Véritable
« usine logistique », le
centre de distribution entièrement automatisé des magasins E. Leclerc de
Niederhergheim, près de Colmar, est le premier de son genre en France.
Gigantesque ! Perle, le « Premier
entrepôt robotisé E. Leclerc » inauguré le 13 novembre dernier par la Scapalsace,
qui gère les achats et la logistique de distribution des magasins E. Leclerc
sur 10 départements du grand Est, fait figure de monstre géant dans le monde de
la distribution. Et pour cause : il mesure 32 mètres de haut, compte 41 000
emplacements de palettes entières et 360 000 emplacements de colis
unitaires, et présente une capacité de traitement en pointe de 254 000
unités commerciales par jour. La mission de cette « usine
logistique » de près de 60 millions d’euros : alimenter, depuis
Niederhergheim près de Colmar (Haut-Rhin), 46 hypermarchés, 24 Leclerc Express
et 28 Drives sur quatre régions. Et cela avec 120 personnes sur trois équipes
seulement ! Et non seulement c’est le premier centre de ce type dans le
groupe, mais c’est également le premier construit en France.
Un
processus « industriel »
Globalement, ce mastodonte qui
totalise 5000 mètres cubes de béton et 450 tonnes d’acier suit le même
processus qu’un centre de distribution classique, mais presque sans
intervention de l’homme. A leur arrivée aux quais de réception, les palettes
entières de marchandises sont stockées dans un énorme stockage automatisé de
palettes. En fonction des commandes du jour (et d’un calcul savant de besoin
prévisionnel), un système de convoyeurs les amène jusqu’à l’un des 4 postes de
dépalettisation automatique. Ces palettes sont défilmées à la main.
« C’est la seule opération manuelle réalisée dans l’OPM, note Jean-Marc
Heilig, directeur commercial de Witron France, qui a fourni le système. C’est
une opération simple et cela permet aux opérateurs une dernière vérification
visuelle de la qualité des colis. » Les palettes sont décomposées couche
par couche par des machines et chaque colis est placé sur un plateau identifié
par code-barres. C’est l’un des points clés du système car, à partir de ce
moment, chaque colis est « traçable » en permanence. Ces colis sont
alors envoyés dans un stock unitaire automatisé où ils resteront deux jours
maximum.
Palettisation
au robot
Au fil des commandes des magasins, les
colis nécessaires sont prélevés par l’un des 16 miniloads et transportés par
des navettes vers des séquenceurs, systèmes mécaniques dont ils ressortent dans
un ordre prédéfini. Un ordre déterminé par chaque point de vente
individuellement, en fonction de la composition de ses rayons et du parcours
suivi par la personne qui assurera la mise en rayon. L’un après l’autre, les
barils de lessives, boîtes de conserves, pots de confitures, paquets de
biscottes ou de café, etc. rejoignent un des 10 robots de palettisation
hétérogènes (COM) de l’installation qui les place sur la palette. A chaque
couche complétée, la palette descend d’un cran pour se mettre à la hauteur
adéquate. L’opérateur n’est là que pour superviser les opérations et intervenir
en cas de problème. Sur son écran, il visualise les informations correspondant
à la commande à satisfaire et l’aspect final de la palette en cours de montage.
Terminées, les palettes alors protégées par une sorte de tube rectangulaire,
afin d’éviter toute chute d’objet, sont filmées en automatique et transférées
dans le buffer d’expédition : un séquenceur de 16000 emplacements qui les
stocke en hauteur avant leur départ. Elles n’en sortiront qu’une fois que leur
camion sera à quai, afin d’éliminer les erreurs de destination et les risques
de détérioration.
Efficacité
maximale
Mis en place pendant l’été, Perle traitait
déjà, lors de son inauguration, 11000 références et fonctionnait à 70% de sa
capacité optimale (en 3×7, avec un effectif total de seulement 120 personnes).
Et les résultats ne se sont pas fait attendre : « nous avons augmenté
de 30% des volumes traités avec des performances en hausse en termes de sécurité
et de traçabilité », déclare Daniel Prunier, président de la Scapalsace.
Parallèlement, le nombre de camions sur les routes a été réduit de 15% en
optimisant leur taux de remplissage et en évitant les voyages à vide. Et s’il
fonctionne avec moins d’employés qu’un centre traditionnel, la moitié des 120
personnes qui y travaillent sont de nouvelles recrues.
Cette année, Perle devrait aussi
prendre en charge les commandes des anciens magasins Coop d’Alsace, passés dans
le giron de Leclerc après le début du projet. Plusieurs allées de stockage et
deux robots de palettisation supplémentaires sont déjà prêts pour cela. Quant
au groupe, il n’a pas fini d’automatiser. Un projet analogue, mais deux fois
plus important, est déjà lancé à Châlons-en-Champagne par la Scapest, une autre
centrale, et quatre autres devraient voir le jour dans les prochaines années.