Spécialiste mondial de la production d’énergie mais aussi, de
l’automatisation et des logiciels industriels, le groupe Schneider
Electric est aussi l’une des entreprises françaises qui maîtrise
tous les rouages de l’Industrie du Futur. La recette est simple : le
groupe applique à ses propres usines les solutions qu’il propose
à ses clients.
La digitalisation des sites industriels qui conduit au déploiement de machines communicantedirectement par
l’augmentation des volumes de vente.
Le groupe Schneider Electric ne cesse d’élargir
son offre en logiciels industriels, tout en
développant une plateforme pleinement
ouverte sur l’analyse des données de
production. Toutes ces évolutions sont guidées
par les transformations profondes qui
bouleversent aujourd’hui, tous les secteurs
industriels. Marc Fromager qui est le directeur
de l’activité Industry & Process Automation du
groupe a accepté de détailler cette stratégie à
notre équipe.
Commençons par situer l’activité de Schneider
Electric dans l’industrie…
Pour donner quelques chiffres, l’activité de
Schneider Electric dans le monde, c’est vingt-six
milliards d’euros de chiffre d’affaire et ce qui
concerne l’industrie pèse de l’ordre de six milliards d’euros, sachant que la France
représente un peu plus de deux milliards
d’euros. Voilà qui permet de se faire une idée à
la fois globale mais aussi, locale.
Vous dites souvent que le groupe est
positionné dans la convergence entre l’IT
et l’OT, mais alors, l’activité est plutôt IT
ou OT ?
Nous parlons beaucoup de la convergence des
deux mondes avec d’un côté le contrôlecommande de de l’autre l’informatique, pour
proposer des optimisations dans le process et
dans l’énergie. Historiquement, Schneider
Electric est plutôt positionné dans l’OT,
c’est-à-dire, les technologies opérationnelles
qui permettent de contrôler et de donner vie
aux machines. Mais ces deux à trois dernières
années, nous avons beaucoup investi dans le
monde du logiciel mais, du logiciel industriel
pour répondre aux enjeux de l’Industrie 4.0,
cette Industrie du Futur dont nous parlons en
France mais aussi, partout ailleurs évidemment.
Sans citer de chiffres, cela devient une activité
importante pour le groupe et surtout, ce qui
doit être compris, c’est que cela apporte de
nouvelles perspectives aux opérateurs, aux
exploitants de machines dans l’industrie. Ils sont
capables de collecter les données que génèrent
les équipements, de les agréger puis de les
analyser, afin de prendre des décisions rapides,
concrètes, directes qui permettent d’optimiser
tous les systèmes qui étaient pour la plupart
déjà très automatisés mais sans permettre
d’arriver à la profondeur de connaissance à
laquelle on arrive aujourd’hui.
La convergence des deux mondes que sont l’IT
et l’OT, permet l’émergence de nouveaux
acteurs qui proposent de nouveaux services,
soient qu’ils aient une culture imprégnée des
technologies de développement informatique,
soient qu’ils soient issus de la mouvance
industrielle et du contrôle de processus. La
grande force de notre groupe, c’est justement
d’avoir une connaissance approfondie et
rigoureuse du pilotage des opérations
industrielles pour guider la sélection des
informations qui doivent être collectée, et
faciliter leur analyse pour que l’exploitant en
tire un réel bénéfice.
Quelles places occupent les accords
signés récemment par Schneider Electric
dans cette démarche ?
D’abord, rappelons que nous avons une
plateforme IoT appelée EcoStruxure dans
laquelle nous retrouvons trois couches : celle
des équipements connectés, celle du
contrôle-commande et enfin, celle où se
concentre les ressources logicielles qui
couvrent les besoins analytiques.
L’ensemble de cette offre relie ces
différentes couches et permet de collecter
les données depuis les objets connectés pour
les utiliser au niveau du contrôle-commande
mais aussi, et c’est ce qui est nouveau
aujourd’hui, de les remonter au niveau
supérieur vers les solutions logicielles dans
lesquelles le groupe a beaucoup investi
récemment. Toutes ces données qui sont
issues de la production, permettent de
proposer des systèmes d’asset management,
de maintenance prédictive et des solutions
de gestion optimisée des opérations de
fabrication.
