En pleine phase du rachat d’UGS par Siemens, nous avons rencontré en exclusivité Helmut Gierse, le Président de Siemens Automation and Drives, une branche qui pèse 12.848 Millions d’euros et qui, à fin 2006, employait 70.528 personnes.
Une première interview à la presse technique française qu’il a réservé à Jautomatise et Cad-Magazine notre confrère spécialisé dans la conception numérique et le PLM. Il est à noter que cet entretien s’est déroulé alors que les instances européennes ne s’étaient pas encore prononcées, et qu’en attendant leur avis, certaines de nos interrogations sont forcément restées sans réponse.
Vous avez acheté UGS ou Tecnomatix ?
Certes, nous avons commencé à travailler avec Tecnomatix dès 2003 dans les automatismes industriels, mais l’idée maîtresse était d’avoir en portefeuille la totalité de l’offre PLM, c’est donc UGS dans sa totalité qui nous intéresse. La fabrication digitale c’est une chose, mais le plus important c’est le processus total qui consiste à passer de la fabrication virtuelle à la fabrication réelle.
Que va devenir le siège social d’UGS aux Etats-Unis ? Et que va vous apporter UGS au niveau international que Siemens n’avait pas ?
Il faut bien comprendre qu’UGS est complémentaire de Siemens. Nous n’avons aucun recouvrement de gamme entre l’offre UGS actuelle et celle de Siemens. C’est pourquoi nous n’envisageons pas de changement d’importance vis à vis de la structure actuelle. Le siège restera aux Etats-Unis.
UGS comme Siemens restent des entreprises internationales, avec pour chacune des acquis importants dans certaines régions. Comme vous l’avez noté, UGS est bien implanté aux Etats-Unis, ce sera un « + » pour Siemens, mais le plus important ce sera l’Asie, avec notamment le Japon où Siemens a encore une marge de progrès importante face à des sociétés comme Mitusbishi ou Fanuc, or UGS réalise plus de 10% de son chiffre d’affaires au Japon, notamment chez les principaux constructeurs automobiles.
Le danger de vouloir tout intégrer n’est-il pas de créer un monstre ? Pour l’instant UGS est implanté dans le secteur manufacturier, allez-vous promouvoir cette usine numérique vers les procédés continus et pourquoi pas dans le secteur de l’énergie ? N’êtes-vous pas à l’origine d’un grand « Micado » ?
Ce serait cher payé s’il ne s’agissait que d’un Micado. Il faut se rappeler ce que nous disions il y a quelques années en créant notre TIA (Totally Integrated Automation) et notre TIP (Totally Integrated Power), nous voulions proposer une architecture unique d’automatisation et de production. Dorénavant cette architecture pourra être définie encore plus tôt dans le temps, dès la phase de conception des produits. Et comme vous le notez, il n’y a pas que le secteur manufacturier qui va être impacté par ces changements.
Aujourd’hui, la conception mécanique est désolidarisée de la partie conception du contrôle et des automatismes. A moyen terme la conception mécanique pourra dialoguer avec le logiciel de conception des automatismes qui lui même communiquera avec celui de conception du contrôle/commande. Et dans dix ans, il n’y aura plus qu’un logiciel de conception qui aura en charge la mécanique, l’automatisation et le contrôle/commande.
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Cette vision nous l’avions annoncé il y a de longues années. A partir de cet instant deux possibilités s’offraient à nous, notre vision était correcte ou ne l’était pas. Le seul moyen pour nous de vérifier, c’est le choix des clients. Pour l’instant, ils suivent la vision de Siemens, ce qui tend à montrer que notre vision du futur est la bonne.
L’histoire d’UGS est déjà ancienne, allez-vous garder le nom UGS en la considérant comme une entité séparée de Siemens ou le nom UGS va t-il disparaître ?
Pour l’instant, rien n’est figé (il faut rappeler que les avis de la commission européenne sur ce rachat n’étaient pas encore connus. Ndlr). La seule chose que l’on peut dire c’est que des marques comme Tecnomatix ou SolidEdge sont bien connues des utilisateurs, et il n’y aurait aucun intérêt à les remplacer. A l’inverse, le nom UGS n’a pas la même importance, il est plus dans le domaine de l’émotionnel. Aujourd’hui, nous ne sommes pas pressés pour faire de tels changements, ce n’est pas le plus important.
Les accords récents entre UGS et IBM vont-ils perdurer sachant qu’IBM à un partenariat fort avec Dassault Systèmes qui devient l’un de vos concurrents ?
Nous ne changerons, de notre côté, rien aux accords existants. Je ne peux me prononcer pour IBM, qui est une entreprise importante qui a tout intérêt à continuer à travailler avec UGS et Dassault Systèmes.
