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Amazon s’arme d’un nouveau robot

Amazon a dévoilé son nouveau robot destiné à rationaliser ses processus de distribution en manipulant des produits à l’unité. S’appuyant sur des systèmes de vision et de traitement à base de techniques d’intelligence artificielle, ce robot, baptisé Sparrow, est capable de manipuler plusieurs millions d’articles de formes et dimensions différentes.

Amazon développe ses propres robots afin de s’assurer qu’ils répondent aux besoins spécifiques de ses centres logistiques. Il a notamment fait l’acquisition en 2012 de Kiva Systems, fabricant américain de robots mobiles de type AMR (Automated Mobile Robot). Opérant sous la bannière Amazon Robotics, cette entité a présenté en juin dernier la dernière version Proteus de ses AMR pour les transfert de palettes et de colis, ainsi que de son bras de robot 6 axes Cardinal déployé en aval de la préparation de la commande pour le tri des cartons avant leur expédition. Ces robots sont développés sur un site américain dédié à cette activité qui emploie environ 200 salariés à Westborough dans les environs de Boston (Massachusetts). C’est sur ce site que les spécialistes de la robotique, les ingénieurs, les développeurs logiciels et autres experts d’Amazon conçoivent des solutions pour automatiser tout ce qui peut contribuer à transporter, manipuler, trier, identifier et entreposer les produits, les caisses et les palettes dans ses centres de distribution à travers le monde. La firme américaine exploite plus de 175 centres de traitement des commandes dans le monde, la majorité étant située en Amérique du Nord et en Europe. Dans l’Hexagone, son réseau logistique est composé de quatre centres de distribution situés à Saran (Loiret), à Montélimar (Drôme), à Chalon sur Saône (Saône et Loire) et à Lauwin-Planque (Nord). Ces quatre centres totalisent une superficie de 236 000 m².

Dernier membre de la famille

Le robot Sparrow est le dernier né de la famille. Dévoilé mi-novembre, ce bras de robot est destiné à rationaliser le processus de distribution en manipulant des produits à l’unité. Il doit intervenir à un stade stratégique du processus de distribution : avant même que les articles soient emballés et prêts à être expédiés aux clients. Jusqu’à présent de grandes caisses sont convoyées jusqu’aux salariés chargés de sélectionner les articles à emballer. Une fois ces derniers emballés, les bras robotiques existants, comme Robin et plus récemment Cardinal, redirigent les colis à divers endroits de l’entrepôt avant qu’ils ne débutent leur parcours de livraison.

Amazon estimait qu’il devait intensifier ses efforts de recherche et développement pour imaginer des solutions de manutention de produits individuels. Son stock étant constitué de plusieurs millions de produits de toutes les formes et de toutes les dimensions, il était indispensable de concevoir une solution robotisée permettant leur manutention à l’unité. Sparrow répond à cet objectif : c’est son premier système robotique capable de détecter, de sélectionner et de manipuler des produits individuellement.

Sparrow s’appuie sur des systèmes de vision industrielle et des techniques de traitement à base d’intelligence artificielle pour reconnaître et manipuler des millions d’articles qu’il s’agisse d’une boite de cotons-tiges, d’un flacon de shampoing ou d’un assortiment de serviettes pour les placer dans des caisses. Comme ses prédécesseurs, Sparrow est une version améliorée d’un bras robotique industriel commercialisé par Fanuc qui a été modifié avec du matériel et des logiciels développés par Amazon. Il est équipé d’un préhenseur pneumatique à ventouses pour saisir un large éventail d’objets différents. Le logiciel qui le pilote exploite des techniques de traitement d’intelligence artificielle. Associé à une série de capteurs, il est capable d’identifier individuellement, par leurs codes-barres, leur taille et leur forme, environ 65 % de l’inventaire de produits proposé par le distributeur américain. Cet équipement viendra compléter la palette d’outils robotiques opérant au côté des collaborateurs dans les entrepôts où ont été prélevés, rangés ou emballés près de 5 milliards de colis en 2021, soit plus de 13 millions par jour. Actuellement en phase de test au Texas, Sparrow sera déployé dans les entrepôts d’ici 2024.

Le point de vue d’un analyste

Rueben Scriven, analyste principal chez Interact Analysis, a fait part de ses commentaires et de son analyse à propos de la récente annonce d’Amazon à propos de son robot Sparrow :
– Contrairement aux autres robots de picking d’Amazon, tels que Robin et Cardinal, Sparrow est le premier robot de prélèvement capable de manipuler des articles individuellement. De nombreux flux de travail dans un centre d’exécution des commandes exigent la manipulation d’articles individuels, notamment le rangement, le prélèvement, la consolidation et l’emballage. À première vue, Sparrow sera utilisé pour la consolidation des commandes sur plusieurs lignes, plutôt que pour la préparation des commandes, qui sera toujours effectuée par des opérateurs qui représentent la majeure partie de la main-d’œuvre.
– Amazon n’est pas la première entreprise à s’attaquer au processus automatisé de prélèvement d’articles individuels. Des entreprises comme Osaro, Plus One Robotics, Kindred, Fizyr, Muji, Covariant, Right Hand Robotics, Berkshire Grey et BrightPick le font depuis de nombreuses années. Ensemble, ces entreprises ont déployé environ 1 000 robots de préparation de commandes dans le monde. Bien qu’Amazon conçoive cette technologie en interne, nous pensons que cette annonce sera une aubaine pour les fournisseurs de robots de préparation de commandes déjà en place, car d’autres distributeurs suivront probablement le mouvement.

