Le Centre technique des
industries mécaniques, plus
connu sous l’acronyme Cetim
souffle cinquante bougies
en 2016. C’est l’occasion de
jeter un regard sur le chemin
parcouru par un organisme
qui joue un rôle important
dans la propagation des
technologies notamment
d’automatisation auprès des
PME.
Créé il y a cinquante ans par la
volonté conjointe de l’État et
de la Fédération des industries
mécaniques (FIM) pour mutualiser des
moyens et des compétences technologiques
sur la base d’un financement
par taxe affectée, le Cetim est le plus
important de nos Centres techniques
industriels (CTI).
Fort d’un effectif de près de
700 personnes, majoritairement ingénieurs
et docteurs, réparti sur trois
sites principaux (Senlis, Nantes, SaintÉtienne),
il est aujourd’hui l’Institut français de référence dans le domaine
de la mécanique. Il est titulaire du label
Carnot attribué par le ministère de la
Recherche. Le dispositif est complété
notamment par trois centres de
ressources technologiques régionaux,
deux filiales internationales (Maroc et
Tunisie), une fondation scientifique,
soit au total une force de frappe de
près de 1000 personnes développant
une activité économique supérieure
à 130 millions d’euros par an dont
plus de 50 % issus de prestations de
services technologiques auprès de
l’Industrie.
Deux cent industriels répartis en
une trentaine de commissions techniques
selon les différents métiers
mécaniciens, définissent et suivent
1 500 études pluriannuelles pour un
montant de 15 millions d’euros par
an. Le Cetim est ainsi un acteur historique
de la diffusion des technologies
d’usinage à grande vitesse en France.
C’est aussi l’ordonnateur pratique de
réglementations complexes comme la
sécurité des machines. Le Cetim est
encore l’un des piliers de l’effort de
normalisation français en mécanique
assurant 60 % de son financement et
un soutien technologique constant.
Ses experts tiennent par exemple, plus
de 210 sièges dans les commissions
nationales et internationales.
Un acteur du développement
des PME
Au contact de ses 6 500 petites et
moyennes entreprises mécaniciennes
cotisantes, le Cetim entretient en
France une présence de proximité
matérialisée par des réunions thématiques
comme les « Rendez-vous de la
mécanique » qui chaque année, attirent
plus de 2 200 participants.
Surtout, il assure le montage d’actions
collectives régionales cofinancées par
l’Etat et les Régions avec 80 initiatives
en cours, au bénéfice de plus
de 1 000 PME. Ces actions, au départ
à caractère exclusivement technologique,
se sont étendues au cadre
stratégique des entreprises, notamment
par le programme Acamas mené
avec la FIM, qui a mobilisé 26 millions
d’euros sur 7 ans et s’est déployé
dans 18 régions, au profit de plus de
1 100 PME.
Parallèlement, aux côtés de la FIM, le
Cetim s’est fait le trait d’union entre
les pôles de compétitivité mécaniciens
et les points de regroupement au
niveau européen à travers les structures
Mécafuture et Manufuture afin
de favoriser au maximum, la présence
des PME dans les programmes de partenariats publics-privés. Le savoirfaire
et la reconnaissance acquis au
travers de ces actions sont aujourd’hui
mis au service du déploiement de
l’Industrie du Futur dans le cadre de
l’Alliance nationale dont le Cetim est
l’un des membres-fondateurs.
De la recherche
académique à
l’application
industrielle
L’une des principales missions du Cetim
consiste à trouver et à favoriser l’émergence
du futur technologique auprès de
l’Université notamment, par l’intermédiaire
de neuf laboratoires communs.
Il participe aujourd’hui à l’élaboration
scientifique à travers plus de 35 thèses
cofinancées, pour ensuite construire
avec ses partenaires industriels les applications
qu’ils mettront à profit demain.
C’est sur ce modèle que se sont
créées des plates-formes technologiques
prometteuses telles que le
Technocampus Composites à Nantes
pour l’industrialisation des matériaux
composites, l’Institut de mécatronique
en lien avec l’Université de technologie
de Compiègne ou Innoprod dédié aux
nouvelles technologies de production,
telles que la fabrication additive, en
collaboration avec l’École nationale
d’ingénieurs de Saint-Étienne.
Le Cetim est à l’origine de plus de
30 déclarations d’invention de la part
de ses salariés, valorisées par le dépôt
d’une dizaine de brevets chaque année.
Le Cetim poursuit son action pour
accompagner les PME dans la mise en
oeuvre industrielle de leur innovation,
moyennant royalties. Une vingtaine
d’opérations ont déjà été conclues,
matérialisées par des retours financiers
annuels supérieurs à 200 000 euros.
