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Un prix c’est bien, mais un gros prix !

Qui l’eut cru ? Sorti un peu de nulle part, le premier concours national de robotique collaborative, organisé par l’Etat, par le truchement de la Direction générale des entreprises, en partenariat avec le CEA LIST, le 5 février dernier, a fait un carton. 17 entreprises ou groupes d’entreprises et d’universités sont venus concourir. Quoi ?!!! 17 candidats pour la première édition d’un concours quasi confidentiel ? Mais comment ont-ils fait pour faire le plein comme ça ?! C’est simple : les organisateurs y ont mis les moyens en offrant pas moins de 60 000 euros à chaque lauréat.

Et ce n’est pas fini. Malgré le froid, malgré un emplacement (le centre d’intégration Nano Innov) difficile à trouver, au milieu d’un plateau de Saclay en pleins travaux, malgré une annonce relativement tardive de la tenue de cet événement, ce sont plus de 300 personnes qui sont venues découvrir les candidats et leurs démos. Pourquoi ? Parce qu’un concours qui octroie des prix pareils présente forcément des projets de qualité. Alors on se déplace, ne serait-ce que pour voir. CQFD.

C’est comme ça qu’il faut faire. Inciter avec des moyens. Car non seulement la moitié des candidats ne se seraient certainement pas déplacés pour 5000 euros. Il suffit de savoir compter jusqu’à 2 et d’être un tout petit peu attentif pour les gagner en restant devant sa télévision le samedi soir. Et surtout, ce n’est pas avec un chèque au montant à quatre chiffres et un titre d’estime que l’on passe du projet innovant au succès commercial. Il faut des sous pour, au choix ou tout en même temps, se faire connaître, développer et se développer, convaincre les banquiers que l’on est crédible, pour acheter une cafetière neuve, une nouvelle voiture pour battre la campagne (ou plutôt les zones industrielles). Car pour information, parmi les candidats, la plupart étaient de jeunes, très jeunes entreprises, attendant juste un coup de pouce pour aller dévorer le monde avec leurs produits.

Monsieur Macron, si vous voulez pousser les technologies innovantes dans nos usines, si vous voulez que l’industrie française survive et devienne enfin 4.0, que des petites boîtes françaises deviennent des champions mondiaux, vous pouvez aller à Las Vegas, vous pouvez participer au financement d’une partie de nouveaux équipements mais, s’il vous plaît, multipliez ce genre d’initiatives. 

Pas besoin de gigantisme. Inutile de créer « l’industrie française a du talent » ou « le 4.0 Factor » ou « the cobot ». Alors que l’on parle de réduire le nombre de plans de la nouvelle France industrielle, pas la peine d’inonder l’industrie avec des concours en tous genres. Quelques-uns suffiront, à condition de viser les domaines où la France peut apporter une valeur ajoutée technologique, et à condition de les accompagner de récompenses à la hauteur des efforts et des ambitions des candidats. 

Jean-Sébastien

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