Afin de maîtriser l’ensemble de ses
productions, le constructeur de robot japonais a pour habitude de ne pas
confier à d’autres ce qu’il peut faire lui-même. Cela est vrai en fabrication, en
recherche et développement, mais également lorsqu’il cherche à étoffer sa
gamme.
99 ans et
toujours en forme ! L’an dernier, Yaskawa Corporation, l’entreprise créée
en 1915 par Keiichiro Yasukawa pour produire des moteurs électriques pour le
monde des mines et carrières, a réalisé un chiffre d’affaires de 363,6
milliards de yen (soit 2,63 milliards d’euros), en hausse de 17,1% sur un an !
Et en 2014, le groupe qui emploie désormais plus de 13600 personnes prévoit
encore de progresser de 4 ,5% pour atteindre 380 milliards de Yens. Son
secret ? Sans doute une maîtrise particulièrement fine de l’intégration
sous toutes ses formes. A commencer par l’intégration industrielle.
Dans son
site de Kitakyushu – au sud de l’archipel du Japon -, siège historique de l’entreprise
et de Motoman, par exemple, le Japonais la pousse à son paroxysme. Sur les deux
lignes de fabrication de l’usine 1, dédiée aux « petits robots » et
aux modèles de « nouvelle génération », des robots Yaskawa (des
couples de robots 7 axes et des modèles à deux bras) construisent des
sous-ensembles, eux-mêmes assemblés ensuite, toujours par des robots de la
marque. Sur ces lignes capables de produire plus de 600 unités par mois
chacune, « 71% de la production est automatisée. Les 29% restants concernent
la vérification des faisceaux électriques sur les robots assemblés, une phase
critique qui est difficilement automatisable », explique Shinji Okumura,
directeur marketing de la division robotique. Autre particularité, non
seulement les robots collaborent ensemble, mais certains sont aussi synchronisés
avec les ponts roulants de l’atelier.
Le Japonais
ne mise cependant pas toujours sur l’automatisation à tout crin. Ainsi, dans l’usine
2 voisine construite en 2013, les robots manipulateurs de wafers pour le monde
des semi-conducteurs de la gamme Semistar
et les manipulateurs de dalles de verre (des modèles que l’on ne croise
pas en Europe) sont montés manuellement au sein d’unités autonomes de
production, dans des ateliers salles blanches de classe 6. L’atelier peut
produire 500 robots par mois, mais « les demandes sont trop variables pour
faire l’objet d’une automatisation », explique Shinji Okumura.
Au-delà des robots
Cette
intégration, Yaskawa la déploie également au-delà de sa division robotique. Exemple
avec le « Drive Center », usine de référence du groupe en termes de fabrication
de variateurs construite en 2007 à Fukuoka, une autre ville de l’île Kyushu.
1,5 million de drives en sortent chaque année. Et là encore, « nous
utilisons beaucoup de nos robots », déclare Makoto Hachino, de la section
Promotion des ventes. Ainsi, dans l’atelier de production des cartes
électroniques, le collage de rubans de masquage sur les circuits imprimés est
désormais confié à des robots à deux bras (DA, pour DualArm) de Yaskawa Robotics.
« Cela nous a permis de doubler les cadences sur ces postes et les robots
sont plus précis que les hommes sur la durée », note Makoto Hachino. Un
peu plus loin, ce sont encore des DA qui se chargent du montage de dissipateurs
sur les cartes. Tout près de là, la production proprement dite des variateurs
s’automatise progressivement. Pour la fabrication des petits modèles V1000, depuis
2008, plus des deux tiers des tâches sont assurées par des machines. Sur la
même ligne, on retrouve ainsi quelques opérateurs, mais aussi 14 bras robotisés,
qui assurent l’assemblage des variateurs, leur test systématique sur des
moteurs et, enfin, l’emballage des produits. Capacité : 30000 unités par mois. Yaskawa
compte élargir à l’avenir cette automatisation à la production des modèles
A1000 et J1000 à Fukuoka mais, également, dans ses quatre autres usines dédiées
aux variateurs en Chine, en Ecosse, en Inde et aux Etats-Unis. Et surtout,
« Pour les générations suivantes de nos variateurs, nous voulons travailler
en tout automatisé », annonce Makoto Hachino. Encore du travail en
perspective pour des robots Yaskawa…
Intégrations d’un nouveau type
Le groupe
continue à développer les technologies dont il a besoin pour explorer de
nouveaux domaines comme la robotique de service et le monde du biomédical. Il exploite
désormais aussi un autre pan de l’intégration : celle d’autres entreprises
et d’autres technologies. Il a par exemple pris en septembre dernier une
participation dans le capital d’Argo Medical Technologies, une société
israélienne spécialisée dans les exosquelettes. Plus tôt, il avait également
racheté Vipa, spécialisé dans les automates programmables, qui le porte au
niveau d’autres ténors dans les automatismes. D’ailleurs, « nous poussons graduellement
les intégrateurs à passer de Siemens à Vipa, notamment en Chine, où les
industriels apprécient beaucoup les produits européens », commente
Yoshikatsu Minami, vice-président en charge de la division robotique. Autre
avantage de Vipa, ses produits sont ouverts sur la plupart des standards de
communication de terrain : Profibus, Ethercat, DeviceNet, Ethernet
IP, Interbus, CanOpen… Le groupe travaillerait ainsi à la mise au point
d’une solution globale intégrant robotique et automatismes, notamment une commande
de robot compatible avec tous les bus de terrain du marché. Et pourquoi pas
aussi un automate intégrant directement des cartes de pilotage de robots ?
viendra ensuite un signe encore plus fort de l’intégration en profondeur de
Vipa dans le groupe : comme Motoman, la marque Vipa devrait sans doute à
terme disparaître au profit de celle de sa maison mère…