Ooshop est la filiale de commerce électronique du groupe Carrefour. Elle a été crée il y a cinq ans, au moment où toutes les entreprises souhaitaient développer de nouvelles activités via Internet. En 2002, après trois années de forte croissance, l’attrait du cybermarché représentait 2% du commerce alimentaire en France.
Depuis, la situation stagne quelque peu. Et pour cause : la plupart des enseignes ont tout simplement cessé de communiquer car elles ne parvenaient plus à répondre à la demande ! Et ce n’est pas pour rien qu’il ne reste aujourd’hui, sur le marché de la vente en ligne de produits de grande consommation, que des filiales de grands groupes comme Carrefour (Ooshop), Auchan (Auchandirect), Cora (Houra) et les Galeries Lafayette (Telemarket). Car il faut avoir les reins solides et de sérieuses ressources pour être compétitifs dans ce secteur d’activité. La rentabilité n’est pas immédiate, et les investissements conséquents.
En 2002, Ooshop représentait un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros. Pour l’année 2003, le chiffre annoncé était de 60 millions d’euros. Un chiffre d’affaires en progression, certes, mais pour des résultats net toujours déficitaires.
Heureusement, la société bénéficie du soutien du géant Carrefour. Elle s’appuie sur les centrales d’achats du groupe, et s’approvisionne en marchandise à hauteur de 95% dans les entrepôts de l’enseigne. Mais cela n’est pas suffisant. Encore faut-t-il se développer en proposant des prix attractifs, et posséder la capacité de répondre à une demande croissante sans se noyer sous des coûts logistiques et de main d’œuvre trop importants.
Réduire les coûts de préparation
Traditionnellement, les commandes prises via Internet sont préparées entièrement manuellement, par des opérateurs. La préparation est le plus souvent réalisée à partir des rayons des magasins de l’enseigne.
Ce n’est toutefois pas le cas pour Ooshop, qui possède trois sites spécifiques pour la préparation des e-commandes, dont deux sont situées à Marly et un autre à Vélizy. Mais, sachant que pour un panier moyen de cent cinquante euros, un client classique met environ une heure pour rassembler ses produits, on imagine sans difficulté que malgré une optimisation de la disposition des produits sur les rayons, la préparation manuelle des commandes devient rapidement très consommatrice de temps, de main d’œuvre, et par-là même d’espace.
Pour palier à ce problème, et pour survivre, tout simplement, face à une demande croissante, Ooshop s’est doté à la fin de l’année 2002, sur l’un de ses sites de Marly, d’un dispositif de préparation des commandes mécanisé. Ce système a été réalisé par la société VanDerLande, dans un souci d’optimisation du temps de préparation des commandes.
Les déplacements des opérateurs s’en trouvent aujourd’hui réduits au strict minimum, et l’acheminement par convoyeurs des produits vers les opérateurs est entièrement automatisé, et orchestré par un système informatique.
Organisation du système
La particularité du système est de réunir des caractéristiques propres aux procédés manufacturiers, continus et du batch. Le process est organisé autour d’un système informatisé WMS (Workshop Managing System) intégrant des fonctionnalités de GPAO, de MES et d’ERP, et chargé d’orchestrer l’acheminement et la répartition des produits dans des bacs.
Le système connaît, via une base de donnée, les caractéristiques de tous les produits : poids, taille, volume, encombrement, géométrie, etc… Des algorithmes d’optimisation permettent de répartir équitablement les achats entre les différents bacs, de faire des recoupements entre les commandes afin de déterminer les groupements de produits à réaliser pour accélérer le travail des opérateurs, etc… Quatre automates Siemens S7400 suffisent à gérer l’ensemble des automatismes du système, et la communication entre les divers organes est réalisée via un réseau de terrain Profibus DP.
Déroulement du Process
Les produits sont regroupés en trois catégories : forte, moyenne et faible rotation. Le taux de rotation détermine les volumes et les débits journaliers, et conditionne la façon dont le produit va être stocké puis acheminé vers sa destination finale : le panier du client.
Les produits à fort taux de rotation, comme les bouteilles d’eau par exemple, sont des produits que l’on retrouve dans un grand nombre de commandes, et le plus souvent en quantités importantes. Ils représentent une centaine de références, et font l’objet d’un traitement spécifique, dit process ZPS (Zone Picking System). Les produits sont prélevés directement depuis le stock sur palette pour être déposés dans des bacs clients. Sur le terrain, la cellule où est réalisé le traitement ZPS est organisée de la façon suivante : les bacs clients circulent sur des convoyeurs, à l’intérieur d’une boucle, et passent devant les opérateurs qui les remplissent au fur et à mesure avec les produits demandés.
Un lecteur à code barre permet à l’opérateur de connaître la référence et la quantité du produit à déposer dans le bac. Lorsque la commande est complète, l’opérateur ferme le bac et celui-ci est évacué automatiquement (il sort de la boucle) vers la zone de stockage des commandes, où il restera jusqu’au moment de la palettisation.
Pour ce qui est des produits à faible et moyenne rotation, les procédés sont plus complexes. Pour caricaturer, ces produits font l’objet de deux manipulations. La première manipulation consiste à regrouper dans des bacs les produits de plusieurs commandes, afin d’optimiser le travail des opérateurs en aval. Ces bacs ne sont pas destinés aux clients et ne sortent jamais du circuit. Ils peuvent contenir une seule ou plusieurs références.
Cette première étape s’apparente à un procédé dit BPS (Batch Picking System). Dans la zone à moyenne rotation les produits sont prélevés sur palette et déposés dans des bacs, selon un procédé similaire à celui employé pour les produits à forte rotation. Les produits à faible rotation sont quant à eux prélevés de façon classique par des opérateurs munis de chariots et de terminaux portables radio fréquence " mains libres ".
La seconde manipulation des produits à moyenne et faible rotations consiste à déposer les produits dans les paniers clients à partir des bacs constitués lors de la première manipulation : c’est le traitement ODS (Order Distribution System). Les bacs en provenance des zones de moyennes et faibles rotations ou de la zone de stockage, arrivent par le biais de convoyeurs dans la cellule de traitement ODS. Là, des opérateurs s’occupent de répartir les produits dans les bacs clients. Une fois complétés, ces bacs sont fermés et envoyés en zone de stockage des commandes.
La dernière étape du process est la palettisation des bacs de commandes. Celle-ci est réalisée par trois robots Fanuc, alimentés chacun par deux convoyeurs. Chaque robot gère le remplissage simultané de quatre palettes, sur lesquelles les bacs doivent être déposés dans l’ordre inverse de la tournée de livraison. Mais les bacs n’arrivent pas nécessairement dans cet ordre là ! C’est donc au robot de faire le tri. Il dispose pour cela de 4 positions de picking au niveau des convoyeurs, et de 16 positions de dépose au niveau des palettes.
Aujourd’hui le système mis en place par Ooshop permet de traiter, sur le site de Marly, jusqu’à 2000 commandes par jour. Une commande étant constituée en moyenne de 4 à 5 bacs. Le niveau moyen actuel est de 1200 commandes traitées quotidiennement sur ce site. Mais le système est évolutif, et un emplacement est d’ores et déjà réservé dans l’atelier pour la mise en place de nouvelles stations ODS, ce qui permettrait de doubler la mise et d’atteindre le niveau de fonctionnement nominal du système, soit 4000 commandes traitées par jour.
Par Christian Groeppelin