Automatisme

Mais où vont les automatismes ?

Réunis lors d’une table ronde organisée par Jautomatise en partenariat avec de Manufacturing.fr, trois spécialistes du secteur décryptent les tendances actuelles dans les automatismes. Au programme, les outils de programmation unifiée, la gestion de la sécurité et les technologies web.

Quelles sont les grandes tendances dans les automatismes ? Vaste programme… C’est cependant la question posée aux trois participants d’une table ronde organisée en partenariat avec la webTV de l’industrie Manufacturing .fr. Et si les activités de leurs sociétés sont plutôt complémentaires, Thierry Lecoeur, chef de produits automation chez Phoenix Contact, Michel Maissant, responsable marketing business development chez Rockwell Automation et Maxime Renaud, ingénieur marketing chez National Instruments, se sont plutôt entendus sur les grands axes qui guident les industriels.

Des plateformes de programmation
Première grande tendance dans les automatismes, l’utilisation d’outils de programmation unifiés. Le principe est simple : utiliser un même outil informatique permettant de cibler toute une gamme de matériels différents, qui peuvent évoluer, grâce au logiciel, pour répondre à tous les besoins. « Actuellement, nous allons vers des outils plus faciles à utiliser, de plus haut niveau, qui vont permettre à des équipes réduites de sortir des solutions plus rapidement sur le marché », note Maxime Renaud. Et l’ingénieur de souligner que ces fameuses plateformes globales sont désormais plus logicielle que matérielles. Chaque constructeur propose sa propre solution qui correspondra à ses matériels. Cependant, « Il y a une base commune ; les fabricants proposent des logiciels normés», précise Thierry Lecoeur. Ainsi, un client va-t-il investir du temps pour apprendre la programmation mais ce temps sera capitalisé pour être ensuite éventuellement utilisé avec les outils d’autres fabricants. Pour faciliter l’emploi de ces outils, « la tendance est au plug and play, avec des outils et des bibliothèques préinstallés et préconfigurés pour être utilisés en fonction du métier de l’utilisateur », poursuit le responsable marketing. Un outil de programmation universel, mutliconstructeur, c’est envisageable ? « Cela sera très difficile car chaque fabricant va apporter des outils spécifiques mais va aussi apporter son métier et son savoir-faire », répond Thierry Lecoeur.
Pour Michel Maissant, outre un outil logiciel commun, l’utilisateur doit aussi disposer d’une plateforme matérielle commune, multidisciplinaire, pour l’aider à traiter tous les aspects de son application dans un même univers, « pour des raisons de simplification de la partie formation, de maintenabilité de support de parc installé ».

Gérer la sécurité
Autre aspect essentiel des automatismes : la gestion de la sécurité. Déjà, plusieurs constructeurs proposent des automates capables d’assurer leur travail d’automates, mais également de traiter des informations de sécurité. La tendance dans ce domaine ? « Des solutions plus ou moins universelles, qui peuvent traiter la sécurité sur différents automates du marché et sur différents réseaux », déclare Thierry Lecoeur. Selon le spécialiste, la limite de ces solutions est dans le réseau et dans les capacités des automates utilisés, mais « elles vont répondre à 80% des besoins des constructeurs en termes de Safety sur des machines, du process ou du packaging ».
Au –delà de l’aspect « safety », assurer la sécurité d’une installation, c’est aussi « garantir qu’entre différents équipements, le transfert des données va se faire de manière fiable et que les données soient intègres à l’issue du transfert. La sécurité de transfert de données est importante », note Michel Maissant. Les automatismes sont-ils des proies potentielles pour les virus ? « Aujourd’hui, ils sont relativement protégés car fermés par le constructeur. Les virus qui sont apparus ont attaqué des logiciels de plus haut niveau, de supervision », répond Maxime Renaud. En revanche, « ce qui est important c’est la sécurité des informations. A l’heure où l’on se propose d’accéder à ses données à tout moment et de n’importe où, il est essentiel de protéger ces informations sur le réseau ».

L’accès à distance
Cet accès permanent à l’information provenant des équipements depuis le web constitue la troisième grande tendance des automatismes. A quoi cela sert-il ? « Pour le fabricant d’une machine, cela permet de détecter à distance les arrêts machines et les causes de ces arrêts, et de diagnostiquer les pannes de manière rapide », explique Michel Maissant. Encore une fois, il existe des outils pour créer des pages web personnalisées pour que l’utilisateur puisse avoir accès à l’ensemble des informations dont il a besoin dans un univers qui leur est habituel. Mais attention, si l’on accède aux informations à distance, le contrôle commande, lui, reste une fonction locale. « On ne peut pas envisager de déporter, de dématérialiser la partie contrôle commande, ou alors sur des tâches rudimentaires », prévient Maxime Renaud. En outre, ces technologies web ne permettent pas de descendre assez bas en temps de réaction pour garantir des actions en temps réel, souvent essentielles en contrôle-commande.

L’avenir, c’est quoi ?
« Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de production avec un contrôle commande localisé et des outils passant par des serveurs web et des tunnels VPN pour la télémaintenance et la détection de panne. C’est le meilleur compromis des deux mondes. Désormais chacun essaie d’intégrer ces deux paramètres de manière très simple, avec des bibliothèques déjà préparées, avec des bouts de programmes déjà compilés… Nous allons vers du Plug & Play au niveau de la programmation », résume Thierry Lecoeur.
« Ce qui est important pour l’utilisateur final, c’est de disposer d’un atelier logiciel dans lequel il peut à la fois programmer son matériel, définir ses interfaces homme machine, configurer ses variateurs de fréquence, par exemple, piloter ses commandes d’axes… », ajoute Michel Maissant, qui recommande également une technologie réseau unique, « depuis le bus de terrain jusqu’au niveau haut de l’entreprise ». Pour Maxime Renaud, enfin, le futur est dans le logiciel. « L’important est de fournir des outils plus faciles d’utilisation, pour que les experts d’un domaine puisse développer eux-mêmes leur application sans faire appel à une dizaine d’experts en développement logiciel spécifique ». L’équation gagnante ? Du facile, de l’universel et du sûr. CQFD !

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