AutomatismeInformatique-Industrielle

Siemens joue dans la cour du PLM

L’objectif du PLM est de permettre aux entités de l’entreprise, de la production à la vente, de partager la connaissance des différents stades du cycle de vie d’un produit. C’est dans ce secteur que Siemens vient de « frapper » en rachetant UGS.
PLM par çi, PLM par là. Tout est PLM. Commençons par une petite définition sur ce terme, pas forcément connu de nos lecteurs.
Alors que la Gestion de la Relation Client (CRM – Customer Relationship Management) s’attache à rassembler toutes les informations concernant les clients, la démarche de PLM (Product Lifecycle Management) consiste à capitaliser toutes les informations concernant un produit industriel.
Le PLM est une démarche à rapprocher du Knowledge Management, si ce n’est qu’elle est axée autour du produit. L’objectif du PLM est de permettre aux différentes entités de l’entreprise, de la production à la vente, de partager la connaissance des différents stades du cycle de vie d’un produit (conception, fabrication, stockage, transport, vente, service après-vente, recyclage).
IBM, UGS et Dassault Systèmes
Ce monde du PLM est en pleine effervescence avec plusieurs annonces importantes. Dernière en date, celle d’UGS qui s’est associé à IBM pour développer les ventes de son produit de gestion collaborative des données TeamCenter Express auprès des PME/PMI. La version Express est un package spécifiquement adapté aux besoins et aux contraintes des petites et moyennes entreprises. Le logiciel peut être associé à une large variété d’applications CAO du marché : Solid Edge et NX bien entendu, mais également Catia, Pro/E, AutoCAD, Inventor ou encore SolidWorks.
Ce besoin d’interopérabilité est sans doute l’une des motivations d’IBM pour avoir signé cet accord. Ce sont les partenaires commerciaux d’IBM, et non lui-même (différence subtile), qui se chargeront de la vente des produits TeamCenter et les services associés. Car pour ceux qui ne le sauraient pas, cela fait vingt ans qu’IBM et Dassault Systèmes sont associés, et ce nouvel accord ne devait pas se transformer en scène conjugale ou en divorce.
Plusieurs changements ont eu lieu récemment entre les deux sociétés. IBM signait au début de l’année dernière un accord avec PTC pour vendre son offre PLM sur le marché chinois. Pays pour lequel Dassault Systèmes a décidé de se passer des services d’IBM pour travailler en direct. De plus, depuis deux ans PTC utilisait les services d’hébergement et d’infrastructures d’IBM pour son offre « PLM On Demand ». Une solution locative en ASP des produits PTC pour les clients souhaitant aborder un projet PLM de manière accompagnée. « IBM-PLM reste une structure orientée grands comptes, pour lesquels nous commercialisons les produits de Dassault Systèmes, associés à nos propres outils d’infrastructures et de services. Mais nous sommes fournisseur de solutions globales dans le domaine du PLM. Et nous devons dans ce cadre répondre aux demandes correspondantes du marché. C’est pourquoi il existe au sein d’IBM une structure spécifique au secteur des petites entreprises : IBM SMB. Pour elle et ses partenaires, l’offre d’UGS complète parfaitement nos solutions à destination des PME-PMI en leur permettant de gérer des données provenant de solutions diverses de conception numérique» explique Erick Craberou, directeur PLM solutions Europe de l’Ouest.
IBM reste une société de services et se doit d’être à l’écoute de ses clients. Dassault Systèmes reste son partenaire privilégié pour les grandes entreprises notamment des secteurs aéronautiques et automobiles. Mais dans le cas des PME/PMI, Big Blue s’épanouit davantage dans une relation moderne du couple, à savoir choisir le partenaire qui techniquement sera le plus efficace.
IBM et Dassault Systèmes ont annoncé, de concert, le 25 janvier dernier une évolution majeure du partenariat qui les lie depuis 25 ans. Selon les termes de cet accord, les deux partenaires élargissent le périmètre de leurs responsabilités, IBM commercialisant un portefeuille étendu de solutions PLM développées par Dassault Systèmes tandis que DS gère le réseau de ventes indirect.
Ce nouvel accord a été conçu pour permettre aux actuels réseaux de distribution directs et indirects de Dassault Systèmes, de prendre en charge Enovia MatrixOne et Delmia pour la production virtuelle à compter de janvier 2007.
Le groupe Siemens rachète UGS
Nous en étions là des mouvements dans le domaine du PLM, quand l’annonce officielle du rachat d’UGS par Siemens est tombée. Bien qu’occulté par d’autres événements, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un rachat très stratégique pour le groupe Allemand qui n’a pas l’habitude de sortir 3,5 milliards de dollars de sa poche pour rien.
Cet accord a été conclu avec les propriétaires d’UGS, à savoir Bain Capital, Silver Lake Partners et Warburg Pincus. Ces trois fonds d’investissement avaient racheté UGS en 2004 au fournisseur de services dans les technologies Electronic Data Systems (EDS). A l’époque, le trio avait dû débourser 2,05 milliards de dollars. Une belle plus-value, d’autant plus que, dans son offre, Siemens reprend les dettes d’UGS qui s’élèvent à 1,15 milliard de dollars.
UGS qui emploie 7300 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 1,15 milliard de dollars vient d’afficher une croissance de ses revenus de 18% en 2005. Une « paille » face aux 87,33 milliards de dollars sur l’année fiscale 2006 de Siemens avec 470 000 salariés.
Concrètement UGS va intégrer l’unité de Siemens Automation and Drives, qui a réalisé de son côté un chiffre d’affaires de 12,9 milliards d’euros en 2006 et un bénéfice de 1,87 milliard d’euros. Cette division emploie plus de 70 000 personnes dont 4000 en développement de logiciels.
UGS va apporter de nouveaux logiciels que ce soit pour le design ou la simulation qui vont venir se rajouter aux technologies d’automatisation. Parmi les produits UGS, on trouve notamment des logiciels de design pour les produits complexes dans les domaines de l’aéronautique ou de l’automobile.
Siemens dans le monde du logiciel