Notre objectif a toujours été la recherche de l’ouverture. Siemens travaille depuis des années avec Dassault Systèmes pour la simulation et, pour sa part, Dassault Systèmes travaille avec les produits d’automatismes de Siemens, une offre qui, vous l’aurez remarqué, n’est pas totalement inconnue dans le monde industriel. Je ne pense pas qu’une quelconque société ait intérêt à décider de ne plus travailler avec le leader sur le marché des automatismes.
Allez-vous proposer une offre « Totally Integrated Automation » Siemens en développant une version UGS spécifique ?
Aujourd’hui, vous pouvez utiliser les automates Simatic avec n’importe quel Scada du marché. Avec la simulation c’est la même chose, UGS a une interface standard qui peut s’interfacer avec tout le monde.
Notre volonté est de proposer aux clients une solution homogène Siemens. Pour le client, le coût total sera moins élevé en comparaison d’une solution qui intégrera des produits de fournisseurs différents. Les clients oublient trop souvent que les coûts d’intégration leur incombent et que ce sont eux qui les payent d’une manière ou d’une autre. Demain, cette intégration totale, c’est en quelque sorte Siemens qui la prendra en charge.
Dans l’escarcelle d’UGS, se trouve Tecnomatix qui reste l’un des leaders dans la simulation robotique, n’est-il pas tentant pour Siemens de regarder à nouveau le marché du contrôle/commande de robots ?
Combien de clients seraient intéressés par une telle offre ?
Avec cette intégration de la conception, de la production et des automatismes, les automaticiens sont-ils prêts à devenir des informaticiens collaboratifs ?
Demain, lorsque l’intégration entre simulation, contrôle/commande sera finalisée, la simplicité de programmation et d’utilisation des outils sera en adéquation avec le savoir-faire des automaticiens. Nous y veillerons.
Pourquoi s’être intéressé à la partie amont de l’automatisation avec la conception plutôt qu’à la partie gestion avec les ERP ?
Les ERP sont évidemment un moyen de faire gagner de l’argent aux entreprises. Mais les liens entre la production et la gestion sont moins forts qu’entre ceux de la conception et de la production qui vont générer des avantages pour les industriels bien plus importants.
Vous avez dit un jour « il faut avoir une vision du futur, si nous ne l’avons pas, qui l’aura ? ». C’est quoi votre vision du futur ?
Vous la voyez se dessiner aujourd’hui avec le rachat d’UGS. En 2020, la production va être d’une manière totalement intégrée et cela ira de la logistique au service en passant par le PLM et la fabrication.
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Une première interview à la presse technique française qu’il a réservé à Jautomatise et Cad-Magazine notre confrère spécialisé dans la conception numérique et le PLM. Il est à noter que cet entretien s’est déroulé alors que les instances européennes ne s’étaient pas encore prononcées, et qu’en attendant leur avis, certaines de nos interrogations sont forcément restées sans réponse.
Vous avez acheté UGS ou Tecnomatix ?
Certes, nous avons commencé à travailler avec Tecnomatix dès 2003 dans les automatismes industriels, mais l’idée maîtresse était d’avoir en portefeuille la totalité de l’offre PLM, c’est donc UGS dans sa totalité qui nous intéresse. La fabrication digitale c’est une chose, mais le plus important c’est le processus total qui consiste à passer de la fabrication virtuelle à la fabrication réelle.
Que va devenir le siège social d’UGS aux Etats-Unis ? Et que va vous apporter UGS au niveau international que Siemens n’avait pas ?
Il faut bien comprendre qu’UGS est complémentaire de Siemens. Nous n’avons aucun recouvrement de gamme entre l’offre UGS actuelle et celle de Siemens. C’est pourquoi nous n’envisageons pas de changement d’importance vis à vis de la structure actuelle. Le siège restera aux Etats-Unis.
UGS comme Siemens restent des entreprises internationales, avec pour chacune des acquis importants dans certaines régions. Comme vous l’avez noté, UGS est bien implanté aux Etats-Unis, ce sera un « + » pour Siemens, mais le plus important ce sera l’Asie, avec notamment le Japon où Siemens a encore une marge de progrès importante face à des sociétés comme Mitusbishi ou Fanuc, or UGS réalise plus de 10% de son chiffre d’affaires au Japon, notamment chez les principaux constructeurs automobiles.
Le danger de vouloir tout intégrer n’est-il pas de créer un monstre ? Pour l’instant UGS est implanté dans le secteur manufacturier, allez-vous promouvoir cette usine numérique vers les procédés continus et pourquoi pas dans le secteur de l’énergie ? N’êtes-vous pas à l’origine d’un grand « Micado » ?
