Une entreprise industrielle plus flexible implique que certaines
informations doivent circuler plus vite et plus largement
entre les individus sans nécessairement suivre les canaux
traditionnellement établis entre les services auxquels ils
appartiennent. A cette fin, la jeune entreprise française, The WiW
propose une plateforme collaborative gravitant autour d’une
base de données objet. Portrait !
lfait entrer la digitalisation au cœur de l’appareil de production. De l’ingénieur a quatrième révolution industrielle
qui dans le bureau d’étude imagine le
produit et ses variantes à l’opérateur qui
surveille le fonctionnement des machines
d’usinage ou des cellules d’assemblage,
en passant par les spécialistes de la
méthodologie, de la qualité ou de la
validation, tous collectent, produisent et
transforment des informations et dans
le même temps, travaillent avec des
équipements qui eux-mêmes, alimentent
des fichiers ou des banques de données.
Au bureau d’étude et dans celui des
méthodes, les données sont organisées en
fichiers dont les formats sont depuis
longtemps standardisés quel que soit le
secteur industriel considéré. On peut faire
la même constatation pour les
informations qui relèvent des applications
de gestion de plus en plus souvent
orchestrées au sein d’un progiciel de
gestion intégré, plus connu sous
l’acronyme, ERP (de l’anglais, Enterprise
Resource Planning).
A d’autres échelons, des outils
informatiques spécifiques (stockage,
logistique, gestion de flotte, gestion
d’énergie, etc.) supportent les besoins de
chaque spécialiste d’un métier ou d’une
fonction dans l’entreprise. Et, le plus
souvent tous ces outils, du plus simple au
plus sophistiqué – l’ERP occupant le
sommet de cette pyramide, – enregistrent
les informations qu’elles transforment
dans une base de données relationnelle au
standard SQL (sigle de Structured Query
Language ou en français, langage de
requête structurée).
La production, un
univers à la prévert
Un plateau de production assure des
opérations qui peuvent être
fondamentalement différentes les unes des
des autres comme l’usinage et le moulage,
l’assemblage et le traitement de surface et
encore, la métrologie. Certains opérateurs
apportent leur part à l’édifice en surveillant
une machine spéciale quand d’autres
modifient ou assemblent eux-mêmes des
pièces. Autour d’eux des techniciens
participent à leur manière en développant
des applications distribuées ensuite sur des
automates ou des PC industriels. Des
informaticiens mettent en forme des
programmes qui produisent des tableaux de
bord à partir d’informations remontées par
les robots industriels, les plateformes
pilotant les machines et par les capteurs
communicants disséminés à certains points
stratégiques de l’installation.
En plus de l’information produite
directement sous une forme numérique et
qui peut donc être stockée sur un serveur
quelconque, chaque collaborateur présent
sur le plateau de production peut être
amené à consulter des fiches techniques et
des documents plus volumineux pour se
conformer à une procédure ou avant d’intervenir sur un équipement. Il peut aussi
produire du texte, des schémas ou des listes
de valeurs chiffrées sous une forme
manuscrite. Quand une opération
inhabituelle débute ou se termine, voire si
un incident survient, il peut encore choisir de
prendre une image avec un smartphone ou
même immortaliser la scène en live dans une
séquence vidéo d’une durée de quelques
secondes à quelques minutes.
Cette longue description ne vise qu’à attirer
l’attention sur la grande multiplicité des
sources coexistant dans la zone de
production mais aussi et surtout, sur la
variété des formes que l’information adopte.
Il conviendrait encore de souligner qu’il ne
s’agit là que de la partie émergée de cet
iceberg numérique puisque nous n’avons pas
un seul instant évoqué les relations qui se
doivent d’exister entre tous ceux que les
informations concernent… des relations qui
sont parfois inextricablement imbriquées.
Que peut être quoi ?
Pour sinon mettre de l’ordre mais au moins,
rendre l’information et les relations qui la
caractérisent à la disposition des personnes
mais aussi, des ressources qui en ont
besoin, il faut être capable de rassembler
de données très hétérogènes sur une
plateforme unique.
C’est ce que The WiW, une jeune-pousse
nancéenne créée en 2015 et adhérente de
la FrenchFab, propose précisément de faire.
A cette fin, elle a développé la plateforme
collaborative What is What qui vise à
cartographier les relations entre les
équipements, les organisations et les
individus afin de simplifier leurs interactions.
The WiW adopte une logique inverse à celle
qui préexiste dans tout ERP et qui consiste
à fondre toutes les données dans un
gigantesque moule centralisé. Avec What is
What, l’entreprise nancéenne propose de
partir de la description d’un équipement ou
d’une machine avec la possibilité de partir
de ce point d’entrée pour aller soit dans le
détail des briques et sous-ensembles qui le
constitue, soit d’aller vers le niveau
supérieur pour décrire d’autres
équipements appartenant à la même cellule
ou la même ligne de production et
remonter encore, vers l’atelier,
éventuellement l’usine.
Dans cette plateforme, une description
peut contenir des documents et des fiches
techniques mais aussi, des interactions, des
dépendances, des guides de mise en
services et d’utilisation, des historiques
d’intervention qui composent l’information
statique. A cela s’ajoutent des données
dynamiques qui, au moyen d’interfaces et
de connecteurs logiciels, pouvant provenir
d’applications et de capteurs connectés,
donnent naissance à des valeurs
d’interdépendances calculées
(consommation/cycle, quantité/cycle, etc.).
Il ne faut pas en conclure que What is What
ne serait qu’une base de données classique,
capable de réaliser des rapprochements
élémentaires entre des enregistrements
décrivant les équipements d’une entreprise
industrielle. Cet outil peut aussi servir à
décrire des individus, des statuts
(collaborateurs clients, intervenants, etc.),
des métiers, des tâches et lister là encore,
les interactions qui les rapprochent et
permettre la création d’autres descripteurs
comme les équipes, les fonctions, etc.
Quand chacun a apporté sa pierre à
l’édifice, il s’agit de disposer d’un outil qui
donne corps à la continuité numérique qui
relie les systèmes, les individus, les
structures, les organisations, etc.