Pour sa vingt-cinquième édition,
le salon de Nuremberg a une fois de plus tenu sa promesse de constituer une
vitrine des nouveautés mondiales du monde des automatismes.
C’est désormais une habitude : qui dit édition de SPS IPC Drives,
la grand-messe des automatismes qui se déroule tous les ans à Nuremberg, dit
carton plein. Certes, le vingt-cinquième opus du salon affiche des performances
en baisse par rapport au précédent, avec 1602 exposants (1622 en 2013) et 56787
visiteurs sur trois jours (on avait dépassé les 60000 en 2013) – à noter, la
surface d’exposition, elle, a progressé pour atteindre 117,800m² cette année -,
mais les Allemands n’ont, une fois de plus, pas à rougir. Et à en juger par la
taille de certains stands des ténors mondiaux cette année, les automatismes se
portent plutôt bien. Siemens avait ainsi tout bonnement investi un hall entier!
Des Allemands en forme !
Confortablement installé dans le hall 11 du centre des expositions de
Nuremberg, le géant allemand présentait cette année un grand nombre de
nouveautés. Au programme, des écrans de 15 à 22 pouces haute résolution
utilisés en stand-alone ou en mode PanelPC, avec des fonctionnalités dédiées au
multitouch, la Sitop PSU8600, alimentation
compacte complètement intégrée aux applications d’automatisation en réseau et à
la plateforme TIA Portal, les moteurs IE4 Simotics GP et SD au rendement
supérieur à celui des modèles IE1 de 14%, ou encore la nouvelle génération de
lecteurs RFID RF600, trois dispositifs destinés à aider les industriels à
mettre en œuvre leurs projets plus rapidement, notamment grâce à leur connexion
Profinet intégrée.
Autre régional de l’étape, Beckhoff a lui aussi revu la taille de son
stand à la hausse en 2014 et réservé plusieurs nouveautés au salon. Parmi
elles, on retiendra les servovariateurs AX 8000 destinés aux applications
multiaxes et des composants inédits, modules de guidage et navettes pour fortes
charges, ajoutés à son offre de système de transport XTS. Il dévoilait aussi
sur le salon le PC industriel C6670 doté de… 36 cœurs ! Un modèle
surpuissant embarquant 64Go à 2 To de mémoire vive, qui pourrait remplacer
plusieurs machines ou piloter des applications exigeantes de contrôle par
vision et d’analyse d’image poussée sur des cellules robotisées complexes.
Autre Allemand en pleine forme, Bosch Rexroth a pour habitude de
présenter l’intégralité de son offre à Nuremberg et, bien sûr, ses nouveautés.
Au programme cette année, ses nouveaux composants d’entraînement sans armoire
Indradrive Mi, dont un bloc alimentation-filtre IP65. A noter, cette gamme
comporte également désormais un drive installé au plus près du moteur, refroidi
par eau ou par air, délivrant deux fois plus de puissance que les solutions
précédentes, et permettant donc de piloter des moteurs plus puissants. L’Allemand
présentait également pour la première fois sur le salon un Indracontrol FM,
pour « Field Mounted ». Parmi ses autres nouveautés, l’Indracontrol
XM 22 avec des Entrées/Sorties rapides et sa connexion Profibus, une nouvelle
génération d’IHM avec écrans multitouch, et la technologie Open Core
Engineering disponible sur les variateurs.
VIPA, encore un Allemand (détenu par le Japonais Yaskawa), outre deux
modèles de panelPC de 15 et 21 pouces full HD avec processeurs Atom et tournant
sous Windows Embedded, présentait pour sa part ses premiers développements réalisés
conjointement avec sa maison-mère, au travers d’une démonstration de pilotage
de deux couples moteur-variateur Yaskawa synchronisés par un contrôleur Speed 7 via une connexion
Ethercat. Sur son stand, le Japonais présentait la même démonstration, ainsi
que des exemples d’applications complètes réalisables avec des produits Yaskawa
et Vipa.
