C’est une tradition séculaire, chaque début d’année est marqué par les déclarations d’oracles qui saisissent l’occasion pour livrer leurs projections sur l’avenir. Vision pragmatique pour les uns, élucubrations fantaisistes pour les autres, cet exercice attire des profils aussi variés que des instituts de sondage – 2020 sera aussi année électorale – des sociétés d’étude de marchés perdues dans le décompte de milliards d’objet bientôt connectés, des prévisionnistes attachés à la réussite de telle technologie tant vantée, des analystes en mal de synthèse, sans oublier les professeurs Nimbus et leur pendule.
Puisque l’heure est aux oracles, sacrifions, nous aussi, à la tradition… Ponctuant la seconde décennie du 21e siècle, 2020 ne sera qu’une courte transition vers une période où d’immenses défis devront être relevés. Voilà environ cinq ans que les grandes nations industrialisées d’Europe – Allemagne et France en tête – se sont réellement engagées dans la digitalisation pour défendre la place qu’elles occupent dans l’économie mondiale. Ce mouvement mérite d’être consolidé et même amplifié afin de préserver l’emploi bien sûr, mais aussi, pour assurer notre indépendance et accroître notre capacité de résilience face aux dérèglements de toutes sortes, qui sévissent dans le sillage de la mondialisation.
S’en remettre au numérique pour améliorer la performance des entreprises industrielles est à l’évidence une nécessité qui va bien au-delà de l’automatisation des tâches répétitives et du recours à la robotique pour réduire la pénibilité. La réalité virtuelle et la réalité augmentée donnent à l’homme la sensibilité nouvelle dont il a besoin pour occuper les cases maîtresses de cet échiquier technologique. Quand les technologies évoluent, les métiers changent, tout comme la place dévolue à l’humain dans les entreprises et au-delà, dans l’économie du Village global.
Sans viser trop loin dans le temps, gageons que 2020 sera marquée par la pénétration de l’intelligence artificielle dans les processus d’automatisation, tant pour accentuer la flexibilité des outils que pour augmenter la disponibilité des installations.
La blockchain devrait aussi connaître de nouveaux débouchés dans l’Industrie 4.0, spécialement dans l‘agroalimentaire, la cosmétique, la pharmacie ou encore la logistique. Partout où la traçabilité revêt une importance cruciale, cette solution facile à mettre en oeuvre et à administrer peut permettre d’augmenter les cadences tout en mémorisant des informations à chaque étape de la fabrication d’un produit.
Enfin, le dernier axe qui mérite toute notre attention est celui de l’analyse des données.
S’il est de plus en plus facile de collecter et de stocker des informations, ces dernières ne prennent une réelle valeur qu’en étant croisées pour en tirer des enseignements et faire croître la qualité et le niveau de service des produits. L’automatisation ne gagnera en intelligence que si l’analyse des données peut se faire prescriptive, à défaut d’être prédictive.