développement de Magafor
s’inscrit dans le cadre d’une
véritable saga familiale puisque
chacune des générations qui se
sont succédé jusqu’à aujourd’hui, a
mobilisé la majorité de ses
représentants dans cette aventure
entrepreneuriale. L’automatisation
et la robotique contribuent
aujourd’hui à diviser par deux ses
temps de fabrication.
Magafor fait partie de ces entreprises de taille moyenne qui font rarement la « Une » des médias à
fort tirage. Son histoire plonge pourtant ses
racines jusqu’en 1937, date à laquelle, Robert
Matthey crée l’entreprise avec la volonté de
fabriquer de l’outillage pour l’industrie.
Magafor est implanté sur deux sites de l’est
parisien : Fontenay en Seine-Saint-Denis
depuis 1973 où se situe le siège social, les
bureaux commerciaux ainsi que son plus
ancien pôle de fabrication, et Bussy Saint
Georges où depuis 2010, l’entreprise dispose
d’un second site de production et d’une
réserve en superficie qui lui permet
d’envisager sereinement sa croissance.
Et la nave va puisque Magafor qui emploie un peu moins de 200
personnes, réalise un chiffre d’affaire qui dépasse 20 millions
d’euros dont 70 % à l’export – 48 % dans l’Union européenne et 22
% ailleurs dans le monde – et le reste en France.
Aujourd’hui Magafor fabrique toujours des outils coupants tels que
des forêts et des fraises de toute nature et de toutes dimensions,
avec un catalogue qui compte quelque 12 000 références sur stock.
La fabrication d’un lot commence par la découpe et le décolletage
d’un barreau d’acier sur un tour à commande numérique
automatisé au moyen d’un programmateur Num ou Fanuc. Les
pièces ainsi mises en forme sont ensuite trempées. C’est à l’issue
de ces deux opérations que ce qui n’est encore qu’une ébauche du
produit fini, va encore subir successivement quatre opérations : le
taillage qui va dégager l’espace permettant l’évacuation du copeau
lorsque l’outil réalisera une coupe, le détalonnage, l’affutage et
l’amincissement. Chacune de ces opérations dure une demi-minute
environ.
Sur le site de Fontenay, elles sont réalisées les unes à la suite des
autres par lots entiers sur quatre machines distinctes. La
finalisation d’un lot peut prendre jusqu’à quatre mois puisque
l’optimisation de la production, va nécessiter de regrouper les lots
d’outils de mêmes dimensions pour ne pas multiplier inutilement
les recalibrages de machines. Ainsi, tant que les lots d’un diamètre
donné ne sont pas tous usinés à l’une des étapes, les lots d’autres
dimensions sont mis en file d’attente.
Automatisation, robotisation et
centralisation
Sur le site de Bussy Saint Georges, Magafor a entièrement revu sa
pratique depuis 2011. Les quatre opérations qui viennent d’être
détaillées sont prises en charge par des cellules de fabrication
distinctes et équipées notamment, d’un robot ABB.
Ce dernier intervient à l’entrée pour alimenter la cellule et en sortie,
pour récupérer les produits finis qu’il range dans des bacs. A
l’intérieur de la cellule, on retrouve les quatre centres d’usinage côte
à côte ; un transfert automatisé faisant passer la pièce en cours de
fabrication d’une étape à une autre. Il arrive aussi que le robot
intervienne au milieu d’une des étapes pour retourner les outils
présentant une zone de coupe à chacune de leurs extrémités
comme les forets à centrer. Surtout, le robot travaille en temps
masqué.
La totalité du cycle, c’est-à-dire les quatre étapes conduisant à la
finalisation d’un foret ou d’une fraise, prêt à être expédié chez le
client, occupe autour de 45 secondes. Mais ce n’est pas cette
réduction du temps d’usinage qui constitue la majeure partie du
gain de productivité observé. La mise en place de plusieurs cellules
automatiques à transferts robotisés permet notamment de traiter
simultanément des lots de produits de différentes dimensions sans
avoir à recalibrer ces machines spéciales. De plus, l’ébauche qui
pénètre dans la cellule en ressort sous la forme d’un outil
parfaitement finalisé.
Si l’inertie du temps de fabrication d’un lot sur le site de Fontenay
peut atteindre quatre mois, il se voit réduit à seulement sept à huit
semaines sur le site de Bussy Saint Georges.
une part iMportante De création
interne
Sur les cellules automatisées rebaptisée Magaforce,
l’intégralité des fonctions est numérisée. Reste que Magafor ne
trouve pas nécessairement chez les fabricants de machines ou
chez les éditeurs de logiciels, tous les outils numériques dont
l’entreprise a besoin. C’est pour cette raison que le directeur
technique de l’entreprise, David Garcia n’hésite pas à diversifier
ses activités.
Il définit par exemple, les programmes qui vont piloter
l’automatisation des transferts et des opérations pris en charge
par les cellules. C’est encore lui qui a développé les logiciels
assurant la récupération et le stockage dans une base de
données, des informations constitutives du suivi de production
mis en place sur les sites de Fontenay et Bussy Saint Georges.
La saisie des données au sortir des lignes de fabrication, est
assurée par l’opérateur à l’issue des contrôles de conformité.
Depuis quelque mois, Magafor dispose d’un nouveau banc de
contrôle optique qui a été développé en interne par David
Garcia afin de fournir une solution parfaitement adaptée aux
besoins des opérateurs intervenant sur les cellules robotisées.
Ce banc de métrologie intègre deux caméras, un éclairage
coaxial, un moteur permettant de faire tourner la pièce
contrôlée à une vitesse constante. Un logiciel intègre et
compare les quelques mille images capturées pour calculer par
exemple, les angles et les diamètres. Une pièce sur cinq
produites est contrôlée afin de connaître avec précision si une
dérive nécessite de procéder à un réglage de la machine.
Toutes les informations de contrôle étant conservées,
l’opérateur est en mesure de prévoir à l’avance à quel moment
la dérive constatée nécessitera d’être corrigée et ce, avant
même qu’elle impacte la qualité des pièces produites.
L’opération de contrôle à partir de caméras optiques dure environ 90 secondes alors
qu’une séquence classique basée sur l’utilisation de micromètres et de comparateurs peut
prendre jusqu’à quinze minutes.
L’actuel directeur général de l’entreprise Daniel-Lilian Matthey souligne que chaque
année, Magafor investit sensiblement 10 % de son chiffre d’affaire dans l’amélioration et
la modernisation de ses équipements de production. Ces deux dernières années, la
mesure de suramortissement de 140 % mise en place dans le cadre de la politique de la
Nouvelle France industrielle a apporté une aide appréciée… même si elle n’a pas été
déterminante dans les choix d’investissements opérés par les dirigeants de l’entreprise.