Cependant, ces informations sont exploitées
d’une manière qui n’est pas encore
suffisamment étendue. Pour cette raison,
nous avons passé un accord avec le groupe
Teradata afin d’utiliser la totalité des données
que nous collectons au travers de nos
plateformes, ce qui permet d’en tirer des
connaissances encore plus fines. Teradata
nous apporte une capacité d’analyse des Big
Data qui nous permet désormais de prendre
en compte un éventail de données bien plus
large. Sur des cas très précis, nous serons en
mesure d’associer les compétences de
Teradata aux nôtres pour proposer des
services à valeur ajoutée à nos clients.
Quels autres accords sont significatifs
dans la convergence entre l’IT et l’OT ?
Pour aller vers l’Industrie du Futur, il est
essentiel de codévelopper des solutions. Ce
monde qui se construit sur les technologies va
très vite, et il est donc nécessaire d’avoir des
compétences nouvelles. C’est ce qui nous a décidé à codévelopper avec tous les offreurs,
des solutions dans des secteurs bien précis.
Par exemple, avec la société Sentryo nous ne
faisons pas à proprement parler de la
cybersécurité au sens le plus large puisque nous
sommes capables de protéger l’ensemble d’une
infrastructure en nous appuyant sur nos offres
de service. Ce que nous ajoutons avec Sentryo,
c’est la possibilité de recenser les ressources
matérielles et logicielles d’une infrastructure et
de détecter les intrusions.
Le système développé à l’origine par cette
start-up française nous intéresse d’une part,
parce qu’il est agnostique, c’est-à-dire qu’il est
opérationnel quels que soient les fournisseurs
des systèmes connectés, et il est capable de
détecter des flots de datas qui ne
correspondent pas à un fonctionnement
normal. Dans un tel cas de figure, le système
remonte une alarme qui permet de détecter
une intrusion.
Le codéveloppement permet de gagner du
temps, il nous apporte de la flexibilité dans les
solutions que nous sommes en mesure de
proposer, l’idée étant d’être toujours en avance
sur ce qui va arriver dans l’Industrie 4.0. Pour un
paquebot de la taille du groupe Schneider
Electric, travailler avec des jeunes pousse nous
oblige à faire évoluer nos habitudes ainsi que
certaines manières de fonctionner, ce qui nous
apporte beaucoup d’agilité.
Est-ce l’innovation conjointe avec un
fournisseur qui va permettre le
déploiement massif de la digitalisation
jusque dans les PME ?
Il faut sortir des démarches limitées que sont
les POC pour entrer pleinement dans la
transformation digitale. Il ne faut pas
redouter d’aller jusqu’à des remises en cause
profonde. Utilisé les outils de la digitalisation,
impose à l’ensemble des équipes de modifier
leurs façons de fonctionner et même,
souvent les comportements par rapport à ce
qu’indique les nouvelles informations
collectées.
Ce qui effraie de nombreux industriels, c’est
évidemment la transformation massive
qu’implique la 4e révolution industrielle.
Mais, ce qu’il est fondamental de prendre en
compte, c’est que cette transformation peut
se faire brique par brique et non pas, en une
seule démarche qui imposerait des
investissements massifs. On peut procéder
en identifiant un système qui va être l’une
des clefs au sein de la ligne de fabrication, et
on va être en mesure d’améliorer la
productivité ou l’efficacité énergétique en
remontant des informations qui vont
permettre de faire la différence par les
connaissances qu’elles apportent.
Schneider Electric s’est doté d’une nouvelle
entité qui s’appelle Aveva et qui depuis avril
2018, regroupe toutes les activités du groupe
liées aux logiciels industriels.
1 Gestion des ressources matérielles et immatérielles des
entreprises industrielles
2 De l’anglais, proof of concept, qui consiste en un test de
faisabilité dont la portée est souvent trop limitée pour
être réellement probante.