Economie

Le motion control redémarre

L’année 2012 a été difficile pour les
acteurs de ce domaine. L’avenir s’annonce meilleur dans le monde, et en
particulier en Europe et en France.

 

Si l’on en
croit la dernière étude de Arc Advisory Group sur le sujet, le marché mondial
du motion control (qui comprend, selon le cabinet, les automates, les commandes
ou contrôleurs d’axes et les moteurs), après une hausse de 45% entre 2009 et
2010 et une progression de 9% en 2011, a dévissé de ssss% l’année dernière, à
6,456 milliards de dollars. « Le marché global du motion contrôle a été
particulièrement affecté par une baisse importante des investissements en
équipements lors de la seconde partie de 2012 », commente ARC Advisory Group.

 

 

Les Amériques progressent

Selon cette
étude, la situation est contrastée selon les régions du globe. Ainsi, dans un
environnement globalement négatif, les Amériques du Nord et du Sud s’en sortent
mieux. En particulier l’Amérique latine, dont le marché a cru de 22% par sur
les 6 dernières années ! Une performance due notamment aux constructions
d’usines au Mexique et au Brésil, suite à leurs politiques de bas-coût de main
d’œuvre et de protectionnisme. Des politiques qui ont d’ailleurs poussé
certains acteurs à s’implanter sur place, à l’image de Mitsubishi Electric,
dont la nouvelle entité brésilienne vise les 25 millions de dollars de chiffre
d’affaires annuel à l’horizon 2016, ou encore de Kollmorgen, qui a acquis le
fabricant local MCS Egenharia. A noter, ces opérations marquent la stratégie
des grands acteurs d’opérer désormais des acquisitions de base installée et de
parts de marché, plutôt que de compléments de gammes. Même si ce mouvement
s’est également poursuivi en 2012 et 2013 avec, notamment, les rachats de
Dunkermotoren par Amtek, celui de LTi Drives par Korber et celui de Vipa par
Yaskawa.

En Asie le
ralentissement de l’économie chinoise a pesé sur les ventes, en recul de 12% en
2012. « La chine commence à ressentir des effets de la surcapacité »,
annonce ARC Advisory Group.

Le marché y
reste cependant considérable et les fournisseurs locaux deviennent constituent
désormais une concurrence non négligeable pour les acteurs venus d’ailleurs. «
Dans les commandes numériques, un acteur inconnu il y a trois ans est désormais
à la cinquième place du classement », témoigne Thierry Bouchaud, directeur
du marché motion control de Siemens en France.

Enfin, sur
la région EMEA (Europe, Middle East 
Africa), la situation n’a guère été plus confortable, avec un marché en
replis de 7% sur l’année 2012. En cause, la crise de la dette, mais aussi le ralentissement
en Asie, qui a eu un impact sur des OEM européens souvent très exportateurs. En
outre, certains secteurs comme l’imprimerie, l’éolien ou le photovoltaïque ont
sérieusement reculé.

Selon ARC
Advisory Group, la suite s’annonce meilleure, avec une progression à un chiffre
cette année sur la zone EMEA et, pour le marché mondial, une hausse moyenne
annuelle de 4,9% par an sur les cinq prochaines années.

 

En France, bilan contrasté

Selon les
fournisseurs de matériel, la France suit globalement la tendance européenne.
Mais les bilans et les perspectives sont contrastés. Ainsi, Chez Bosch Rexroth,
« 2012 a été globalement une année stable, légèrement en baisse sur la
première monte mais les services enregistrent une croissance à deux chiffres.
L’année 2014 devrait être au même niveau que 2013, voire meilleure »,
déclare Vincent Caulet, directeur des secteurs Industrie chez Bosch Rexroth
France. Pour Siemens, l’activité en 2013 serait en léger recul après une phase
de légère croissance. Cependant, « le motion control  chez nous est scindé en deux : la
machine-outil et le hors machine-outil. Les deux activités représentent un
poids identique, mais la machine-outil avait progressé davantage et a subit
ensuite plus fortement le ralentissement », note Thierry Bouchaud.
Explication : « nous sommes en phase de conquête sur le hors
Machine-Outil », commente le directeur du marché motion control de Siemens
en France. D’autres sont plus optimistes. « 2012 a été une bonne année
pour Schneider Electric en motion control en France et 2013 sera encore
meilleure », assure ainsi Laurent maillot, responsable marketing motion
control et robotique chez Schneider Electric.

 

Encore des moteurs

Ce qui va
tirer le marché à l’avenir ? Le secteur agroalimentaire, dont les machines
automatisées sont souvent de grosses consommatrices d’axes pilotés, et sans son
sillage l’emballage et la manutention, mais aussi le monde du médical, la
cosmétique et l’industrie pharmaceutique. « Dans les machines, en
particulier dans le packaging, les clients veulent des équipements compacts,
modulaires et flexibles, qui peuvent se reconfigurer rapidement. Cela passe par
l’usage d’axes supplémentaires », affirme Laurent maillot, de Schneider
Electric. En outre, les secteurs clients historiques du motion control, comme
l’assemblage, demeurent. Par contre, « ils nous demandent de fournir des
solutions complètes autour du motion control », note Vincent Caulet. Pour
siemens, la machine-outil demeure également une valeur sûre. « Dans ce domaine,
les constructeurs français sont situés sur des niches haut de gamme et sont
très exportateurs », note Thierry Bouchaud. Enfin, les aspects de
sécurité, devenus très importants en Europe, et le changement de normes
concernant les moteurs haut rendement, actuellement en cours, constituent des
moteurs forts pour le marché actuel.

En revanche,
la donne commence à changer. « Dans le positionnement, le marché a
longtemps été poussé par la problématique de performance. Depuis un an environ,
cet effet est moindre. L’effort technologique et financier à fournir pour
gagner quelques pourcents supplémentaires est trop important. Désormais, les
industriels préfèrent donc porter leurs efforts sur le « design to cost »,
c’est-à-dire de réduire le coût, à fonction égale », note Thierry
Bouchaud. Un effet d’autant plus important que les OEM européens exportent
majoritairement vers Asie, où cette tendance est très marquée. Une nouvelle
moyennement bonne pour les fournisseurs, dont les chiffres d’affaires et les
marges s’étiolent. C’est déjà le cas en Asie. Au Japon, Yaskawa a par exemple
vu sa marge opérationnelle baisser de 61% dans le motion control alors que ses
ventes n’ont baissé que de 2% l’an dernier. Cet effet gagnera sans doute les
Européens. Même s’ils se concentrent sur les services, il est donc peu probable
que le marché progresse autant que la moyenne mondiale dans les années à venir…

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