dernier atout des BT 200 ? Leur prix, qui plafonne à 699 euros TTC. Leur
point faible ? Le même que pour toutes les lunettes connectées : la
résolution de la caméra embarquée, limitée 640 × 480 pixels (VGA). Beaucoup
d’utilisateur la juge insuffisante, notamment pour être en mesure de lire des
codes 2D et des codes-barres de petite taille. A quand une caméra HD
embarquée ? « Pour l’instant, il n’y a pas de valeur ajoutée à utiliser un
capteur plus performant, répond Marc-Antoine Godfroid. Les applications à venir
privilégieront plutôt la reconnaissance de formes, d’objets plutôt que la
lecture de codes. Notre configuration technique a été validée par les plus
grands spécialistes de ce domaine ».