Que l’on soit du genre casanier à la mode père tranquille ou à l’opposé, un baroudeur sans vergogne, nous aimons tous la mondialisation. Au-delà des échanges commerciaux, elle enrichit notre quotidien en permettant la circulation des idées, en favorisant la découverte de nouvelles esthétiques, en nous permettant de voyager plus aisément.
N’en déplaise aux Cassandre, la récente pandémie n’est pas directement le fruit de la mondialisation. Par le passé, l’Humanité a traversé d’autres crises – ô combien plus dévastatrices – alors que les individus et les marchandises circulaient considérablement moins facilement. L’alerte cette fois, a été donnée avec célérité et la communauté scientifique internationale a joué – et joue encore – pleinement son rôle dans l’élaboration de mesures de protection, de protocoles de soins, d’expérimentations et de recherches en matière de traitements et de vaccins. Pour certains, le bilan serait donc hautement positif… hélas, pas tant que cela.
Avec la pandémie, les échanges se sont ralentis, parfois même totalement arrêtés. Un pays aussi riche que le nôtre – et il n’est pas le seul dans l’Union Européenne – a découvert que des pans entiers de son économie mais aussi, le secteur de la santé, jeté en première ligne dans la lutte contre la maladie, pouvaient subir des pénuries cruelles en équipements aussi élémentaires que des surblouses, des gants, sans parler des masques devenus pendant quelques semaines l’objet de multiples trafics et d’âpres compétitions entre alliés et partenaires d’hier.
Cette mondialisation-là, n’est pas belle à voir ! Alors que l’activité reprend progressivement et que chacun retrouve ses marques, il faut s’obliger à ne rien oublier de ce qui vient d’arriver. C’est un chantier énorme qu’il nous incombe de lancer pour qu’une telle situation ne se reproduise plus au premier incident.
La solution passe par une réappropriation de notre destin industriel. Nous devons – collectivement – nous donner les moyens de relocaliser certaines productions. On pense immédiatement au médical avec les médicaments, les vaccins, les respirateurs, les tests mais l’automobile, la production d’énergie, les télécommunications, la micro-électronique de pointe, jusqu’aux équipements sportifs, sont des secteurs tout aussi stratégiques qui conditionnent notre indépendance et donc, notre liberté.
Trop cher diront certains… oublierons nous que la liberté n’a pas de prix ? C’est plus que jamais à notre portée, si l’Europe que nous avons résolument contribuée à construire et à élargir, se décide enfin à jouer son rôle de puissance économique et politique plutôt que se cantonner à n’être qu’un marché commun miné par les iniquités. Il nous faut un havre géopolitique où le dumping social sera banni, où la coopération scientifique et technique sera sans cesse renforcée entre les états et dont la voix portera dans les instances internationales pour sans faiblir, défendre ses intérêts propres, sans oublier que la crise majeure qui nous menace tous est écologique.