L’Industrie du
Futur, une réalité
dès aujourd’hui
Découpe au jet d’eau pour l’industrie,
la décoration ou l’architecture,
fabrication de chaudière biomasse,
assemblage de silos à grains, fabrication
de composants mécatroniques
ou de fromages… les bénéficiaires du
dispositif Robot Start PME, soutenu
par l’État au titre des Investissements
d’Avenir, viennent de secteurs d’activité
variés.
« Les parcours des entreprises accompagnées
par ce dispositif, illustrent le
rôle décisif que la robotique peut jouer
aujourd’hui dans l’ensemble du tissu
industriel français, lorsque l’on donne aux
dirigeants toutes les clés pour se lancer.
Dans certains des domaines concernés,
ils n’osaient tout simplement pas, il y a
encore quelques temps, penser à robotiser
» explique Yann Perrot, chef du
laboratoire de Robotique interactive
du List, institut de CEA Tech, le pôle
de recherche technologique du CEA.
Incluant dix jours d’accompagnement
par un expert, l’établissement d’un
diagnostic et d’une étude de faisabilité,
le dispositif Robot Start PME encourage
les dirigeants d’entreprise à franchir
le cap. Le programme inclut en
outre, une aide à la constitution d’un
panel de recherche et de consultation
d’intégrateurs, un accompagnement
pour l’étude de pré-industrialisation
ainsi qu’une subvention allant jusqu’à
10 % de l’investissement.
« Le positionnement stratégique des
entreprises est renforcé vis-à-vis des
clients, leur image est plus professionnelle
et innovante. Des dynamiques s’instaurent,
permettant la récupération de
marchés, la possibilité de répondre à des
appels d’offre plus complets, de fabriquer
de nouveaux produits », indique Jean-
Camille Uring, président du Symop.
Impulsé par le chef d’entreprise, le
changement devient l’affaire de tous. Il n’est plus subi comme une contrainte
extérieure mais pleinement vécu
comme l’occasion de prendre son
destin en main et la compétitivité de
la PME concernée s’en ressent. Les
entreprises interrogées prévoient
une hausse de leur chiffre d’affaires
de 11,6 % par rapport à 2014. Tous
les dirigeants déjà engagés dans cette
dynamique, estiment que l’intégration
du robot a amélioré les conditions de
travail de leurs collaborateurs, tant
en termes de diminution de la pénibilité
que dans l’accroissement des
compétences et de l’esprit d’équipe.
Mieux encore, près de la moitié des
entreprises concernées a embauché
ou prévoit de le faire.
« Le programme contribue à sécuriser
et à développer la croissance de ces
PMI en les guidant vers une organisation
de la production et des technologies
d’avenir, vers l’Industrie du Futur »,
conclut Pierre-Marie Gaillot, chef de
projet Robot Start PME au sein du
Cetim. L’immense majorité (95 %) des
entreprises interrogées sont prêtes à
recommander ce programme à leurs
collègues. Mais le temps presse, les
candidatures sont à déposer avant le
31 mai prochain.
Découvrir et valider
des machines et
des procédés avant
d’investir
Parmi les autres initiatives propres
à accélérer le développement et
à renforcer l’efficacité des PME
françaises, il est indispensable de
mentionner le programme d’Unités
pilotes à dispositif partagé (UPDP).
Le principe consiste à mettre à disposition
un équipement de production
basé au Cetim, sous la forme d’un
forfait de location en temps partagé.
Les entreprises peuvent ainsi confirmer
l’intérêt technique et mesurer
la rentabilité de la solution proposée.
Sur une période moyenne de deux ans, elles valident la faisabilité
d’une nouvelle technologie sur leurs
propres produits et s’approprient de
nouvelles compétences ainsi que des
moyens tout en limitant les risques
financiers.
En effet, l’investissement dans une
nouvelle machine est souvent ralentie
par un ensemble de verrous qu’ils
soient technologiques, financiers ou
humains (faisabilité technique, intérêt
économique, charge insuffisante pour
démarrer, coût d’exploitation élevé,
nécessité d’un plan de formation
ou de recrutement, etc.). L’UPDP
permet de partager les moyens et les
connaissances pour valider la technologie
sur ses produits et marchés,
l’expérimenter en vraie grandeur
avant d’investir, acquérir des compétences
techniques et préparer les
évolutions organisationnelles tout en
maîtrisant les coûts.
Depuis 2005, huit UPDP ont permis à
vingt-cinq PME de tester une nouvelle
machine avant d’investir. Plus récemment
est venue s’ajouter la fabrication
additive avec les programmes
Fadiperf et Orthopée qui rassemblent
onze entreprises.