Siemens réalise par le rachat d’UGS une bonne affaire, ce dernier est leader dans son domaine et, ce qui ne gâche rien, rentable. Parmi les concurrents de l’éditeur, on retrouvera notamment Parametric Technology et le français Dassault Systèmes.
Si Siemens est bien connue de nos lecteurs, avec dans les dernières années des rachats importants pour se positionner comme l’un des leaders dans le domaine du process, c’est vers le MES que Siemens s’était focalisé ses derniers temps. Dès lors, la barrière séparant les automatismes de terrain et la conception, devenait bien mince.
Pour sa part UGS a également eu une vie agitée. A peine repris par les fonds d’investissements, UGS rachetait D-Cubed, un fournisseur de composants logiciels pour les éditeurs de systèmes de CFAO, et marquait ainsi sa volonté de s’ouvrir à d’autres fournisseurs de CFAO. UGS est aussi propriétaire du modeleur Parasolid qui équipe de nombreux logiciels de CAO, dont le logiciel SolidWorks. Mais plus important, fut le rachat de Tecnomatix en janvier 2005, pour un montant de 228 millions de dollars. On pourra rappeler que Siemens travaille en partenariat, depuis quelques années, avec Tecnomatix, pour la simulation de programmes d’automatismes.
UGS développe les logiciels de conception produits, de gestion des données, de simulation, etc. Bref, ce qui est nécessaire à leur élaboration et, à travers Tecnomatix, les outils permettant de modéliser et de simuler leur fabrication. De son côté, Siemens fournit une grande part des équipements d’automatisation et de contrôle/commandes utilisés dans les usines de production. Ce lien logique entre les deux offres pourrait se traduire par un pas supplémentaire dans l’intégration de la simulation dès l’étape de conception du produit. Après avoir simuler le comportement de la pièce dans son environnement, les trajectoires d’outils qui la fabriqueront, les opérations nécessaires à son assemblage, pourquoi ne pas aller plus loin. Et simuler fidèlement le comportement des équipements de production, des automates programmables, des systèmes d’approvisionnement toujours en amont de l’industrialisation.
Lors d’Iniative, l’exposition de Schneider Electric, Michel Crochon, le Directeur Général de la Business Unit Automation, nous a précisé que « pour notre part nous avons choisi de prendre un chemin plus discret avec la création de Dextus en partenariat avec Dassault Systèmes. Mais, il est clair que la solution client passe par la simulation.
Ce rachat redistribue les cartes, comment Siemens va prendre en compte UGS, en l’intégrant dans la division, en le laissant libre comme une entité à part entière ? Beaucoup d’autres questions sont encore en suspend en attendant l’aval des autorités compétentes, mais sans nul doute, les concurrents d’UGS et notamment Dassault Systèmes doivent fourbir leurs armes.
Encadré
UGS N°1 sur les secteurs aéro, auto et High Tech
Selon le cabinet d’analyse IDC, UGS serait le principal fournisseur de solutions PLM pour les secteurs des industries aéronautique et défense, automobile et hautes technologies. Selon l’étude, l’éditeur maintient une large part des revenus dans ces trois secteurs industriels. Dans l’automobile, il réaliserait plus d’un tiers des revenus générés par les dix principaux fournisseurs de systèmes de PLM et presque un quart des revenus générés sur ce marché par l’ensemble des fournisseurs. UGS serait également le troisième plus important fournisseur PLM dans les secteurs de la fabrication de machines industrielles et du naval. UGS revendique 2,3 millions de licences logicielles installées dans l’industrie aéronautique et défense, et 500 000 postes dans l’automobile.

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