Ce serait cher payé s’il ne s’agissait que d’un Micado. Il faut se rappeler ce que nous disions il y a quelques années en créant notre TIA (Totally Integrated Automation) et notre TIP (Totally Integrated Power), nous voulions proposer une architecture unique d’automatisation et de production. Dorénavant cette architecture pourra être définie encore plus tôt dans le temps, dès la phase de conception des produits. Et comme vous le notez, il n’y a pas que le secteur manufacturier qui va être impacté par ces changements.
Aujourd’hui, la conception mécanique est désolidarisée de la partie conception du contrôle et des automatismes. A moyen terme la conception mécanique pourra dialoguer avec le logiciel de conception des automatismes qui lui même communiquera avec celui de conception du contrôle/commande. Et dans dix ans, il n’y aura plus qu’un logiciel de conception qui aura en charge la mécanique, l’automatisation et le contrôle/commande.
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Cette vision nous l’avions annoncé il y a de longues années. A partir de cet instant deux possibilités s’offraient à nous, notre vision était correcte ou ne l’était pas. Le seul moyen pour nous de vérifier, c’est le choix des clients. Pour l’instant, ils suivent la vision de Siemens, ce qui tend à montrer que notre vision du futur est la bonne.
L’histoire d’UGS est déjà ancienne, allez-vous garder le nom UGS en la considérant comme une entité séparée de Siemens ou le nom UGS va t-il disparaître ?
Pour l’instant, rien n’est figé (il faut rappeler que les avis de la commission européenne sur ce rachat n’étaient pas encore connus. Ndlr). La seule chose que l’on peut dire c’est que des marques comme Tecnomatix ou SolidEdge sont bien connues des utilisateurs, et il n’y aurait aucun intérêt à les remplacer. A l’inverse, le nom UGS n’a pas la même importance, il est plus dans le domaine de l’émotionnel. Aujourd’hui, nous ne sommes pas pressés pour faire de tels changements, ce n’est pas le plus important.
Les accords récents entre UGS et IBM vont-ils perdurer sachant qu’IBM à un partenariat fort avec Dassault Systèmes qui devient l’un de vos concurrents ?
Nous ne changerons, de notre côté, rien aux accords existants. Je ne peux me prononcer pour IBM, qui est une entreprise importante qui a tout intérêt à continuer à travailler avec UGS et Dassault Systèmes.
Notre objectif a toujours été la recherche de l’ouverture. Siemens travaille depuis des années avec Dassault Systèmes pour la simulation et, pour sa part, Dassault Systèmes travaille avec les produits d’automatismes de Siemens, une offre qui, vous l’aurez remarqué, n’est pas totalement inconnue dans le monde industriel. Je ne pense pas qu’une quelconque société ait intérêt à décider de ne plus travailler avec le leader sur le marché des automatismes.
Allez-vous proposer une offre « Totally Integrated Automation » Siemens en développant une version UGS spécifique ?
Aujourd’hui, vous pouvez utiliser les automates Simatic avec n’importe quel Scada du marché. Avec la simulation c’est la même chose, UGS a une interface standard qui peut s’interfacer avec tout le monde.
Notre volonté est de proposer aux clients une solution homogène Siemens. Pour le client, le coût total sera moins élevé en comparaison d’une solution qui intégrera des produits de fournisseurs différents. Les clients oublient trop souvent que les coûts d’intégration leur incombent et que ce sont eux qui les payent d’une manière ou d’une autre. Demain, cette intégration totale, c’est en quelque sorte Siemens qui la prendra en charge.
Dans l’escarcelle d’UGS, se trouve Tecnomatix qui reste l’un des leaders dans la simulation robotique, n’est-il pas tentant pour Siemens de regarder à nouveau le marché du contrôle/commande de robots ?
Combien de clients seraient intéressés par une telle offre ?
Avec cette intégration de la conception, de la production et des automatismes, les automaticiens sont-ils prêts à devenir des informaticiens collaboratifs ?
Demain, lorsque l’intégration entre simulation, contrôle/commande sera finalisée, la simplicité de programmation et d’utilisation des outils sera en adéquation avec le savoir-faire des automaticiens. Nous y veillerons.
Pourquoi s’être intéressé à la partie amont de l’automatisation avec la conception plutôt qu’à la partie gestion avec les ERP ?
Les ERP sont évidemment un moyen de faire gagner de l’argent aux entreprises. Mais les liens entre la production et la gestion sont moins forts qu’entre ceux de la conception et de la production qui vont générer des avantages pour les industriels bien plus importants.
Vous avez dit un jour « il faut avoir une vision du futur, si nous ne l’avons pas, qui l’aura ? ». C’est quoi votre vision du futur ?
Vous la voyez se dessiner aujourd’hui avec le rachat d’UGS. En 2020, la production va être d’une manière totalement intégrée et cela ira de la logistique au service en passant par le PLM et la fabrication.