Innorobo 2016 est venu
clôturer la séquence des
événements consacrés à la
robotique et aux technologies
de pointe pendant le premier
semestre. Pour sa sixième
édition, ce salon créé à Lyon,
avait investi les Docks de
Paris avec deux espaces
d’exposition dont l’un presque
entièrement consacré à la
fabrication additive et aux
techniques d’impression 3D.
Du 24 au 26 mai dernier, deux
cents exposants d’une vingtaine
de pays sont donc venus
à la rencontre de plus de 10 000
visiteurs de 57 nationalités ; des
professionnels en grand nombre mais
aussi, des étudiants, des chercheurs, des enseignants, des passionnés,
parfois même de simples curieux
désireux de découvrir les technologies
qui façonneront les années qui
viennent dans l’industrie et dans les
services.
Les espaces d’exposition d’Innorobo
ne ressemblent guère à ceux que l’on
parcourt au fil des autres expositions
professionnelles s’adressant aux
industriels… et c’est tant mieux.
Bien sûr, les grands acteurs de la
robotique industrielle tels que, ABB,
Fanuc, Kuka, Sepro Robotique et
Stäubli étaient présents sur l’événement.
De grands laboratoires de
recherche comme le CEA List et l’IRT
Jules Vernes, des écoles d’ingénieurs
comme Polytech Paris – UPMC et
des organisations professionnelles
comme le Cetim et le Symop étaient
aussi de la partie.
Mais sur cette exposition, les robots
ne se contentent plus seulement
d’être des auxiliaires automatisés
hautement spécialisés ; ils adoptent
une forme humanoïde, parlent d’une
voix le plus souvent enfantine pour se
rendre sympathiques et arborent des
coques en plastiques chatoyantes qui
renforcent leur apparence futuriste.
Dès l’entrée, on peut ainsi rencontrer
un robot doué de la parole,
venu à la rencontre du visiteur pour
s’enquérir de ses attentes, prêt à le
renseigner sur le programme des
conférences, des démonstrations
et des animations. Certes, quelques
bugs émaillent parfois les échanges
mais ils font partie du jeu. Innorobo
ne propose pas de voir ou revoir des
produits éprouvés et déjà largement
médiatisés mais d’aller à la rencontre
de technologies encore en gestation.
De 7 à 77 ans…
Au sein des allées d’Innorobo – et la
cuvée 2016 n’a pas échappé à la règle
– la robotique se rend accessible au
plus grand nombre sans distinction
d’âges, de sexes ou d’horizons professionnels.
Pendant ces trois jours, les
craintes et les réticences des uns et
des autres pour les technologies ont
été reléguées au second plan pour se
focaliser sur les avancées permises
par les équipements d’une part, mais
aussi par les logiciels qui les accompagnent,
les systèmes auxquels ils
s’interfacent, les dispositifs permettant
de les piloter et de les alimenter
en énergie ou encore, ceux leur
apportant plus d’autonomie.
Sur le stand de Cogibot, la robotique
se veut ludique et éducative.
Des kits comportant tant
les éléments mécaniques que les
composants dédiés à leur pilotage
s’offrent aux enseignants pour
initier leurs élèves dès le plus jeune
âge, aux concepts scientifiques
souvent abstraits et développer
en eux, l’esprit collaboratif. Les
ensembles proposés ciblent aussi
bien les écoles maternelles que les
enseignements primaire et secondaire,
voire les études supérieures.
Société mobilisée dans la fourniture
de composants mécatroniques aux
industriels, ERM Automatismes a
aussi présenté des produits destinés
à l’initiation à la programmation
comme les modules Ozobot,
Ohbot et Thymio ainsi que des
outils d’assistance pour l’initiation
et l’éducation aux technologies.
Ces démarches sont aussi présentes
dans les activités de Génération
Robots qui propose une vingtaine
de kits allant de l’initiation à la
robotique au perfectionnement
des connaissances pour s’étendre
jusqu’à l’enseignement supérieur
en s’adressant aux élèves ingénieurs
par l’intermédiaire de robots
mobiles avancés et de drones
personnels.
La robotique de
service en quête de
débouchés
Softbank Robotics s’est taillé un
certain succès avec Pepper, un petit
robot de service de la taille d’un
enfant – 1,2 m, 28 kg – à l’allure
sympathique. Capable grâce à sa
caméra 3D de lire un badge et de
reconnaître des formes simples, il
roule des yeux de couleur changeante
lorsqu’il cherche la réponse
à apporter au visiteur qui l’interroge.
Portant une tablette tactile
de 10 pouces sur la poitrine, il
peut afficher un plan, détailler l’itinéraire
permettant de rejoindre
une salle de conférence, diffuser
une vidéo promotionnelle, etc.
Selon ses concepteurs, Pepper
est capable de reconnaître les
émotions humaines et d’adapter
son comportement aux sautes
d’humeur de son interlocuteur.
Parfois présenté comme un compagnon
familial, ce produit vise principalement
le marché de l’accueil et
du divertissement de la clientèle.
Pendant quelques mois, des robots
Pepper ont connu une première
expérimentation en France dans
les gares SNCF de Nort-sur-Erdre
en Loire-Atlantique, des Sables
d’Olonne en Vendée et de Saumur dans le Maine-et-Loire où ils étaient
chargés d’informer les voyageurs.