Des variateurs partout
Si les Allemands se sont lâchés cette année, les autres spécialistes
mondiaux des automatismes ont également profité du salon de Nuremberg pour
dévoiler nombre de nouveaux produits. A l’image de l’Autrichien B&R
Automation, avec ses servovariateurs Acopos P3. Ces modèles inédits disponibles
en version monoaxe, double axe ou triple axe, intègrent des fonctions de
sécurité, couvrent une plage de puissance de 0,6 à 24 kW et induisent un gain
d’espace pouvant atteindre 69% par rapport aux générations précédentes. Ils
seront disponibles dès cette année. B&R présentait également ses composants Mapp, sortes
d’ « Apps » mises à la disposition des constructeurs de
machines, afin de leur permettre de construire des applications
d’automatisation et de robotique plus rapidement. Plusieurs thématiques sont
couvertes, au travers d’une vingtaine d’apps.
Variateur encore chez SEW, qui présentait sur SPS un prototype baptisé
Movi 4U (prononcer Movi for you), un concept optimisé pour les applications
simples. Ce variateur « vert » basé sur une partie électrique
modulaire et des matériaux réutilisables a été conçu pour permettre son recyclage
complet (à 99% plus exactement). Le premier modèle mis au point est tout
particulièrement destiné aux applications de convoyeur. A noter, SEW développe
aussi des solutions intelligentes pour l’industrie et la logistique, où il
fournit les moteurs, les variateurs, mais aussi la partie logicielle et un rôle
de consultant dans la logistique. Il en faisait la preuve avec une
démonstration de type « 4.0 ».
Variateur toujours, chez Parker Hannifin, cette fois, avec les AC10,
solutions d’entrée de gamme de 0,2 à 180 kW en IP 20 (et 0,4 à 15 kW en IP66), dotées
de nouvelles fonctionnalités comme le pilotage de moteurs à aimant permanent ou
un mode feu, et les solutions plus haut de gamme AC30 étendus de 75 à 250 kW.
Ces nouveaux modèles sont construits sur une base modulaire, avec plusieurs
choix de boîtiers et de fonctions à ajouter à l’appareil : E/S
supplémentaires, « speed feed back », etc. Parker profitait également
du salon pour dévoiler sa nouvelle génération de servovariateurs PSD
disponibles en version à un, deux et trois axes, présentant tous une largeur de
25 mm seulement et dotés d’Ethercat en standard.
Sur la foire de Hanovre, Weg expose généralement des moteurs de très
grande taille. A Nuremberg, en revanche, le Brésilien faisait la preuve de
son extension de gamme avec des réducteurs et des produits de vitesse variable.
Son leitmotiv : « nous nous concentrons sur le haut rendement et les
économies », annonce Paulo Krüger, directeur des ventes internationales. A
noter également, le petit variateur CFW 100, dévoilé à Hanovre, évolue. Il
propose désormais deux possibilités de télécommande en infrarouge et Bluetooth.
Eaton avait l’an dernier dévoilé sa dernière génération de variateurs
M-Max. Cette année, c’est un composant qui permet justement de se passer de
variateur pour démarrer un moteur que lançait l’Américain : le DE 1, un
démarreur à vitesse variable pour moteurs IE2. Pas de paramétrage ou de
configuration pour ce composant ; « il suffit de le brancher et il
fonctionne », assure-t-on chez Eaton. Les réglages sont assurés avec un
simple tournevis.
Avalanche de nouveaux produits également cette année chez Rockwell
Automation, dont le stand cette année était majoritairement occupé par une
démonstration du concept d’usine intelligente. Parmi ses nouveautés, des barrières
immatérielles, un Controllogix XT dédié aux environnements difficiles, et des Panelview
de nouvelle génération. Nettement plus plats que les précédents, ces Panelview
Plus 7 Standard sont disponibles en cinq tailles de 4 à 10 pouces, embarquent
un port pour cartes SD pour les sauvegardes et se montent et se démontent sans
outil.