– La consolidation des commandes, processus consistant à combiner les articles préparés par lots dans leurs commandes respectives, représente environ 5 % de la demande totale de main-d’œuvre dans les centres de distribution. Ce chiffre est dérisoire par rapport à la préparation des commandes, qui représente 53 % de la demande totale de main-d’œuvre dans les centres de traitement des commandes. En termes financiers, le coût de la main-d’œuvre pour la consolidation des commandes des distributeurs américains a été de 1,2 milliard de dollars en 2021, tandis que celui pour la préparation des commandes a atteint 11,1 milliards de dollars.
– Amazon a annoncé cette année qu’il allait ralentir l’expansion de ses centres de traitement des commandes, compte tenu du ralentissement des ventes de commerce électronique. Cependant, cela ne signifie pas qu’Amazon va ralentir ses investissements dans le domaine de l’automatisation. Nous verrons au contraire probablement davantage d’investissements dans la robotisation de ses installations existantes avec des technologies telles que les robots de préparation de commandes, qui constituent la dernière marche à franchir en matière d’automatisation.

 

Investir dans la formation des collaborateurs

Pour Amazon, le déploiement de systèmes robotisés lui permet d’optimiser ses processus, de gagner en efficacité tout en garantissant davantage de sécurité. Mais outre les avancées technologiques, ce qui importe au géant du e-commerce, ce sont les implications concrètes des technologies et leur intérêt pour ses collaborateurs et ses clients : «  En travaillant aux côtés de nos équipes pour se charger des tâches répétitives, Sparrow permet à nos collaborateurs de consacrer plus de temps et d’énergie à d’autres aspects des opérations, tout en améliorant la sécurité au travail. Parallèlement, il nous aide à gagner en efficacité par l’automatisation d’un aspect essentiel de notre processus de distribution, afin de continuer à satisfaire nos clients  ».

Pour continuer d’innover, Amazon déclare prendre à cœur l’accompagnement de ses collaborateurs désireux d’être formés et de faire évoluer leur carrière vers des postes technologiques. À titre d’exemple, l’entreprise travaille au déploiement d’un programme d’apprentissage de 12 semaines. Ce programme, baptisé Mechatronic and Robotics Apprenticeship, propose 2 000 heures de pratique en conditions réelles, avec à la clé une certification reconnue par le secteur. Les collaborateurs concernés acquièrent ainsi de nouvelles compétences leur permettant de postuler à des postes de technicien de maintenance particulièrement recherchés. « J’ai commencé à travailler chez Amazon il y a six ans à charger des remorques, un poste qui me convenait parfaitement », témoigne Kelly Monroe, technicienne en mécatronique. « Aussi, quand Amazon a présenté le programme Mechatronics and Robotics Apprenticeship en 2020, j’ai su que ce serait la prochaine étape d’évolution de ma carrière. »

Sparrow est le fruit des efforts de recherche et développement d’Amazon pour concevoir une solution robotisée pour la manutention de produits individuels.

Les opérations de conception et de déploiement dans ses centres de distribution d’équipements robotiques et autres technologies avancées ont déjà permis de créer plus de 700 nouvelles catégories de postes au sein de l’entreprise américaine. Amazon indique que plusieurs dizaines de milliers d’emplois ont ainsi été pourvus. Ce qui attesterait de l’impact positif des technologies et de la robotique pour ses collaborateurs et leur environnement de travail. Il est vrai que depuis l’acquisition du fabricant américain de robots mobiles Kiva Systems, l’effectif de la firme américaine a progressé de façon exponentielle passant de 230 000 salariés en 2015 à près de 1,5 millions en 2021. Cependant, la plateforme de vente en ligne, qui a perdu plus de trois milliards de dollars en 2022 face à l’augmentation de ses coûts et à l’affaiblissement du e-commerce, se prépare à vivre une année 2023 plus rude. D’après le New York Times, elle prévoit en effet de licencier 10 000 employés pour répliquer à la crise économique. Ces suppressions de postes concerneraient notamment le département Amazon Devices (les appareils électroniques équipés de l’assistant vocal Alexa ou encore les liseuses Kindle), la division de vente au détail ainsi que les ressources humaines.

 

 

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