Si Pepper se déplace au moyen de
trois roues omnidirectionnelles
intégrées dans sa base, Romeo
est un véritable robot humanoïde
c’est-à-dire, doté de deux bras
et… de deux jambes. Encore
en phase expérimentale, Romeo
n’est pas sans rappeler l’air ingénu
du robot C3P0 de la Guerre des
Etoiles. Softbank Robotics destine
ce produit au marché de l’accompagnement
des personnes en perte
d’autonomie.
Autre société qui se cherche une
place sur le marché de la robotique
de service, Immersive Robotics
propose Waldo, un robot pilotable
à distance qui a pour particularité
d’être capable d’explorer des
lieux éloignés à la place de l’utilisateur.
Doté de deux caméras,
Waldo permet à la personne qui le
pilote, de s’immerger au moyen de
lunettes de vision stéréoscopique,
dans l’environnement que parcoure
Waldo. Ce dernier a aussi la possibilité
de saisir des objets, d’ouvrir
une porte, d’allumer ou d’éteindre
un interrupteur, etc.
Il peut aussi apprendre à reconnaître
un utilisateur pour s’attacher
à ses pas afin de le suivre automatiquement
dans ses déplacements
pour par exemple, lui venir en
aide en transportant des objets
jusqu’à concurrence de 20 kg. Des
capteurs lui permettent d’interagir
avec les obstacles et les personnes
rencontrées, lui conférant la capacité
de se déplacer seul de manière
entièrement autonome.
On peut aussi mentionner Awabot,
Axyn Robotique ou Crosswing
qui misent aussi sur des équipements
de téléprésence, pilotables
à distance et doués de fonctions
d’interaction plus ou moins développées.
Le principe est un peu
le même pour tous ces produits :
une tablette tactile équipée d’une
caméra est fixée sur un socle mobile
motorisé. L’utilisateur peut déplacer
cet aréopage qui tient à la fois
du drone roulant et du robot, soit
pour observer l’environnement,
soit pour s’adresser à distance aux
personnes présentes.
La start-up Blue Frog qui veut aller
plus loin, développe Buddy, un
robot de service pour la famille,
suffisamment branché pour ne rien
ignorer des réseaux sociaux. Il est
ainsi capable de garder un oeil sur
les courriels reçus et suivre les
informations postées sur les pages
Facebook et autres fils Tweeter de
la communauté familiale élargie aux
amis et connaissances connus des
services en ligne. Et quand il est seul
à la maison, il surveille les locaux et
prévient en cas d’intrusion.
Si ces robots de forme plus ou
moins humanoïde, cherchent
encore leurs débouchés commerciaux,
leurs capacités à se déplacer
et à interagir avec l’environnement
et les objets qui le composent,
intéressent certains secteurs
de l’industrie. C’est le cas par
exemple, de l’assemblage des appareils
dans l’aéronautique où la
grande majorité des opérations
sont encore réalisées à la main.
Des robots humanoïdes pourraient
demain, renforcer les équipes de
montage.
L’intelligence
artificielle pour une
meilleure interaction
robotique
Pour l’heure, les robots industriels
ne sont encore que des machines
assurant de manière répétitive, un
certain nombre de fonctions reprogrammables.
Cette constatation
s’applique aussi bien aux robots
d’assemblage et de fabrication,
qu’à ceux assurant le picking ou le
packaging. Les cobots constituent
une première avancée en direction
d’une plus grande adaptabilité de la
machine à la présence de l’humain
mais aussi, à ses attentes, par nature
changeantes.
L’adaptabilité robotique passe par la
capacité dans une situation donnée,
d’effectuer des arbitrages complexes
et de prendre ce qui sera considéré
comme la meilleure décision. Des
recherches sont réalisées et des expériences
sont menées pour par exemple,
faire interagir plusieurs robots regroupés
en cluster. Il s’agira pour réaliser
une tâche, de collaborer en effectuant
des opérations de différentes natures
en laissant à chaque robot, la possibilité
d’assurer une mission spécifique. Un
robot peut par exemple, maintenir un
objet immobile, pendant qu’un second
assemble des pièces et qu’un troisième
lui passe les outils dont il a besoin.
Plusieurs robots pourraient encore
collaborer pour ranger des pièces dans
un magasin de stockage, en choisissant
les meilleures trajectoires, le nombre
de pièces transportées à chaque déplacement
en fonction de leur poids et de
leur taille, etc.
Créée en 2015, A.I. Mergence est
une entreprise spécialisée dans les
domaines de l’Intelligence Artificielle
(IA) et de la robotique autonome. Elle
développe E-4, un robot mobile autonome
chargé de prévenir et de détecter
des intrusions dans les domiciles ou les
bureaux. Il peut aussi alerter le propriétaire
des locaux en cas d’inondation ou
d’incendie. C’est également un robot
compagnon, capable d’interagir avec
les personnes ou les animaux présents
dans l’environnement, tout en restant
discret.
Certains des acteurs se sont spécialisés
dans l’intelligence robotique qui constitue
le prochain bond technologique
différenciant. L’association RoboTips,
originaire de Clermont-Ferrand, en
fait incontestablement partie. Ses
membres partagent tous la même
passion pour les robots et l’intelligence
artificielle avec pour finalité de marier
les premiers avec la seconde. Parmi
les projets de RoboTips, on trouve
la création d’un groupe de robots
miniatures capables de se regrouper
en cluster afin de collaborer pour la
réalisation d’une tâche, comme par
exemple : rassembler ou disperser
des cubes. Si l’aspect ludique est bien
présent, une telle application intéresse
l’industrie mais aussi, les sociétés de
service spécialisées dans la logistique ou
le transport, voire dans la surveillance
territoriale ou la Défense.
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