Chargé de la gestion technique du grand
stade de Lille, Eiffage Energie a opté pour une soixantaine d’automates
connectés à plusieurs postes de contrôle. De quoi maîtriser à tout instant les
évolutions de cette énorme arène.
Le 17 août
dernier, au soir du premier match joué au Grand Stade de Lille, en périphérie
de la capitale des Flandres, la rencontre Nancy-Lille
s’est soldée par un match nul, 1 partout. Mais pour l’équipe d’Eiffage Energie, la grande
première, sans filet, du dispositif de gestion technique globale du bâtiment,
fruit d’un an et demi de travail, s’est achevée sur une grande victoire. Tout a
fonctionné sans encombre. Et depuis, l’arène accueilli 9 autres matchs, dont
deux avec le toit fermé.
Un projet unique
Aboutissement
de près de trois ans de travaux menés tambour battant, le Grand Stade au budget
de 324 millions d’euros (dont 35 pour les équipements) est unique à plus d’un
titre. D’abord, c’est le premier stade français au toit escamotable, qui peut
en outre se transformer en quelques heures en salle de spectacle (voir
encadré). Ensuite, ce projet a réuni toutes les compétences du groupe
Eiffage : Eiffage Construction pour le bâtiment, Eiffage Construction métallique pour la structure du toit et
le dispositif de « boite à spectacle », et Eiffage Energie pour la
gestion technique et énergétique du bâtiment (sécurité, vidéo-surveillance,
réseau informatique, gestion électrique en courant fort et courant faible,
automatisme…). Enfin, cet élégant bâtiment cerclé de lignes lumineuses quand la
nuit tombe, a tout pour devenir le cauchemar des spécialistes en gestion
technique des bâtiments. Et pour cause, le site compte pas moins de 450 portes,
350 lampes pour l’éclairage de l’aire de jeu, 456 ventilo-convecteurs (dont 250
maîtres), 2700 points de connexion informatique, mais aussi 2 écrans géants de
60m², une sono de 70000 W sur 1000 haut-parleurs, une façade animée avec des
leds… « Un soir de match, 2000 personnes sont mobilisées pour son
fonctionnement », note Armel
Lourioux, Directeur du projet Grand Stade Lille Métropole
chez Eiffage Energie.
Côté
énergie, ce mastodonte capable d’accueillir 50000 personnes consomme la
bagatelle de 2,2 Mégawatt d’électricité et 40000 litres d’eau les
soirs de match ! Et pas question de perdre de temps en cas de coupure de
courant. Dans ce cas, l’exploitant a moins de trente secondes pour activer ses
énormes onduleurs dynamiques pour prendre le relai.
Des choix radicaux
Chargée de
la gestion technique de ce bâtiment hors norme, l’équipe d’Eiffage Energie
a fait des choix radicaux, dans un souci de maintenabilité et de facilité
d’exploitation. Pour la partie automatismes, elle a ainsi opté pour un ensemble
de 60 automates programmables (surtout Wago, et Sauter pour la partie
chauffage, automate schneider pour la partie GTE, Les parties toit et demie-jauge,
équipées en Siemens, ne sont pas connectées au système) disséminés dans
l’ouvrage. « Nous avons suivi la même structure que celle de la
distribution électrique. Avec chaque tableau divisionnaire, nous avons installé
un automate pour la remontée d’informations et la gestion du tableau »,
explique Nathanaël Morelle, Responsable Etudes GTB-GTC. Avantage, « pour
la maintenance, si l’on doit couper un circuit, on ne touche qu’un soixantième
du stade », souligne Stéphane Gauthereau, chef de projet. Tout est
connecté via Ethernet IP (protocole de communication modbus pour les courants
forts et Bacnet pour le chauffage), via deux réseaux fibre optique parallèles,
à deux serveurs redondants.
Pour le
choix de supervision, même démarche radicale. « Le cahier des charges
initial prévoyait un système de GTB par partie fonctionnelle : chauffage,
gestion de l’énergie haute tension, plomberie, éclairage… Nous avons opté pour
une application de supervision unique, Panorama E2 de Codra, avec des accès
différents en fonction des profils des utilisateurs », explique Stéphane
Gauthereau. Le système gère ainsi les 8000 entrées-sorties des automates et
près de 25000 variables, et renvoit les informations vers six postes fixes dans
le stade : un dans le local du gardien (pour la visualisation des alarmes
techniques et les intrusions), un en maintenance, un au pôle énergie, un au
secrétariat d’Elisa (la société qui commercialise le stade) et un au PC
commandement, le centre névralgique du stade pendant un match.
La
supervision affiche l’ensemble de l’installation, équipement par équipement.
Pour gagner du temps lors du développement, l’équipe a largement tiré parti de
la programmation objet. « Nous avons défini des objets que nous avons dupliqués
ensuite. Chaque automate a été simulé sur une plateforme, puis a subit les
mêmes tests après son branchement in situ », explique Nathanaël Morelle.
Regroupés en 6 zones, tous les équipements peuvent être visualisés en quelques
clics et commandés en suivant des scénarii et des configurations d’éclairage de
l’aire de jeux (il en existe 17 pour l’instant) prédéfinies. Petite
astuce : les spécialistes d’Eiffage ont également développé un outil de
géolocalisation, qui pointe un appareil sélectionné sur un plan du stade. A
tout moment l’exploitant peut créer un nouveau scénario et y intégrer les
équipements concernés. Un point essentiel. « Un tel établissement a un
mode de fonctionnement très particulier, surtout en période de match. A la fin
d’une rencontre, par exemple, toutes les portes doivent être déverrouillées en
même temps, au top du responsable du poste de commandement. N’ayant pas
anticipé cette contrainte, le 17 août, nous avons développé un bouton
« libération des portes » qui automatise l’opération, seulement
quelques heures avant le premier match », se souvient Nathanaël Morelle.
Passage de relai
« Le
dispositif est au point. Maintenant c’est l’équipe chargée de l’exploitation
qui doit prendre la main », déclare le Responsable Etudes GTB-GTC. Les
concepteurs du système l’accompagneront encore jusqu’à la fin de l’année avant
de lui laisser les commandes pour… 31 ans, la période de concession de
l’édifice octroyée à Eiffage. L’exploitant devra en outre optimiser sa
consommation énergétique. Pour cela, il utilisera Panorama IT, l’outil
« temps différé » de Codra, pour analyser les données déjà engrangées
et celles qui nourriront le système jour après jour. Parallèlement,
l’installation se perfectionne encore. Les techniciens sont désormais équipés
de tablettes sur lesquelles ils peuvent lancer l’application de supervision
lors de leurs interventions. « Il est aussi déjà possible de récupérer des
données d’info trafic pour conseiller les spectateurs sur leur heure de départ
et on pourra bientôt gérer la distribution d’étage des ascenseurs depuis le
superviseur », annonce Armel Lourioux. L’arsenal informatique se complète,
lui aussi. « Le losc implémente actuellement un logiciel de gestion des
risques et Elisa compte mettre en place Openfield, un outil de suivi des
clients pour optimiser leur consommation au sein du site », poursuit le
directeur du projet. De quoi assister aux matches de leur équipe fétiche dans
les meilleures conditions et savourer la victoire au mieux…