Pas de lever de voile spécifique, en revanche, chez Omron, mise à part
l’ajout d’un algorithme « anti-vibrations » dans ses contrôleurs NJ.
A noter, le Japonais dédie toujours un petit espace de son stand sur SPS IPC
Drives à des technologies d’avant-garde. Cette année, il y présentait un
capteur de présence sans contact, auto alimenté et sans fil, à placer par
exemple au bout d’un bras robotisé. Communiquant via un protocole industriel,
le composant peut envoyer des informations toutes les 50 µs pour l’instant. Mais
Omron compte faire mieux encore pour son potentiel lancement, d’ici à deux ou
trois ans.
Présent pour la quatrième année consécutive à Nuremberg, le Taiwanais
Delta Electronics propose lui aussi une gamme longue de produits
d’automatisation : écrans, automates, variateurs, etc. Cette année, il
complète encore son portefeuille avec… un robot Scara. Baptisé DRS40L, il
présente une longueur de bras de 400 mm et une capacité de charge maximale de 3
kg et est destiné notamment à l’industrie électronique, au monde du plastique
et du packaging.
Tous les domaines progressent
Les composants plus communs aussi progressent et bon nombre de
fabricants présentaient des nouveautés cette année. A l’image de SMC, qui dévoilait
une série de moteurs linéaires aux courses et aux couples plus importants
qu’auparavant et connectés à Ethernet IP, ou encore d’Ewon, exposant pour la
première fois ses tous nouveaux routeurs industriels Cosi. Le
spécialiste de l’embarqué Kontron exposait pour sa part pour la première fois
de nouveaux écrans en verre du plus bel effet pour des applications dans
l’agroalimentaire, la chimie, la pharmacie… Dotés de trois boutons de programmation,
ces modèles de de 7 à 21,5 pouces intégrant un lecteur RFID sur la face avant
devraient arriver sur le marché en avril ou mai 2015, « au même niveau de
prix que les écrans classiques », assure Kontron.
Côté composants mécaniques, on connaissait les pinces de Schunk dotées
de fonctions de sécurité. Désormais, l’Allemand les combine avec d’autres
composants de sécurité pour proposer une cellule entière entièrement sécurisée
selon des zones, permettant le travail de l’homme au bord des machines sans danger,
avec la garantie d’avoir des pièces serrées en toute circonstance sans
dispositif supplémentaire.
Autre spécialiste de la sécurité des systèmes automatisés, Pilz étend
pour sa part sa gamme sur le front du soft avec PASvisu, un logiciel de
visualisation basé sur le web. Utilisé avec le PSS 4000 du fabricant, cet outil
multiplateforme offre une vue complète d’une installation, construite grâce à
des « tuiles », éléments prédéfinis et paramétrés automatiquement.
Sur le salon, Pilz en faisait la démonstration sur un jeu : une sorte de
flipper commandé par une simple tablette.
Cette année, Advantech pousse lui aussi son offre logicielle. Le
Taïwanais met en effet un éclairage particulier sur son logiciel Webaccess, une
solution de supervision, qui existe depuis longtemps en Asie et dont la version
8 est désormais proposée en Europe. Multiplateformes, compatible avec les appareils
mobiles, il vise les mondes de l’eau, la distribution électrique, le building
automation, l’agriculture… Véritable boîte à outils, l’application offre
quantité de modules qui permettent de construire ses indicateurs et tableaux de
bord à partir des données (jusqu’à plusieurs milliers de sources) récoltées sur
le terrain.
