Si les automates
constituent la cheville
ouvrière du pilotage
de leur production
industrielle pour
nombre d’entreprises,
les possibilités
étendues qu’ils offrent,
intéressent d’autres
d’organisations. Et
l’Opéra de Paris en fait
partie.
Ainsi, le génie scénique de
l’Opéra de Paris – qu’il
s’agisse du Palais Garnier
ou de l’Opéra de la Bastille – a
recours à des automates conçus
par Phoenix Contact pour piloter
les mouvements de nombreux
éléments tels que rideaux, éclairages,
ouvertures de scène ou
encore, fosse d’orchestre qui,
tout au long des représentations,
participent en toute discrétion à
la réussite du spectacle.
Pascal Detrez, chef de service
adjoint du génie scénique de
l’Opéra de Paris et Thierry Vajsman,
responsable activité infrastructure
urbaine chez Phoenix
Contact détaillent pour Manufacturing,
toutes les subtilités du pilotage
numérique qui se déroule
dans les coulisses de ce temple
français du ballet et de l’art
lyrique.
Quel est précisément le rôle dévolu
aux automatismes à l’Opéra de
Paris ?
Pascal Detrez : Tout a commencé
par un projet de rénovation de rideaux
d’avant-scène à l’Opéra de
la Bastille, pour lequel nous étions
à la recherche d’un réseau déterministe
capable de nous assurer
un fonctionnement optimal. Après
quelques recherches, nous nous
sommes orientés vers le réseau
Interbus de Phoenix Contact qui au
cours des essais a montré qu’il était
en mesure d’assurer une fiabilité à
toute épreuve.
Il s’agissait de piloter des treuils
qui permettent de faire apparaître
ou disparaître les rideaux d’avantscène
qui interviennent lors des ouvertures
de spectacles. Il s’agit de
ce que l’on appelle dans la profession,
un mouvement à l’allemande,
c’est-à-dire que le rideau se lève
selon l’expression consacrée, pour
disparaître en hauteur.
En 1996, le cintre du Palais Garnier
a été rénové. Cet équipement participe
à la manoeuvre des éléments
de décor comme les toiles peintes,
les éléments de structure ou les appareils
d’éclairage.
Cette rénovation avait laissé de
côté d’autres équipements comme
la fosse d’orchestre ou encore, des
rideaux d’avant-scène et lorsqu’il a
fallu songer à les remplacer, nous
nous sommes à nouveau tournés
vers Phoenix Contact pour mettre là
encore en place une infrastructure
reliée par Interbus.
Par exemple, sur la fosse d’orchestre,
nous avions quatre moteurs
à piloter que nous avons reliés
via Interbus jusqu’à un automatisme
fourni par Phoenix Contact
et une supervision Pro-face. Au fur
et à mesure des rénovations, nous
nous sommes systématiquement
tournés vers cette solution à la fois
pour pérenniser l’installation développée
et interconnecter tous les
équipements entre eux.
Après la rénovation de la fosse d’orchestre,
d’autres éléments ont suivi
comme par exemple, ce que nous
appelons les plans-lumière, c’est à-
dire l’infrastructure permettant de
piloter le positionnement des éclairages
par des treuils. Ces derniers
sont gérés au moyen d’un automatisme
mémorisant des positions et
des vitesses de déplacement ; tous
ces éléments étant reportés sur un
écran de contrôle.
Quels équipements de la gamme
sont mobilisés pour adresser ces différents
besoins ?
Thierry Vajsman : Comme vient de
l’expliquer Pascal Detrez, la collaboration
entre l’Opéra Garnier et
Phoenix Contact remonte à plus de
vingt ans. Au départ, nous avons
débuté avec le bus de terrain Interbus
avec des entrées-sorties déportées
puis, au fil des années et des
rénovations entreprises, nous avons
intégré différentes technologies et
différents types d’automates.
Pour ne donner que quelques
exemples de projets récents, nous
avons déployé des automates ILC
300 ou ILC 100 de la gamme Inline
et des appareils de la gamme Axio
pour le positionnement accompagnés
de leurs modules d’entréessorties
respectifs mais aussi, toute
l‘infrastructure en réseau permettant
leur interconnexion sans oublier
la récupération de la base installée.
Aujourd’hui, nos systèmes sont
toujours capables d’intégrer les anciennes
technologies déployées il y
a vingt ans et de les faire vivre pour
qu’ils prennent leur part dans les
nouveaux processus mis en place.
Quels sont les moyens de communication
mis en oeuvre pour supporter
le réseau ?
Pascal Detrez : Nous avons commencé
par déployer un réseau filaire
mais très vite, nous avons été
confrontés à des difficultés parce
que l’espace scénique est très volumineux
et que certaines zones sont
difficilement accessibles pour y faire
passer du câble.
Nous avons opté pour des liaisons
Wi-Fi, donc sans-fil, avec des solutions
maître-esclave qui permettaient
d’étendre le réseau dans
différents endroits. Au gré des évolutions,
nous avons procédé à une
montée en gamme de ces équipements,
notamment pour passer
aux bandes de fréquences situées
autour de 5 GHz. Il faut comprendre
qu’à l’Opéra de Paris, nous utilisons
un grand nombre d’appareils
de communication radio pour relier
les équipes avec tous les risques
d’interférences que cela comporte.
Les tampons d’apparition font surgir
sur scène soit des personnes,
soit des éléments de décors. Au fil
des rénovations, ils ont été équipés
d’un module de transmission Wi-Fi,
ce qui nous permet de les piloter à
distance voire, de les synchroniser.
Thierry Vajsman : Au cours de
certains projets, il a été nécessaire
d’intégrer de la sécurité fonctionnelle
pour laquelle nous avons fait
appel à la gamme Safety Bridge
qui permet de traiter la sécurité tant
sur l’automate qu’au niveau des
îlots d’entrées-sorties déportés. En
effet, de nombreux équipements
imposent de décentraliser la sécurité
en nécessitant la présence d’un
arrêt d’urgence local.
Pascal Detrez : Il faut savoir que
dans n’importe quelle entreprise,
il est strictement interdit de circuler
sous les charges sauf dans les
théâtres, puisque la plupart des
éléments mouvants sont suspendus
au-dessus des artistes ; cela
demande un très grande rigueur
sur la partie qui relève de la sécurité.
Par exemple, nous avions sur
une poutre qui embarque deux
motorisations afin de réaliser des
ouvertures de rideaux à la grecque
et à l’italienne avec des éléments