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PATATRAS !

En ces temps troublés de pandémie, les pros et les antis s’affrontent dans un maelström d’invectives et de mots d’oiseaux.

Deux exemples. :

– Confinement, fallait-il confiné ou pas ? Plus tôt, maintenant ou pas du tout ?

– Faut-il généraliser le télétravail ou pas ? Est-il bien conforme au droit du travail ?

Notre président vient d’arbitrer autour d’un 3ème plan de confinement, dont il a le secret maintenant depuis plus d’un an … Un Ni-Ni qui laissent beaucoup interrogatifs et songeurs, tant les modalités d’application apparaissent complexes et les chances de réussite hasardeuses.

Revenons sur le télétravail, que j’évoquais en préambule.

L’étude que l’Observatoire Cetelem, avec le concours d’Harris Interactive, vient de publier sur les rapports au travail et à ses nouvelles modalités pour les français (1 000 personnes interrogées) est très intéressante.

Quelques extraits, deci delà, pour ceux que cela intéresserait …

Les interactions habituellement associées à la vie professionnelle, notamment les déjeuners et discussions entre collègues manquent à plus de 2/3 des Français. Terminé les collègues qu’on dézingue, autour d’un café, d’une pause clope ou du steak-frites du midi.

Synonyme d’une plus grande liberté et flexibilité, le télétravail est aussi facteur de solitude et de stress. 32 % des actifs qui télétravaillent depuis le second confinement vivent cette pratique comme une contrainte, en raison de l’affaiblissement des liens sociaux (46 % d’entre eux) et d’un découragement face à une situation sanitaire qui s’éternise (45 %).

Pourtant, nous français, jamais à une contradiction près, nous sommes nombreux également à souhaiter son développement (72 %), les jeunes actifs de 25-34 ans (83 %) et les habitants de l’agglomération parisienne (82 %) y sont plus favorables, tout comme ceux qui ont télétravaillé au cours de la crise sanitaire (81 %) …

Adepte du télétravail dans mes activités depuis 2001, cette frénésie actuelle autour de ce mode collaboratif me laisse un peu dubitatif. Certes, il présente de multiples atouts pour l’entreprise et leurs collaborateurs, mais en aucun cas il n’est une solution unique et la panacée. Parlez-en aux jeunes parents qui vont se retrouver à partir du 06 avril avec leurs enfants à la maison pour 3 semaines …

Sans oublier qu’un collaborateur qui travaille durablement à la maison est un collaborateur isolé. Et l’entreprise est avant tout une ruche où foisonnent les idées et du lien social.

Ce fameux lien social qui nous manque tant depuis plus d’un an…

Pour autant, nous allons difficilement pouvoir échapper au télétravail dans ce fameux Monde d’Après. Les patrons ont sorti leur calculette et se frottent les mains en voyant leurs coûts fixes se réduire. Et les glandeurs vont pouvoir buller, sans avoir à se cacher de leurs supérieurs hiérarchiques !

En réalité, le télétravail, souhaitable et indispensable à plein d’égards, n’est en aucun cas une solution ultime et unique, applicable partout, dans toutes les professions.

Rappelons-nous tout de même, l’Observatoire Cetelem/Harris Interactive le démontre bien, le télétravail est encore une affaire qui concerne majoritairement l’activité des services, les cadres intermédiaires et supérieurs et les parisiens, tout du moins les habitants des très grandes agglomérations.

Paris n’est pas la France, ne l’oublions pas !

Et pour ne parler que de vous, lecteurs industriels, on a beau contrôler et superviser de plus en plus à distance nos chaînes de production, il n’empêche que les opérateurs, techniciens et ingénieurs devront toujours être présents au pieds des machines…

Enfin, travailler depuis la maison, implique de pouvoir se connecter au système d’information de son entreprise.

Oui, mais voilà, travailler depuis chez soi, ne facilite pas la vie de nos experts en cybersécurité qui veulent protéger nos bureaux et usines de tous les malotrus dont la seule ambition est d’y pénétrer afin d’instaurer le chaos grâce aux spywares et autres virus malveillants !

A la lecture de notre dossier Cybersécurité, de ce Jautomatise 134, vous constaterez que la sécurité des installations industrielles et systèmes d’information est déjà difficile à assurer depuis l’intérieur des sites, alors depuis son canapé, ou sa table de salle à manger… un vrai casse-tête chinois !

Pourtant, il existe déjà des tas de solutions, des outils qui fonctionnent, et nous vous présentons ci-après des cas pratiques mis en œuvre, avec succès, et à grande échelle.

On va en avoir besoin. Le gouvernement nous incite fortement à rester (ou passer) en télétravail pour les 4 semaines à venir.

Conclusion : notre pauvre télétravailleur(se) va devoir supporter l’exiguïté de son logement, les cris des enfants empêchés d’aller à l’école pour cause de variants intrusifs, sera empêché de refaire le monde autour du zinc (ben oui, ils sont toujours fermés) avec ses collègues et pour couronner le tout devra faire gaffe à ne pas semer l’hallali dans les systèmes d’information de son entreprise.

Je ne sais pas vous, mais moi, en ce début de Printemps, je ne sais plus trop à quels saints me vouer … Hier, nous étions le 01er avril, mais les poissons d’avril ne sont plus vraiment d’actualité. L’inimaginable étant devenu réalité depuis un an, leur succès d’autrefois n’a plus lieu d’être.

Rassurons-nous. Avec un peu de chance, nous serons (le Président de la République nous l’a assuré) potentiellement vaccinés pour l’été et pourrons de nouveau expérimenter des expériences de vie en ‘présentiel ‘ avec nos collègues de travail … Quand ?

PHILIPPE RENAUDINEAU
Directeur des publications du groupe CiMax

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