Robotique

Questions à Manfred stern, président de Yaskawa europe

Cette année, le constructeur de
robots, de moteurs, de variateurs
et d’autres appareils dans le
domaine électrique, fête ses
100 ans. Venu en France pour
célébrer cet anniversaire avec
les clients français dans la filiale
hexagonale, celui qui vient
de devenir le premier grand
patron non japonais de l’entité
européenne revient sur les succès
du groupe et ses ambitions.

Yaskawa a beaucoup évolué en 100 ans.

Actuellement, notre groupe pèse
3 milliards de dollars et emploie
15 000 personnes. Longtemps
premier fabricant de robots au
Japon, l’entreprise a très vite décidé
de s’étendre partout dans le monde.
D’ailleurs, 55 % de notre chiffre
d’affaires est réalisé hors du Japon,
qui reste cependant notre premier
marché, suivi de l’Asie, la Chine en
particulier, où nous disposons d’une
usine de production de variateurs et
de robots. Nous sommes présents
sur toute la planète avec des sites de production au Japon, bien sûr,
mais aussi en Chine, en Suède,
en Ecosse, en Allemagne et en
Slovénie. L’entité européenne a placé
3 000 robots et réalisé un chiffre
d’affaires de 400 millions d’euros l’an
dernier. Nous disposons de 15 filiales
pour l’instant sur le continent et y
employons 1 500 personnes.

Depuis la sortie du L10, notre
premier robot en 1977, nous avons
vendu 300 000 robots. Actuellement,
notre capacité de production atteint
28 000 unités, dont 6 000 en Chine,
et nous visons les 35 000 unités en
2017, grâce à nos trois usines au
Japon et à l’augmentation de la capacité de notre usine chinoise.

Vous misez beaucoup sur les acquisitions désormais…

Ces derniers temps, nous avons
effectivement multiplié les investissements et les acquisitions. Le
premier juin dernier, nous avons
ainsi inauguré notre tout nouveau
« village robotique » à Kitakyushu,
notre site historique qui a été entiè-
rement rénové. Il y a trois ans, nous
avons construit un nouveau siège
européen en Allemagne et il y a
deux ans un site de production en
Chine. Côté acquisitions, nous avons
racheté le spécialiste des automates Vipa en Europe, le producteur de
panneaux photovoltaïques Solectria
aux Etats-Unis, mais aussi des entités
plus petites comme The Switch, en
Finlande, spécialisé dans l’énergie
éolienne ou Rewalk, en Israël, qui
développe des exosquelettes à usage
médical.
En termes de technologies,
vous misez sur quoi à l’avenir ?
Notre stratégie à 10 ans passe par
trois axes forts : l’énergie, la mécatronique et l’humatronique. En effet,
la gestion de l’énergie et les énergies
vertes vont devenir incontournables
dans tous les domaines. Nous disposons désormais de technologies performantes dans ce domaine. Nous sommes également les inventeurs
du mot « mécatronique » et comptons bien poursuivre dans cette voie,
avec une approche « système » encore plus marquée. Enfin, la notion
d’humatronique se réfère au développement, dans le futur, d’interfaces
de plus en plus liées et adaptées à l’homme.

Bien sûr, nous travaillons activement sur les technologies de l’Industrie
4.0, mais sans mettre le robot au centre de tout, comme le font certains
autres. Nous misons sur une approche optimisée en mécatronique,
avec une plateforme unique et une technologie de communication
performante. Dans ce sens, Vipa nous aidera à être plus forts sur les
plateformes hors robots. Nous sommes aussi déjà présents sur d’autres
technologies intéressantes, comme le cloud. Evidemment, la robotique
collaborative est aussi une piste importante, même si la définition du
cobot est encore floue. Nous ne cherchons pas à être les premiers sur
ce domaine. Pour autant, nous travaillons étroitement avec plusieurs
clients pilotes et nous dévoilerons quelque chose lors de la prochaine
édition de l’Irex, à Tokyo, en décembre.

A ce propos, l’intégration de Vipa est effective ?

Quand on achète une entreprise, nous ne suivons pas une logique
« américaine », qui vise une intégration forcée programmée sur
100 jours. Nous nous laissons le temps car nous investissons avant
tout sur les hommes et leurs connaissances. Avec Vipa, cette
démarche a porté ses fruits puisque la fusion en Allemagne est terminée et les effectifs ont été préservés. Côté technique, en novembre,
nous commercialiserons le premier produit développé ensemble,
un automate avec des fonctions de motion control intégré. Notre
vision va évidemment plus loin : avoir une seule commande pour
les automatismes et les robots. Pour cela, il faut du bon hardware
et du bon software et nous avons les deux, notamment avec les …

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