Ce pourrait être une nouvelle fable de La Fontaine, sans morale. Tout commence hier lors des journées Cap’tronic avec une secrétaire d’Etat au numérique qui revient d’Allemagne et a découvert l’importance d’Industrie 4.0 et nous fait, à la tribune, une explication détaillée de cette quatrième révolution industrielle. Avec en conclusion, une volonté farouche de voir la France s’y raccrocher. Axelle Lemaire, aurait-elle fait un couacc ?? Espérons que non, mais c’est la première fois qu’un représentant français parle positivement de 4.0, auparavant le mot était tabou, il fallait parler d’Usine du Futur, la France n’allait quand même pas se mettre au même niveau que les Allemands…
A chaque occasion, nos décideurs nous expliquaient que les Allemands avaient oublié la notion humaine, que l’Homme n’était pas pris en compte dans un 4.0 allemand qui ne serait que technologique. Inutile de vous préciser que nos voisins germaniques intègrent la place de l’Homme dans leur 4.0.
Bref, j’en étais là, encore tout éberlué, lorsque ce matin pour son observatoire de l’Usine du Futur, Fives avec son invité Dominique Foucard, directeur de la performance industrielle de Michelin, nous a montré, et démontré, l’importance de l’aspect humain. Le groupe Michelin a fait du Kaisen à la mode auvergnate. Parmi les sujets parlants, il fut question d’autonomie de production qui permet aujourd’hui de fonctionner en 24h/24 et 7 jours sur 7 avec une présence managériale uniquement durant 30% du temps.
L’un des challenges du groupe a été de gérer les « carrières plates » des ouvriers pour trouver des évolutions de carrières pour tous. Une prise en compte d’une évolution sociétale pour faire face au peu d’engouement des jeunes qui aujourd’hui n’ambitionnent pas de rentrer dans une usine de production avec pour seule perspective d’être au même poste vingt ans plus tard.
L’objectif est de donner envie et d’éviter des discours du genre « je donne mes bras à l’entreprise, alors qu’elle laisse ma tête tranquille ». D’ailleurs Michelin s’enorgueillit de ne pas avoir de DRH : pour le groupe, les ouvriers ne sont pas des ressources comme des machines, mais des acteurs. Une fois la responsabilisation et l’implication de tous acquises, il devient possible d’optimiser ses usines pour les transformer en Industrie 4.0. Michelin reste un exemple pour beaucoup.
Tiens, et si notre secrétaire d’Etat allait chez Michelin ? Elle s’éviterait un long trajet vers l’Allemagne.
Ahhhh, j’avais dit sans morale.