Communication

La mondialisation s’invite à la table de l’Industrie 4.0

Le spécialiste de la robotique
industrielle Kuka Robotics et le
groupe chinois Midea qui produit
de l’électroménager, sont en
relation depuis plusieurs années
puisque le premier participe à
l’effort de modernisation des
usines du second… Mais depuis
début juin, voilà que le client
veut racheter son fournisseur,
suscitant des réactions
passionnées outre-Rhin.

Depuis l’été 2015, Midea est entré
au capital de l’entreprise allemande,
détenant d’abord un peu
plus de 5 % de parts avant de monter à un
peu plus de 13 % au cours du printemps.
Aujourd’hui, l’appétit de Midea ne connaît
plus de limite puisque le groupe chinois à
annoncé début juin qu’il lançait une offre
publique d’achat – OPA – sans avoir
clairement annoncé ses intentions à la
direction de son partenaire au préalable.
Bilan, cette OPA qui n’est ni totalement
hostile, ni réellement amicale, passe
plutôt mal en Europe en général et en
Allemagne en particulier, où le spectre
du « péril jaune » alimente toujours les
plus sourdes craintes.

D’un côté, on trouve donc une entreprise
européenne plus que centenaire
qui avec l’helvético-suédois ABB et les
japonais Fanuc et Yaskawa, est l’un des
chefs de file de la robotique industrielle
dans le monde. En France, ses robots
équipent par exemple, les usines d’Airbus
et de Renault, en Allemagne, on
les trouve chez Volkswagen, Porsche
ou Skoda et aux Etats-Unis, ils participent
– entre autres – à l’assemblage des Tesla, modèles emblématiques
de véhicules électriques ancrés dans
le futur. L’entreprise emploie plus de
12 000 personnes dans le monde et son
chiffre d’affaires tutoie les trois milliards
d’euros pour une marge opérationnelle
atteignant presque 7 %.

En face, le groupe Midea qui possède une
vingtaine d’usines dans le monde, existe
depuis près d’un demi-siècle et emploie
plus de 100 000 personnes. Son chiffre
d’affaires d’environ 20 milliards d’euros
provient pour un tiers de ventes réalisées
en dehors de l’Empire du milieu. Selon
différentes estimations, le bénéfice net du
groupe dépasserait 12 milliards d’euros
et sa capacité en trésorerie est estimée
à quatre à cinq fois ce montant. Autant
dire qu’en offrant, 115 € par action de
l’entreprise allemande, le groupe chinois
valorise ce dernier à sensiblement
4,6 milliards d’euros ; un investissement
qui n’est donc pas démesurément élevé
au regard de sa solidité financière.

Tout devrait aller pour le mieux dans
le meilleur des mondes à l’heure où les
acteurs économiques ne parlent plus que
de Globalisation. Outre-Rhin pourtant,
cette médecine chinoise qui s’invite au
chevet d’une économie industrielle allemande
convalescente, passe mal. Sigmar
Gabriel, ministre de l’Économie fédérale
en accord avec Günther Oettinger,
commissaire européen à l’Économie
et à la Société numériques, souhaitent
qu’une potion germanique ou même
européenne, soit administrée au patient.

Sondé plus ou moins discrètement, le
groupe Siemens ne semble pas pressé
de mettre Kuka sous perfusion… à
ses frais. Pourtant, il suffirait d’un pacte
d’actionnaires se montant à sensiblement
1,5 milliards d’euros, pour contrôler
environ 30 % du capital de Kuka, et disposer
ainsi d’une forteresse inexpugnable au
conseil d’administration… Considérant
qu’il dispose déjà d’une position solide
dans le capital de l’entreprise allemande,
le groupe Midea peut atteindre cet objectif
en ne dépensant que… 800 millions
d’euros.

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