C’est un tout autre domaine qu’a exploré Weidmüller cette année avec le
Frontcom Vario, vainqueur de l’Automation Award 2014 dans la catégorie
« Solutions et techniques de contrôle »
puisque cette interface de
service pour armoires de commande vise avant tout à simplifier la maintenance
des installations. Doté de plusieurs connexions (RJ45, USB, D-Sub, etc. que
l’on peut choisir en fonction de ses besoins. 5000 combinaisons sont
possibles), elle offre ainsi, dans un boîtier compact, un accès simple au
système de contrôle et PC et aux composants électroniques.
Les capteurs vont plus loin
SPS IPC Drives constitue également un rendez-vous incontournable pour
les fabricants de capteurs du monde entier. L’Allemand Sick y dévoilait ainsi
de nombreuses nouveautés, dont son Glare Sensor, un capteur optoélectronique capable de
détecter des objets brillants sans difficulté, ou encore le Profiler 2, capteur
de profil qui permet de détecter des formes sur de courtes distances, de 75 à
125 mm. Il utilise pour cela la projection d’une raie laser sur l’objet et une
mesure via un capteur CMOS. Côté identification, la gamme de Sick continue de
progresser, notamment avec le Lector 65X, capable de lire tous types de codes,
même s’ils ne sont pas très lisibles, grâce à son capteur de 4Megapixels.
Pour Pepperl & Fuchs, l’avenir passe par sa technologie Smart
bridge. Dévoilée à la foire de Hanovre, elle permet de communiquer, via une
passerelle spécifique du fabricant, avec tous les capteurs IO Link via
Bluetooth ou aux webservers intégrés dans les composants par Wifi depuis une
simple tablette sous iOS. Perfectionnée depuis sa première présentation, elle
affiche les paramètres auxquels l’utilisateur a accès, selon son profil, et lui
permet de les modifier en direct.
Chez Balluff, l’heure est à la miniaturisation. Micromote Sensor, son
dernier né dans la famille des cellules photoélectriques, ne mesure que
quelques millimètres de long et de diamètre. Son secret ? Des composants (leds,
photodiodes et phototransistors) de très petite taille et une électronique de
traitement séparée du capteur et reliée à lui par des câbles flexibles.
De son côté, Leuze met l’accent cette année sur la sécurité avec son
scanner laser RSL 400. Un dispositif très modulaire, dont on peut changer la
tête pour passer de 2 à 8,25 mètres de portée, entre autres. En tout, 16
variantes sont possibles, via quatre packages complétés d’options. L’appareil
est configuré via Bluetooth ou Ethernet-TCP/IP. En outre, son angle de vue de
balayage de 270° lui permet de remplacer deux scanners dans certaines
applications. Leuze dévoilait également sur le salon son DDLS 500, un système
de transmission de données par la lumière jusqu’à 120 mètres, à 100 Mbit/s.
Selon le fabricant, il est compatible avec tous les protocoles Ethernet usuels.
Enfin, sur ce SPS IPC Drives 2014, ifm electronic a fait la preuve que
des technologies utilisées dans un domaine purement industriel peuvent aussi
avoir des débouchés dans d’autres domaines. Son tout dernier développement, un
détecteur 3D intelligent basé sur la technologie de mesure de distance par
temps de vol, peut ainsi être utilisé en extérieur, notamment sur des engins
mobiles. Capable de récupérer 1024 informations de distance simultanément, il
est composé d’un émetteur de lumière infrarouge et d’un détecteur. Cette configuration
lui permet de détecter la présence d’un être humain entre 15 et 20 mètres, d’une
voiture à 40 mètres, et même d’atteindre 70 mètres avec certains matériaux
particuliers comme des vestes réfléchissantes. L’application principale de ce
produit sera l’évitement des collisions basé sur des données 3D et l’assistance
à la conduite sur des engins mobiles. Une nouvelle version intégrant une caméra
2D devrait être dévoilée lors de la prochaine Foire de Hanovre. Pour découvrir
ses autres prochains développements dans ce domaine, il faudra cependant sans
doute attendre la prochaine édition de SPS IPC Drives, qui se tiendra du 24 au
26 novembre 2015, à Nuremberg.